• 27 avril 2015
     
    En réponse à l'appel d'Ensemble, le Parti de gauche Dordogne partage le diagnostic posé et l'idée de l'impérieuse nécessité de construire un rassemblement ouvert, à la gauche du PS, pour une alternative crédible aux politiques d'austérité.
      
    Nos entretiens pour les départementales ont montré qu'un tel rassemblement est possible, à condition de faire preuve de volonté politique pour surmonter les inévitables difficultés.
     
    C'est pourquoi nous devons commencer dès maintenant à travailler à cet objectif.
      
    Le PARTI de GAUCHE DORDOGNE est donc prêt à une rencontre en vue de jeter les bases  d'une convergence avec toutes les formations politiques dont nous espérons qu'elles voudront s'y associer (FDG-NPA-ND,EELV), à la condition que les mouvements citoyens, associations, syndicats etc,  soient rapidement invités et associés à prendre toute leur part dans la construction commune.
      
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  •  Sur Regards.fr - 26 avril 2015

     

     

        

    Dans un article publié sur son blog, Yanis Varoufakis, le ministre grec de l’Économie, a exposé la position de son gouvernement à la veille d’une nouvelle réunion de ses homologues européens où ceux-ci ont campé sur leur volonté de faire plier les Grecs.

     Publié en Anglais sur le blog de Yanis Varoufakis, traduit de l’anglais par Martin Morel pour Project syndicate.

     

    Par Yanis Varoufakis

    Trois mois de négociations menées par le gouvernement grec auprès de nos partenaires européens et internationaux ont permis de faire émerger une importante convergence autour des mesures nécessaires au franchissement de plusieurs années de crise économique, ainsi qu’à l’apparition d’une reprise durable en Grèce. Pour autant, ces négociations n’ont produit aucun véritable accord. Comment l’expliquer ? Quelles sont les étapes nécessaires à l’élaboration d’un programme de réformes viable et mutuellement convenu ?

    Nos partenaires et nous-mêmes sommes d’ores et déjà en accord sur de nombreux points. Il est nécessaire que le système fiscal grec soit rénové, et que l’administration fiscale puisse être libérée de toute influence de la part des acteurs politiques et des entreprises. Le système des retraites est extrêmement mal en point. Les circuits de crédit de l’économie sont rompus. Le marché du travail est sorti dévasté de la crise, et se révèle profondément segmenté, tandis que la croissance de la productivité est au point mort. L’administration publique nécessite une modernisation urgente, les ressources publiques devant par ailleurs être utilisées plus efficacement. Un certain nombre d’obstacles considérables entravent la création de nouvelles entreprises. La concurrence sur les marchés des produits s’avère beaucoup trop restreinte. Enfin, les inégalités ont atteint des niveaux inacceptables, empêchant la société de s’unir derrière des réformes pourtant essentielles.

    Le piège de l’austérité

    Ce consensus mis à part, l’entente sur un nouveau modèle de développement pour la Grèce exige que soient surmontés deux obstacles majeurs. Tout d’abord, il nous faut nous entendre sur la manière d’approcher la consolidation budgétaire de la Grèce. Deuxièmement, nous avons besoin d’un programme de réformes complet et mutuellement convenu, permettant de sous-tendre cette consolidation, et d’inspirer confiance à la société grecque.

    S’agissant tout d’abord de la consolidation budgétaire, la problématique concerne précisément la méthode. Les institutions de la "Troïka" (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ont, au fil des années, recouru à une démarche de rétro-induction : elles fixent une date (par exemple l’année 2020) ainsi qu’un objectif de ratio dette nominal-revenu national (disons 120%), qui doit être atteint avant que les marchés monétaires soient censés être disposés à prêter à la Grèce à des taux raisonnables. Puis, selon des hypothèses arbitraires relatives aux taux de croissance, à l’inflation, aux recettes de privatisation etc., elles calculent, en remontant du futur vers le présent, quels sont les excédents budgétaires primaires nécessaires chaque année.

    Le résultat de cette méthode, c’est ce que pense notre gouvernement, n’est autre que le "piège de l’austérité". Lorsque la consolidation budgétaire évolue autour d’un ratio de dette prédéterminé, qu’il s’agit d’atteindre à une date future elle aussi prédéterminée, les excédents primaires nécessaires pour atteindre ces cibles sont tels que l’effet engendré sur le secteur privé met à mal les taux de croissance estimés, et fait ainsi dérailler le cheminement budgétaire prévu. C’est en effet précisément la raison pour laquelle les plans de consolidation budgétaire antérieurs de la Grèce ont échoué de manière aussi spectaculaire à atteindre leur cible.

    Le piège de la "réforme"

    La position de notre gouvernement est que cette méthode retro inductive doit être abandonnée. À sa place, nous devrions élaborer un plan prospectif fondé sur des hypothèses raisonnables concernant les excédents primaires en cohérence avec les taux de croissance de la production, l’investissement net, et l’expansion des exportations susceptibles de stabiliser l’économie et le ratio dette de la Grèce. Si cela doit signifier un ratio dette-PIB supérieur à 120% en 2020, nous trouverons les moyens judicieux de rationnaliser, de redessiner, ou de restructurer la dette – en gardant à l’esprit l’objectif de maximisation de la valeur actualisée effective qui sera restituée aux créanciers de la Grèce.

    Outre la nécessité de convaincre la Troïka que notre analyse de la soutenabilité d la dette permettrait d’échapper au piège de l’austérité, il nous faut surmonter un second obstacle : le "piège de la réforme". Le précédent programme de réformes, que nos partenaires nous invitent avec tant de certitude à ne pas "replier", était fondé sur une dévaluation interne, une réduction des salaires et des retraites, une perte de la protection du travail, ainsi qu’une privatisation consistant à maximiser les prix des actifs publics.

    Selon nos partenaires, il s’agirait de laisser du temps au temps, afin qu’un tel programme puisse fonctionner. En cas de baisse supplémentaire des salaires, il faudrait s’attendre à ce que l’emploi augmente. En remède à l’agonie du système des retraites, il s’agirait précisément de réduire les prestations. Enfin, il serait nécessaire que les privatisations visent des prix de vente plus élevés, afin de rembourser une dette dont beaucoup conviennent (en privé) qu’elle est absolument intenable.

    Par opposition, notre gouvernement estime que ce programme a échoué, et alimenté une méfiance de la population vis-à-vis des réformes. Illustration parfaite de cet échec, malgré la baisse considérable des salaires et des prix, la croissance des exportations continue de stagner (l’élimination du déficit de la balance courante s’expliquant exclusivement par l’effondrement des importations).

    Les désaccords ne sont pas irréconciliables

    De nouvelles baisses des salaires ne sauraient venir en aide aux entreprises axées sur l’exportation, qui se trouvent dans une situation de crédit critique. De même, de nouvelles réductions des retraites ne sauraient s’attaquer aux véritables sources de difficulté du système en la matière (emploi en berne et important volume de travail non déclaré). De telles mesures ne pourraient qu’endommager encore davantage un tissu social grec d’ores et déjà éprouvé, le rendant incapable de conférer le soutien dont notre programme de réformes a si désespérément besoin.

    Les désaccords qui nous opposent actuellement à nos partenaires ne sont pas irréconciliables. Notre gouvernement est déterminé à rationaliser le système des retraites (par exemple en rehaussant l’âge de la retraite anticipée), à procéder à la privatisation partielle d’un certain nombre d’actifs publics, à résoudre le problème de ces prêts en défaut qui obstruent les circuits de crédit de notre économie, à créer une commission budgétaire pleinement indépendante, ainsi qu’à dynamiser l’entreprenariat. Les véritables divergences qui demeurent concernent la manière dont nous abordons la relation entre les différentes réformes et l’environnement macroéconomique.

    Rien de tout cela ne signifie que le bien commun ne saurait être atteint immédiatement. Le gouvernement grec aspire à un projet de consolidation budgétaire qui tienne la route, ainsi qu’à des réformes que toutes les parties prenantes considèrent importantes. Notre tâche consiste à convaincre nos partenaires du caractère non pas tactique mais stratégique de nos démarches, et à leur expliquer combien notre logique est saine. De leur côté, la tâche consiste à renoncer enfin à une approche dont il faut reconnaître qu’elle a échoué.

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  • NB : ce Dominique Rousseau n'est bien sûr pas le même que l'ancien maire de Bergerac.

    Dans Le Monde.fr - jeudi 23 avril 2015

    Dominique Rousseau, né le 30 novembre 19491, est un professeur de droit constitutionnel à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature de 2002 à 2006. Il a été nommé co-directeur de l'École de droit de la Sorbonne en octobre 2013 et directeur de l'UMR 8103 de droit comparé de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en septembre 2014.

    Ses recherches portent principalement sur le contentieux constitutionnel et la notion de démocratie.

     

    Dans son nouvel ouvrage, le juriste Dominique Rousseau prône la " radicalisation de la démocratie " par la création d'une assemblée sociale où le citoyen garderait la parole entre deux élections
     

    Dominique Rousseau est professeur de droit constitutionnel à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature et codirecteur de l'Ecole de droit de la Sorbonne depuis 2013. Dans son nouvel ouvrage, Radicaliser la démocratie. Propositions pour une refondation, il formule des suggestions fortes et hardies pour sortir de la crise de l'Etat-nation. Entretien.



    Pourquoi faudrait-il " radicaliser la -démocratie " ?

    Toutes les institutions sur lesquelles reposait jusqu'à présent notre société sont remises en cause. Le suffrage universel perd sa force légitimante du fait de l'abstention, les partis politiques n'ont plus d'adhérents, les syndicats ne représentent plus grand monde, le Parlement ne délibère plus. Mais ce n'est pas seulement une crise de l'Etat, c'est aussi une crise de la justice, de la médecine, de l'éducation, du journalisme, de la famille… Toutes ces institutions qui fonctionnaient sur des règles établies, routinières, s'interrogent en même temps. C'est cette coïncidence qui nourrit la crise actuelle. Il faut donc repenser toute l'organisation -sociale. Radicaliser signifie revenir aux principes, à la racine de la chose démocratique, c'est-à-dire au peuple. Or le peuple a été oublié, il a été englouti par le marché – le consommateur a pris le pas sur le citoyen – et par la représentation : les représentants parlent à la place des citoyens.



    La France est pourtant l'un des pays qui ont inventé la démocratie repré-sentative…

    Oui, mais cette invention est un contresens ! Sieyès - 1748-1836 - l'a très bien dit : le régime représentatif n'est pas et ne saurait être la démocratie puisque, dans le régime représentatif, le peuple ne peut parler et agir que par ses représentants. Au fond, ce qu'on demande au peuple, c'est de voter, et de se taire. Mon propos est que le peuple vote et continue à parler afin d'intervenir de manière continue dans la fabrication de la loi.



    Comment définissez-vous le peuple ?

    Le peuple est défini par un accord sur le droit. Si l'on ne définit pas le peuple par les droits, comment le définit-on ? Par la race ? Par la religion ? Par le sang ? Le peuple n'est pas une donnée naturelle de la conscience, c'est une création artificielle – et le droit a un rôle déterminant dans cette création. On ne naît pas citoyen, on le devient. La marche du 11  janvier, après les attentats, le prouve fort bien. Le peuple a marché sur le slogan" Je suis juif, je suis musulman, je suis chrétien, je suis policier, je suis Charlie ". Ce qui fait le peuple, c'est le partage de la même conception du droit à la liberté d'expression, à l'égalité des différences. Nous sommes différents, et nous sommes égaux. C'est la reconnaissance de l'égalité par la reconnaissance des différences. On n'a jamais défini aussi bien la force du principe d'égalité. C'est cet accord sur le droit, ce bien commun, qui transforme la foule en peuple.



    Que dire de ceux qui ont déclaré : " Je ne suis pas Charlie " ?

    On le leur a beaucoup reproché. A tort : ceux qui n'ont pas respecté la minute de silence sont des jeunes qui n'ont pas accès aux droits – au logement, à la santé, au travail, à l'éducation. Ils se définissent alors autrement : par les quartiers, la religion. Le peuple des " sans-droits " se construit par d'autres instruments qui fragilisent aujourd'hui le bien social.



