•  Mercredi 12 Novembre 2014

      Eric Coquerel

    affiche_15_nov_paris.jpg
    La première votation citoyenne sur le droit de révocabilité des élus initiée par le seul PG a démontré toute sa pertinence. Au-delà du résultat, son impact dans la population révèle surtout un peu plus la crise de régime. La prochaine votation fera mieux encore si, comme nous le souhaitons, elle est portée avec nous par d’autres organisations. La dynamique militante du PG n’est pas pour rien dans ce succès, mais le contexte est indiscutablement porteur. Chaque semaine apporte des éléments qui délégitiment la caste politique qui se partage l’essentiel des pouvoirs. A peine le verbiage libéral de François Hollande sur TF1 s’était envolé avec le vent – qui se souvient encore de cette nullissime intervention qui ne date pourtant que d’une semaine ? – que le déjeuner entre Jouyet et Fillon a symbolisé les accointances entre libéraux. Bien sûr, les rencontres entre responsables politiques de bord opposé ne sont pas chose nouvelle, mais chacun sent bien que ce déjeuner entre Fillon et son ancien ministre, aujourd’hui Secrétaire général de l’Elysée, symbolise un entre-soi d’une autre nature. En réalité, plus rien ne les sépare si ce n’est des rivalités d’autant plus violentes, parfois à l’intérieur du même clan, qu’elles n’ont plus aucun soubassement politique. Dans les couloirs du pouvoir les couteaux s’aiguisent, les mauvais coups se préparent mais chacun sent que cette guéguerre nauséabonde ne changera rien à sa vie. Le théâtre d’ombre de la 5ème République est en train de s’effondrer et François Hollande en est le fossoyeur involontaire. Après tout, voilà le service involontaire qu’il pourrait rendre au pays. Encore faut-il que sa Présidence ne nous prépare pas au pire. De ce point de vue aussi la votation citoyenne aura été un révélateur utile : les réactions de Florian Philippot ou les tentatives d’interdiction du Maire FN de Fréjus auront confirmé que leur parti est à la fois du côté du système et que ses traditions non républicaines s’accommodent fort bien, comme le PS et l’UMP, de la 5ème. Peut-être justement parce que la monarchie présidentielle est étrangère, au fond, à la République.

    Ouverte avec succès par la votation, la période du mi-mandat (élu le 6 mai, Hollande a été investi officiellement le 15 mai) va donc se clore dans la rue avec plusieurs manifestations en France dont deux de grande ampleur à Paris et Toulouse. Ces initiatives se répondent et se complètent, car dans les deux cas c’est bien de souveraineté populaire dont il est question. Qu’on ne s’y trompe pas, la politique d’austérité et de l’offre n’a pas seulement l’impact économique et social désastreux que l’on sait : elle donne la main au marché et au capital au détriment du peuple. La règle d’or inscrite dans le TSCG qui attribue à Bruxelles le droit de contrôler les budgets nationaux en est la démonstration. Sur l’autel du libéralisme, les peuples sont privés du pouvoir et se serrent la ceinture au profit de la finance. Les deux sont liés et dépendants. Le retour du peuple au premier plan est donc la seule solution pour contester l’austérité.

    De ce point de vue les nouvelles sont encourageantes : aux quatre coins de l’Europe et quasiment dans le même temps, les peuples relèvent la tête. Les manifestations de masse contre l’austérité se répondent du nord au sud du continent : de Bruxelles à Rome, d’Athènes à Londres… Les traductions de ce double rejet – de la politique austéritaire et de ceux qui la mènent – commencent à rencontrer des traductions politiques potentiellement majoritaires : Syriza bien sûr mais aussi Podemos, en tête dans les sondages devant le PSOE et dont le premier congrès se clôt samedi sur une place populaire de Madrid. Autant de bonnes nouvelles qui montrent qu’une autre voie est possible. C’est ce que diront avec force ce même samedi, à Paris et ailleurs, celles et ceux qui répondront à l’appel du collectif 3A pour un rassemblement inédit par la diversité des nombreux syndicats, partis et associations qui le composent. Après les urnes, tous dans la rue le 15 novembre !

     

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires