• Comment l'argument pour l'austérité s'est effondré, par Paul Krugman

    Encore une passionnante contribution de Paul Krugman, prix Nobel d'économie, qui jette une lumière crue sur les bases erronées du discours dominant qui impose partout les politiques d'austérité.

    Des démonstrations fausses, d'où des données gênantes ont été écartées, mais aussi des erreurs de codage sur des feuilles de calcul (!), voila les brillantes théories  qui servent à justifier l'agonie du peuple grec et, à des degrés divers, la spirale infernale de la régression économique et sociale dans tous les pays d'Europe...

    Article fort long, mais qui vaut la peine d'être lu jusqu'au bout (et malgré les maladresses de la traduction, que l'on pardonne volontiers à Nance, grâce à qui nous pouvons lire ce texte) pour comprendre les raisons de l'aveuglement de nos prétendues "élites". Cécité que le Parti de Gauche dénonce à juste titre depuis le début de cette crise.

      

    Sur les blogs de Médiapart

    10 juin 2013 Par Nance

    HOW THE CASE FOR AUSTERITY HAS CRUMBLED (Comment l'argument justifiant l'austérité s'est effondré)

    Paul Krugman

    Traduction libre. Nance

    Dans la «New York Review of Books», la remarquable revue littéraire new-yorkaise connue pour son modernisme et son progressisme, ce prix Nobel d'Economie, passe en revue les fraudes dans les arguments de ce qu'il appelle les 'austerians', les partisans de l'austérité, que l'on traduira par les 'austéritaires', des deux côtés de l'Atlantique. Dans cet article, Krugman critique trois livres, deux très intéressants et un comme contre exemple.Article en anglais disponible librement en ligne at: http://www.nybooks.com/articles/archives/2013/jun/06/how-case-austerity-has-crumbled/?page=3.Article en version libre française ci dessous.

    HOW THE CASE FOR AUSTERITY HAS CRUMBLED (Comment l'argument justifiant l'austérité s'est effondré)

    Paul Krugman

     

    The Alchemists: Three Central Bankers and a World on Fireir?t=thneyoreofbo-20&l=as2&o=1&a=1594204
    by Neil Irwin - Penguin, 430 pp., $29.95

    Austerity: The History of a Dangerous Ideair?t=thneyoreofbo-20&l=as2&o=1&a=0199828
    by Mark Blyth - Oxford University Press, 288 pp., $24.95

    The Great Deformation: The Corruption of Capitalism in Americair?t=thneyoreofbo-20&l=as2&o=1&a=1586489
    by David A. Stockman
    - PublicAffairs, 742 pp., $35.00

    En temps normal, une erreur de calcul dans un article en économie serait une vrai broutille en ce qui concerne le reste du monde . Mais en avril 2013, la découverte d'une telle erreur—en fait, une erreur de codage dans une feuille de calcul, associée à plusieurs autres failles dans l'analyse—est devenue non seulement le premier sujet de conversation de la profession en économique, mais a fait les manchettes. Rétrospectivement, nous pourrions même dire qu'elle a changé le cours de la politique.

    Pourquoi? Parce que l'article en question, “Growth in a Time of Debt,”(La croissance au temps de l'endettement) par les économistes de Harvard, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, avait acquis le statut de référence essentielle dans le débat sur la politique économique. Depuis que l'article avait commencé à circuler, les austéritaires—partisans de l'austérité budgétaire, et de fortes réductions immédiates dans les dépenses gouvernementales—avaient cité ses conclusions pour défendre leur position et attaquer leurs détracteurs. Chaque fois que l'on osait suggérer, comme John Maynard Keynes l'avait fait, «que le boom, et non pas la récession, est le bon moment pour l'austérité», que les réductions devraient attendre que les économies soient plus fortes, l'ont se voyait répondre que Reinhart et Rogoff avaient démontré qu'attendre serait désastreux, et que les économies font le grand saut dans le vide chaque fois que la dette publique dépasse 90 pour cent du PIB.

    En vérité, Reinhart-Rogoff ont peut-être eu une influence plus immédiate sur le débat public que tout autre article dans l'histoire de l'économie. L'affirmation d'une règle du '90 pour cent' ayant été citée comme l'argument décisif pour l'austérité par tout un éventail de personnalités allant de Paul Ryan, l'ancien vice-candidat à la présidentielle, qui préside la Commission du budget de la Chambre des Représentants (Etats Unis), à Olli Rehn, le premier responsable économique à la Commission européenne, à la rédaction du journal Washington Post. Ainsi, la révélation que le supposé seuil de 90 pour cent était un artefact d'erreurs de programmation, d'omissions de données, et de techniques statistiques étranges a soudainement tourné en ridicule un nombre considérable de personnalités dirigeantes.


    Le vrai mystère, cependant, c'est pourquoi Reinhart-Rogoff avaient jamais été pris au sérieux, voir canonisés, en premier lieu. Dès le début, les critiques exprimaient de fortes réticences quant à la méthodologie et les conclusions de l'article, des questions qui auraient du suffire à faire réfléchir. En outre, l'article Reinhart-Rogoff était en fait déjà le deuxième cas d'un document brandi comme preuve décisive en faveur de l'austérité en économie, à s'écrouler après un examen minutieux. A peu près la même chose s'était passé, quoique moins spectaculairement, quand les austéritaires étaient devenus entichés d'un article d'Alberto Alesina et Silvia Ardagna prétendant montrer que sabrer dans les dépenses du gouvernement aurait peu d'impact négatif sur la croissance économique et pourrait même avoir un effet expansionniste. Pour sûr, cette expérience aurait pu inspirer une certaine prudence.

    Alors pourquoi pas plus de prudence? La réponse, telle que documentée par quelques-uns des livres objets de ce commentaire et involontairement illustrée par d'autres, réside à la fois dans la politique et la psychologie: la cause de l'austérité a été et reste une cause que beaucoup de gens puissants veulent croire, ce qui les conduit à se saisir de tout ce qui ressemble à une justification. Je vais parler de cette volonté de croire plus tard dans cet article. Mais d'abord, il est utile de retracer l'histoire récente de l'austérité à la fois comme doctrine et comme expérimentation politique.

    1.

    Au commencement était la bulle. Il y a eu beaucoup, beaucoup de livres sur les excès des années de 'boom'—en fait, trop de livres. Car, comme nous le verrons, l'envie de s'attarder sur les détails sordides du boom plutôt que d'essayer de comprendre la dynamique de la dépression, est un problème récurrent pour l'économie et la politique économique. Pour l'instant, il suffit de dire qu'au début de 2008, tant l'Amérique que l'Europe étaient prêts pour une chute. Elles étaient devenues trop dépendantes d'un marché immobilier en surchauffe, les ménages étaient trop profondément endettés, leurs secteurs financiers étaient sous-capitalisés et trop gonflés.

    Il suffisait, pour que ces châteaux de cartes s'effondrent, que se produise un choc défavorable, et finalement, ce fut l'implosion des titres US à base de subprimes. À l'automne 2008, les bulles immobilières sur les deux côtés de l'Atlantique avaient éclaté, et l'ensemble de l'économie de l'Atlantique Nord a été prise dans «deleveraging» (désendettement) un processus dans lequel de nombreux débiteurs tentent ou sont contraints de rembourser leurs dettes en même temps.

    Pourquoi est-ce un problème? En raison de l'interdépendance: vos dépenses sont mon revenu et mes dépenses sont votre revenu. Si deux d'entre nous essaient de réduire notre dette en sabrant dans les dépenses, nos revenus réciproque vont plonger en même temps- et des revenus qui plongent peuvent en fait empirer notre endettement plus encore car ils produisent également un chômage de masse.

    Les étudiants en histoire économique avaient observé le processus en cours en 2008 et 2009 avec un frisson de reconnaissance, car il s'agissait bien évidemment du même genre de processus qui avait amené à la Grande Dépression. En effet, au début de 2009, les historiens de l'économie Barry Eichengreen et Kevin O'Rourke avaient produit des cartes choquantes montrant que la première année de la crise 2008-2009, la chute de la production commerciale et industrielle était tout à fait comparable à la première année de la grande crise mondiale de 1929 à 1933 .

    Donc, c'était une deuxième Grande Dépression qui allait se dérouler? Les bonnes nouvelles, c'était que nous avions, ou pensions que nous avions, plusieurs grands avantages par rapport à nos grands-parents, pour limiter les dégâts. Certains de ces avantages étaient, pourrait-on dire, structurels, imbriqués dans la façon dont fonctionnent les économies modernes, et ne nécessitant pas d'action particulière de la part des décideurs. D'autres étaient intellectuels: sûrement que nous avions appris quelque chose depuis les années 1930, et nous n'allions pas répéter les erreurs de la politique de nos grands-pères.

    Sur le plan structurel, probablement le plus grand avantage par rapport aux années 1930 était la façon dont les taxes et les programmes de protection sociale—les deux beaucoup plus importants qu'ils ne l'étaient en 1929—avaient agi comme «stabilisateurs automatiques». Les salaires pourraient baisser, mais le revenu global ne tombait pas en proportion , à la fois parce que la collecte des impôts-taxes avaient chuté et que les chèques du gouvernement avaient continué avec la sécurité sociale, Medicare, les allocations de chômage, et plus encore. En fait, l'existence de l'État-providence moderne avait mis un plancher pour les dépenses totales, et donc empêché la spirale descendante de l'économie d'aller trop bas.

    Sur le plan intellectuel, les décideurs politiques modernes connaissaient l'histoire de la Grande Dépression comme un récit édifiant, certains, y compris Ben Bernanke, avait en fait été les grands spécialistes de la dépression dans leurs vies antérieures. Ils avaient appris de Milton Friedman la folie de laisser les paniques bancaires entraîner l'effondrement du système financier et l'intérêt qu'il y avait à inonder l'économie avec de l'argent en temps de panique. Ils avaient appris de John Maynard Keynes que, dans des conditions de dépression, les dépenses publiques peuvent être un moyen efficace de créer des emplois. Ils avaient appris par la décision désastreuse de Franklin Delano Roosevelt d'adopter l'austérité en 1937, que l'abandon de la relance monétaire et budgétaire trop tôt peut être une très grosse erreur.

    En conséquence de quoi, alors que le début de la Grande Dépression avait été accompagné de politiques qui avaient intensifié la récession—la hausse des taux d'intérêt pour tenter de conserver les réserves d'or, des réductions de dépenses dans une tentative d'équilibrer les budgets—2008 et 2009 ont été caractérisées par des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes, en particulier aux États-Unis, où la Réserve fédérale non seulement lamina les taux d'intérêt, mais entra sur les marchés pour tout acheter: du papier commercial à la dette publique à long terme, tandis que l'administration Obama avait avancé un programme de réduction des impôts et d'augmentations des dépenses de 800 milliards de dollars. Les prises de décision en Europe furent moins spectaculaires, mais part ailleurs, le fait que les Etats-providence étaient plus développés en Europe avaient sans doute réduit le besoin de stimulation délibérée.


    Maintenant, certains économistes (y compris moi-même) avaient mis en garde dès le début que ces mesures monétaires et budgétaires, bien que bienvenues, étaient trop faibles compte tenu de la gravité du choc économique. En effet, dès la fin de l'année 2009, il était clair que, même si la situation s'était stabilisée, la crise économique était plus grave que les décideurs ne l'avaient reconnue, et risquait de s'avérer plus persistante que ce qu'ils avaient imaginé. Donc, on aurait pu s'attendre à une deuxième série de mesures de relance pour faire face à la pénurie économique.
    Ce qui s'est réellement passé, cependant, fut un revirement soudain.

    2.

    Le livre The Alchimists de Neil Irwin nous donne la date et le lieu où les principaux pays avancés ont brusquement pivoté de la relance à l'austérité. Le date: début février 2010; le lieu, c'est un peu bizarre, l'installation de l'Arctique canadien d'Iqaluit, où le Groupe des Sept ministres des Finances avaient tenu l'un de leurs sommets réguliers. Parfois (souvent) de ce genre de sommets ne sont guère plus que des cérémonies, et il y eu beaucoup de cérémonie à celui-là aussi, y compris de la viande de phoque crue servie au dernier dîner (les visiteurs étrangers ont tous passé). Mais cette fois, quelque chose de substantiel s'est déroulé. «Dans l'isolement de la nature canadienne», écrit Irwin, «les dirigeants de l'économie mondiale ont collectivement convenu que leur grand défi avait changé. L'économie semble être en voie de guérison, il était temps pour eux de se détourner de la politique de stimuler la croissance. Plus de stimulant.»

    (graphique) (voir site)

    Est ce que ce fut vraiment un tournant politique décisif? Figure 1, qui est tirée des Perspectives de l'économie mondiale les plus récentes du FMI, montre comment les dépenses publiques réelles se sont comportées dans cette crise par rapport aux récessions précédentes; dans le graphique, l'année zéro est l'année d'avant la récession mondiale (2008 dans le marasme actuel), et les dépenses sont comparées à leur niveau pour de l'année de base. Ce que vous voyez c'est que la croyance largement répandue que nous vivons un emballement des dépenses publiques est fausse, bien au contraire, après une brève flambée en 2009, les dépenses publiques ont commencé à tomber à la fois en Europe et aux Etats-Unis, et cette dépense est maintenant bien en dessous de sa tendance normale. Le tournant de la rigueur a été très réel, et plutôt important.

    A première vue, c'était très étrange ce changement de cap politique. Les manuels d'économie standard disent que sabrer dans les dépenses du gouvernement réduisent la demande globale, ce qui entraîne à son tour une déduction de la production et l'emploi. Cela peut être une chose souhaitable si l'économie est en surchauffe et l'inflation est à la hausse, ou alternativement, les effets négatifs de la réduction des dépenses du gouvernement peuvent être compensés. Les banques centrales (Fed, la Banque centrale européenne, ou leurs homologues ailleurs) peuvent réduire les taux d'intérêt, ce qui induit plus de dépenses du privé. Cependant, aucune de ces conditions ne s'appliquaient au début de 2010, ni d'ailleurs ne s'appliquent maintenant. Les grandes économies avancées ont été et sont profondément déprimées, sans un soupçon de pression inflationniste. Pendant ce temps, les taux d'intérêt à court terme, qui sont plus ou moins sous le contrôle de la banque centrale, sont proches de zéro, ce qui laisse peu de place à la politique monétaire pour compenser la réduction des dépenses du gouvernement. Alors Economics 101 (les cours d'économie pour débutant- note de la traductrice) sembleraient dire que toute l'austérité que nous avons vue est très prématurée, et qu'elle devrait attendre que l'économie soit plus forte.
    La question est donc pourquoi les dirigeants économiques étaient si pressés de jeter le manuel scolaire (E101) par la fenêtre.

    Une réponse est que beaucoup d'entre eux n'ont jamais cru en ce manuel en premier lieu. La classe dirigeante politique et intellectuelle allemande n'a jamais eu beaucoup d'intérêt pour l'économie keynésienne, le Parti républicain aux États-Unis non plus. Dans la chaleur d'une crise économique aiguë—comme à l'automne 2008 et l'hiver 2009—ces voix dissidentes pourraient dans une certaine mesure être tues, mais une fois que les choses s'étaient calmées, elles ont recommencé à relever la tête.


    Une plus réponse plus large est celle que nous donnerons plus tard: les raisons politiques et psychologiques profondes pour lesquelles de nombreuses personnalités influentes détestent les notions de déficit budgétaire et d'argent facile. A nouveau, une fois la crise devenue moins aiguë, il n'y avait plus de place pour se livrer à ces sentiments.

    En plus de ces facteurs sous-jacents, cependant, il y eut deux aspects contingents de la situation au début de 2010: la nouvelle crise en Grèce, et l'arrivée d'apparence rigoureuse de recherche économique de haute qualité soutenant la position austérienne.

    La crise grecque a été un choc pour presque tout le monde, même pour le nouveau gouvernement grec qui a pris ses fonctions en octobre 2009. La direction entrant savait qu'elle faisait face à un déficit budgétaire, mais c'est seulement après son arrivée qu'elle a appris que le gouvernement précédent avait cuisiné les livres, et que le déficit et le stock accumulé de la dette étaient beaucoup plus élevés qu'ont ne l'imaginait. Comme les nouvelles atteignaient les investisseurs, d'abord en Grèce, puis une grande partie de l'Europe, entra dans un nouveau type de crise—non un pas des banques en faillite, mais des gouvernements défaillants, incapables d'emprunter sur les marchés mondiaux.
    C'était un vent de mauvaise augure, et la crise grecque était une aubaine pour les anti-keynésiens. Ils avaient mis en garde sur les dangers du déficit budgétaire; la débâcle grecque semblait montrer à quel point dangereux laxisme budgétaire pouvait être. Même à ce jour, quelqu'un qui plaide contre l'austérité budgétaire, et suggère que nous devrions prendre une nouvelle série de mesures de relance, peut s'attendre à être attaqué comme quelqu'un qui va transformer l'Amérique (ou la Grande-Bretagne, selon le cas) dans une autre Grèce.

    Si la Grèce avait fourni le récit édifiant du monde réel évident, Reinhart et Rogoff semblaient fournir les maths. Leur article semblait montrer non seulement que la dette était dommageable pour la croissance, mais qu'il y avait un "seuil", une sorte de point de déclenchement, lorsque la dette passait les 90 pour cent du PIB. Aller au-delà de ce point, leurs nombres avaient suggéré, et la croissance économique cale. La Grèce, bien sûr, avait déjà une dette supérieure au nombre magique. Plus précisément, les principaux pays avancés, les États-Unis inclus, couraient d'importants déficits budgétaires et s'approchaient du seuil fatidique. Mettez la Grèce et Reinhart-Rogoff ensemble, et il semblait y avoir des arguments convaincants pour un virage dure, immédiat vers l'austérité.
    Mais un tel virage vers l'austérité dans une économie toujours déprimée par le désendettement privé n'aurait il pas un impact négatif immédiat? Ne vous inquiétez pas, disait un autre article académique remarquablement influent, “Large Changes in Fiscal Policy: Taxes Versus Spending,” (De grands changements dans la politique fiscale: taxation versus dépense), par Alberto Alesina et Silvia Ardagna.


    Un des aspects tout spécialement intéressant dans le livre de Mark Blyth, Austerity: The History of a Dangerous Idea c'est la façon dont il retrace l'ascension et la chute de l'idée de «l'austérité expansionniste» l'idée que la réduction des dépenses pourrait effectivement conduire à une production plus élevée. Comme il l'indique, il s'agit d'une proposition étroitement associée à un groupe d'économistes italiens (qu'il nomme «la bande à Bocconi») qui ont développé leur argument avec une série de documents qui devenaient plus stridents et moins qualifiés au fil du temps, aboutissant à l'analyse d'Alesina et Ardagna en 2009.

    En substance, Alesina et Ardagna montèrent une attaque frontale contre la proposition keynésienne selon laquelle couper les dépenses dans une économie affaiblie produit un surcroît de faiblesse. Comme Reinhart et Rogoff, ils ont rassemblé des preuves historiques pour plaider leur cause. Selon Alesina et Ardagna, d'importantes réductions des dépenses dans les pays avancés étaient, en moyenne, suivi par l'expansion plutôt que de la contraction. La raison, ont-ils suggéré, c'est que l'austérité budgétaire crée la confiance dans le secteur privé, et ce regain de confiance compense largement le ralentissement qu'entraînent une diminution des dépenses publiques.
    Comme le documente Blyth Mark, cette idée se répandit comme une traînée de poudre. Alesina et Ardagna firent une présentation spéciale en avril 2010 pour le Conseil des Affaires économiques et financières du Conseil des Ministres européen; l'analyse rapidement fit son chemin dans les déclarations officielles de la Commission européenne et la Banque centrale européenne. Ainsi, en Juin 2010 Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, a rejeté les préoccupations que l'austérité pourrait nuire à la croissance:

    En ce qui concerne l'économie, l'idée que les mesures d'austérité pourraient déclencher une stagnation est incorrecte .... En fait, dans ces circonstances, tout ce qui contribue à augmenter la confiance des ménages, des entreprises et des investisseurs dans la soutenabilité des finances publiques est bonne pour la consolidation de la croissance et la création d'emplois. Je crois fermement que, dans les circonstances actuelles, des politiques inspirant confiance vont favoriser et non pas entraver la reprise économique, parce que la confiance est le facteur clé aujourd'hui.

    C'était du pur Alesina-Ardagna.

    C'est ainsi qu'à l'été de 2010, une orthodoxie d'austérité à part entière avait pris forme, devenant dominante dans les milieux politiques européens et influente de ce côté ci de l'Atlantique. Alors, que s'est-il passé depuis près de trois ans écoulés depuis?

    3.