    Quelle différence faites-vous entre le peuple et la nation ?

    La nation est un être abstrait, un concept. Le peuple, ce sont les individus concrets qui s'accordent sur le droit. Il faut construire une autre forme politique, ce que j'appelle la " démocratie continue ", c'est-à-dire une autre façon d'entendre la représentation. La représentation, c'est une division du travail politique entre représentants et représentés. Il y a deux cas de figure. La " représentation-fusion " où le corps des représentés -fusionne avec et dans le corps des représentants : elle caractérise le principe monarchique. En  1789, on a séparé le corps du roi des intérêts de la nation, mais on les a immédiatement recollés dans le corps législatif, celui des représentants, des élus, perpétué dans le principe étatique.

    L'autre conception est la " représentation-écart ", car la fusion est totalitaire. Il faut trouver des institutions permettant de maintenir l'écart entre le corps des représentants et celui des citoyens. Notamment par l'institutionnalisation d'un droit de réclamer pour les citoyens, d'un droit d'intervenir, de parler entre deux moments électoraux à côté, voire contre leurs représentants.



    Vous proposez quelques remèdes -hardis…

    La " démocratie représentative " représente la nation, l'être abstrait, qui est à l'Assemblée nationale. Je propose, dans la lignée de Pierre Mendès France, de créer une assemblée sociale, à côté de l'Assemblée nationale, et qui représenterait les citoyens concrets, pris dans leur activité professionnelle, associative, et qui aurait un pouvoir délibératif, et pas simplement consultatif. Cette assemblée sociale serait l'expression du peuple de tous les jours, le peuple concret, qui n'a pas aujourd'hui de lieu pour s'exprimer. Lorsque, par exemple, dans une école, un gamin va être expulsé, les familles se mobilisent pour l'empêcher. Il existe une solidarité qui n'est pas visible, dont on ne parle pas. Que demandait le Tiers-Etat ? A avoir une assemblée à lui. C'est ce que je demande : que le peuple physique, de tous les jours, ait une visibilité institutionnelle.



    Comment seraient désignés les membres de cette assemblée ?

    Le débat reste ouvert. Soit dans un premier temps par les associations, les syndicats, les groupes représentatifs, soit par le suffrage universel, voire le tirage au sort. Dans les cours d'assises, n'importe qui, après un moment de désarroi, prend au sérieux sa fonction de juré et passe d'une conscience immédiate à une conscience plus élaborée. Ce qui transforme un individu tiré au sort en magistrat, c'est la délibération. On ne naît pas citoyen-juré, on le devient. Pour toutes les grandes questions de société, organiser des conventions de citoyens, tirés au sort, pour émettre un avis me paraît ouvrir sur le peuple de tous les jours cette possibilité de participer à la fabrication de la loi. Il faut renverser cette croyance que les citoyens n'ont que des intérêts, des humeurs, des jalousies et que la société civile, prise dans ses intérêts particuliers, est incapable de produire de la règle. Il y a de la norme en puissance dans la société civile.



    Avec l'élection à la proportionnelle de l'Assemblée nationale, vous semblez vouloir en revenir à la IVe  République…

    Pas du tout. L'élection populaire du président de la République est un élément d'unité, de stabilité du système politique, qui oblige tous les cinq ans les partis politiques à se regrouper autour de deux grands pôles. C'est une première différence. La -seconde, c'est que je propose que le mode de scrutin proportionnel soit accompagné d'un contrat de législature, c'est-à-dire qu'il y ait entre la majorité de l'Assemblée nationale et le gouvernement un accord sur le programme. S'il y a rupture du contrat, chacun retourne devant les électeurs. Le gouvernement tombe et l'Assemblée est dissoute. C'est un élément fort de stabilité qui conduit le gouvernement et sa majorité à un exercice responsable du pouvoir.



    Et le président de la République ?

    Il a un rôle d'arbitre. Dans tous les pays où le président est élu au suffrage universel, c'est le premier ministre qui gouverne : Portugal, Autriche, Islande, Roumanie, Pologne, Irlande… Pour clarifier les choses, je propose que ce soit désormais le premier ministre qui préside à Matignon le conseil des ministres, là où se détermine et se conduit la politique de la nation.



    Vous critiquez l'ENA…

    Je propose la suppression de l'ENA et du Conseil d'Etat. Très utiles dans la période de construction de l'Etat, ils sont aujourd'hui un obstacle à l'expression de la société civile. Non pas qu'un pays n'ait pas besoin d'élites, mais elles sont en France formatées par une pensée d'Etat, élaborée à l'ENA. Chaque fois qu'une question se pose, on crée une commission et on y place à la tête un conseiller d'Etat, comme si les autres étaient incapables de réfléchir aux problèmes de société. La pensée d'Etat est aujourd'hui un élément du blocage de la société française.

    Mes autres propositions : le contentieux administratif sera confié à une chambre de la Cour de cassation. Le Conseil d'Etat a été créé contre la Cour de cassation, il s'agissait d'interdire aux juges d'examiner les actes de l'administration. Il a progressivement fait évoluer sa jurisprudence pour ne plus donner cette apparence de juge spécial de l'administration protégeant l'administration. Cette double fonction, d'être à la fois conseiller du gouvernement et juge de l'administration, pose un problème au moins constitutionnel sinon politique.



    Ce qui mène à revoir le rôle du ministère de la justice ?

    Il faut en effet le supprimer. Les qualités d'un gouvernement et celles de la justice sont incompatibles. La justice doit être neutre, impartiale, objective, car un gouvernement est légitimement partial et partisan. Il faut donc sortir la justice du gouvernement pour confier la gestion du service public de la justice à une autorité constitutionnelle, le Conseil supérieur de la justice – et pas de la magistrature –, qui aura à prendre en charge le recrutement, la formation, la discipline des magistrats et le budget de la justice. On avait autrefois un ministère de l'information : on a sorti l'information du gouvernement pour la confier à une autorité constitutionnelle. Il y a bien aujourd'hui cette idée que la société peut se prendre en charge par d'autres moyens que la forme Etat.



    Vous réhabilitez l'utopie ?

    Mais oui ! L'utopie est ce qui fait accéder à la réalité qui vient. Ce dont on a besoin, c'est de montrer la forme politique qui arrive, même si elle n'existe pas, d'imaginer les mots et les institutions qui vont la faire -vivre. Une société a besoin d'horizon. Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est une société qui contourne ses institutions, créées au XIXe siècle, en inventant d'autres formes du vivre-ensemble.

    On me dit : " Si la société n'est plus gérée par l'Etat, elle va l'être par le marché ". Mais il suffit de penser à la chèvre de M. Seguin : la chèvre, c'est la société, M. Seguin, c'est l'Etat. La chèvre était heureuse et tranquille avec M. Seguin, mais elle veut être libre ; elle s'en va et se fait manger par le loup – le marché. On a tous en tête que si la société quitte l'Etat, le CAC 40 va la dévorer. Tout mon propos consiste à dire qu'on n'est pas condamné à cette alternative, et qu'il faut trouver les institutions qui permettent à la chèvre de M. Seguin de ne pas mourir au petit matin, mais de pouvoir parcourir tous les chemins de la liberté.

    Propos recueillis par Franck Johannès

    © Le Monde
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  • 14 avril 2015 

    sur le site Reporterre

    par Jean-Luc Mélenchon, Corinne Morel Darleux, Martine Billard, Eric Coquerel, Mathieu Agostini   



    N’hésitant devant aucune provocation, le PS - favorable à Notre-Dame-des-Landes, soutenant l’agriculture industrielle, exportateur d’EPR - essaye de s’approprier le concept d’écosocialisme. Les leaders du Parti de gauche réagissent avec indignation.  

    Dans éco-socialisme, il y a « éco » et « socialisme ». Quelle ne fut donc pas notre surprise de voir ce terme apparaitre dans la motion dite « mastodonte » du PS, soutenue par M. Cambadélis et ses amis. Car certes, si les jeunes socialistes utilisent ce terme depuis 2012, le parti du même nom s’applique lui à le détruire depuis la même date, celle de son arrivée au pouvoir.