    Des preuves claires sur les effets d'une politique économique sont généralement difficiles à trouver. Les gouvernements changent généralement de politique à contrecœur, et il est difficile de distinguer les effets des demi-mesures qu'ils entreprennent de toutes les autres choses qui se passent dans le monde. La relance d'Obama, par exemple, était à la fois temporaire et relativement faible par rapport à la taille de l'économie américaine, jamais plus qu'un montant de 2 pour cent du PIB, et cette relance a été tentée dans une économie atteinte de plein fouet par la plus grande crise financière en trois générations. Combien de ce qui s'est passé en 2009-2011, bon ou mauvais, peut être attribuée à la relance? Personne ne sait vraiment.

    Le tournant de la rigueur après 2010, cependant, fut si drastique, en particulier dans les pays endettés européens, que la notion même de précautions avait perdu de sa force. La Grèce a imposé des réductions de dépenses et des hausses d'impôts s'élevant à 15 pour cent du PIB, l'Irlande et le Portugal ont suivi avec du 6 pour cent, et contrairement aux efforts en demi-teinte du stimulus, ces réductions ont été soutenues et même intensifiées année après année. Alors, comment l'austérité fonctionne réellement?

    Graphics 2 (voir site)

    La réponse c'est que les résultats ont été désastreux—à peu près comme on l'aurait prédit à partir de la macroéconomie de manuels scolaires. Le graphisme 2, par exemple, montre ce qui est arrivé à une sélection de pays européens (chacun représenté par un symbole en forme de losange). L'axe horizontal indique les mesures d'austérité—réductions des dépenses et hausses d'impôts—commepourcentage du PIB, selon les estimations du Fonds monétaire international. L'axe vertical représente la variation effective en pourcentage du PIB réel. Comme vous pouvez le voir, les pays contraints à l'austérité sévère ont connu une très grave récession, et les baisses ont été plus ou moins proportionnelle au degré d'austérité.

    Il y a eu quelques tentatives pour expliquer ces résultats, notamment à la Commission européenne. Mais le FMI, en regardant de près les données, a non seulement conclu que l'austérité a eu des effets économiques défavorables, il a publié ce qui équivaut à un mea culpa pour avoir sous-estimé ces effets indésirables. *

    Mais y-a-t-il une alternative à l'austérité? Quels sont les risques de surendettement?

    Au début de 2010, avec la catastrophe grecque fraîche dans l'esprit de tout le monde, les risques de surendettement semblait évident, et ces risques semblaient l'être encore plus d'ici 2011, puisque l'Irlande, l'Espagne, le Portugal et l'Italie rejoignaient les rangs des pays qui avaient à payer des primes élevées de taux d'intérêt. Mais une drôle de chose s'est passée dans d'autres pays avec des niveaux d'endettement élevés, y compris au Japon, aux États-Unis et en Grande-Bretagne: malgré des déficits importants et une rapide montée de la dette, leurs coûts d'emprunt sont restés très bas. La différence essentielle, comme l'économiste belge Paul Degrauwe l'a souligné, semblait être si les pays en question ont leur propre monnaie, et ont emprunté dans ces devises. Ces pays ne peuvent pas manquer d'argent parce qu'ils peuvent l'imprimer si nécessaire, et en l'absence du risque d'un resserrement de la trésorerie, les pays avancés sont évidemment en mesure de supporter des niveaux assez élevés de la dette sans crise.

    Trois ans après le tournant vers l'austérité, donc, à la fois les espoirs et les craintes des austéritaires semblent avoir été erronés. L'austérité n'a pas conduit à une forte augmentation de la confiance; les déficits n'ont pas conduit à la crise. Mais les partisans de l'austérité ne s'appuyaient-ils pas sur une recherche économique sérieuse? En fait, il s'est avéré qu'ellene l'était pas—la recherche citée par les austéritairesétait profondément viciée.

    La première à dégringoler fut la notion d'austérité expansionniste. Avant même que les résultats de l'expérience d'austérité en Europe arrivent, l'article d'Alesina-Ardagna s'effondrait à l'examen. Des chercheurs à l'Institut Roosevelt montraient qu'aucun des prétendus exemples d'une austérité conduisant à l'expansion de l'économie avait effectivement eu lieu au milieu d'un marasme économique; les chercheurs du FMI ont constaté que la mesure Alesina-Ardagna de la politique budgétaire n'avait que peu de rapport avec les changements politiques réels. «Vers le milieu de 2011," Blyth écrit: «le support empirique et théorique de l'austérité expansionniste se dissolvait.» Lentement, sans tambour ni trompette, la notion que l'austérité pourrait effectivement stimuler les économies se faufila hors de la scène publique. (mais pas en France où cette dernière reste très forte- NDLT)