    Tout affairés à la préparation de leurs enjeux internes de Congrès et à la nécessité d’appâter quelques écologistes aventuriers, les solfériniens ont décidément oublié jusqu’au sens des mots. Car sinon comment diable MM. Cambadelis et Valls pourraient-ils se réclamer de l’écosocialisme ?

    Ceux-là même qui au gouvernement mènent de manière systématique une politique de l’offre, prônent la croissance du PIB pour seule issue, exportent EPR et nucléaire, défendent le barrage de Sivens, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la ligne à grande vitesse Lyon-Turin.

    Ceux-là même qui ont tôt fait d’abandonner toute réforme fiscale une fois arrivés au pouvoir et ont remplacé la limitation des très hauts revenus par la soumission aux lobbies et à la finance.

    Ceux-là même qui proclament à la FNSEA qu’ils feront assouplir la directive européenne sur les nitrates, qui criminalisent les lanceurs d’alerte, promeuvent l’agriculture industrielle synonyme de mal bouffe et de disparition de la paysannerie, offrent des milliards de crédit impôt compétitivité sans aucune contrepartie ni sociale ni environnementale !

    La liste est longue, interminable, des renoncements de ces « socialistes » sur les plans social, environnemental et démocratique, les trois piliers de l’écosocialisme.

    En somme, M. Cambadelis qui proclame avec force trémolos et revers de manche au « Grand rendez-vous » Europe 1/Le Monde/iTÉLÉ ne pas vouloir d’un PS « mélenchonisé » vient en réalité piocher au Parti de Gauche ses éléments de langage et ses mots-clés, de l’alliance populaire à l’écosocialisme.

    En bon politicien cynique, expert de l’oxymore politique, le PS veut utiliser le mot sans y mettre le contenu de la politique, et tente de le dénaturer. Reconnaissant que le PS a perdu la bataille idéologique face à la droite, il essaie d’entraîner tout le monde dans leur chute en ajoutant à la confusion. C’est un nouveau coup bas, que nous ne pouvons laisser passer, tant il mettrait à mal la perspective d’un renouveau politique dans notre pays et ajouterait à la confusion dramatique qui détourne nos concitoyens des urnes.

    Nous travaillons depuis des années, avec d’autres, à l’élaboration de ce projet et à sa mise en œuvre politique, dans la lignée des travaux menés avant nous depuis les années 70, du Club de Rome à la déclaration de Bélem. Nous avons relancé la construction de ce projet alternatif par des assises nationales en décembre 2012 et coordonné la rédaction collective du Manifeste pour l’écosocialisme en dix-huit thèses.

    Celui-ci a été traduit en douze langues : grec, allemand, espagnol, japonais, italien, portugais, anglais, russe, polonais, néerlandais, turc et suédois.Il a été présenté en Espagne, au Maroc, en Algérie, Tunisie, Angleterre, Belgique, Portugal, Équateur, Italie, Hongrie, Turquie, Allemagne, Japon et Danemark, et fait l’objet de dizaines d’assises décentralisées à travers le pays depuis trois ans.

    L’écosocialisme est un espoir neuf, désirable et possible, au potentiel considérable. Nous ne laisserons pas les caciques du PS le polluer de leurs renoncements. Nous ne les laisserons pas une fois de plus détruire une des seules alternatives politiques crédibles aujourd’hui. Qu’ils assument ce qu’ils sont désormais.

    Il suffit d’avoir dévoyé la gauche et le socialisme. Il suffit que la droite s’apprête à s’accaparer la République en changeant le nom de l’UMP. Des écosocialistes il y en a sans doute encore, égarés au PS, mais une chose est sûre : le PS lui n’est pas écosocialiste. Alors n’ajoutons pas encore au malheur du monde en nommant mal les choses, comme le disait Albert Camus.

    Messieurs Valls et Cambadelis, vous en avez suffisamment fait. Ne touchez pas aux belles idées. La politique que mène aujourd’hui le PS au gouvernement n’est ni écologiste, ni socialiste. Elle est tout l’inverse de l’écosocialisme. Choisissez les mots qui vont avec votre politique : austérité, libéralisme, oligarchie, et laissez-nous faire fleurir l’alternative en paix.


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