    Reinhart-Rogoff a duré plus longtemps, même si de sérieux doutes sur leur travail avaient été soulevés dès le début. Dès juillet 2010 Josh Bivens et John Irons de l'Economic Policy Institute avaient identifié à la fois une erreur notoire—une mauvaise interprétation des données des États-Unis immédiatement après la Seconde Guerre mondiale—et un problème conceptuel sérieux. Reinhart et Rogoff, comme Bivens et Irons l'ont souligné, n'ont offert aucune preuve d'une corrélation dette élevée donnant faible croissance plutôt que l'inverse, et d'autres éléments de preuve indiquaient que ce cas de figure inverse était le plus probable. Mais ces critiques ont eu peu d'impact, car pour les austéritaires, pourrait-on dire, l'histoire racontée par Reinhart-Rogoff était trop belle pour qu'on aille la vérifier.

    Ainsi, le révélation en avril 2013 sur les erreurs de Reinhart et Rogoff a été un choc. En dépit de l'influence de leur article, Reinhart et Rogoff n'avaient pas fait en sorte que leurs données soient largement disponibles—et les chercheurs qui travaillaient avec des données apparemment comparables n'avaient pas été en mesure de reproduire leurs résultats. Finalement, ils ont rendu leur feuille de calcul disponible pour Thomas Herndon, un étudiant de troisième cycle à l'Université du Massachusetts, à Amherst—et il l'a trouvée très étrange. Il y avait une erreur de codage réelle, même si cela ne faisait qu'une petite contribution à leurs conclusions. Plus important encore, leur ensemble de données avaient exclu l'expérience de plusieurs nations alliées—Canada, Nouvelle-Zélande et en Australie— qui avait émergé de la Seconde Guerre mondiale avec une dette élevée mais néanmoins affiché une croissance solide. Et ils avaient utilisé un système de pondération étrange dans lequel chaque «épisode» de la dette élevée comptait de façon similaire que cet épisode ait eu lieu au cours d'une année de mauvaise croissance ou des dix-sept années de bonne croissance.


    Sans ces erreurs et bizarreries, il y avait toujours une corrélation négative entre la dette et la croissance—mais cela pourrait être, et sans doute était—surtout une faible croissance conduisant à un endettement élevé, et non l'inverse. Et le «seuil» à 90 pour cent s'évanouissait, ce qui compromettait les histoires effrayantes utilisées pour vendre l'austérité.

    Reinhart et Rogoff ont essayé de défendre leur travail, ce qui n'est pas surprenant, mais leurs réponses ont été faiblardes, au mieux, au pire, évasives. Notamment, ils continuent à écrire d'une manière qui suggère, sans le préciser d'emblée, que la dette à 90 pour cent du PIB est une sorte de seuil à partir duquel les mauvaises choses arrivent. En réalité, même si l'on ignore la question de la causalité—si une faible croissance entraîne une forte dette ou l'inverse—les effets apparents sur la croissance si la dette passe, mettons, de 85 à 95 pour cent du PIB sont assez petites et ne justifie pas la panique de la dette qui a eu une telle influence sur la politique.

    Ainsi, à ce stade, l'économie d'austérité est en très mauvais état. Ses prédictions se sont révélées complètement erronées; ses documents académiques fondateurs ont non seulement perdu leur statut de canonisés, ils sont devenus des objets de ridicule un peu partout. Mais comme je l'ai souligné, rien de tout cela (sauf cette erreur Excel) n'aurait dû être une surprise: la macroéconomie de base aurait dû dire à tout le monde de s'attendre à ce qui est arrivé en réalité et les articles qui sont maintenant tombés en discrédit étaient évidemment viciés dans les bases même de départ.

    Cela soulève la question évidente: pourquoi l'économie d'austérité arrive à une telle emprise puissante sur l'opinion des élites en premier lieu?

    4

    Tout le monde aime une histoire avec une morale. «Car le salaire du péché c'est la mort» est un message beaucoup plus satisfaisant que «C'est la merde alors!» Nous voulons tous que les événements aient un sens.

    Lorsqu'il est appliqué à la macroéconomie, ce besoin de trouver un sens moral crée en chacun de nous une prédisposition à croire les histoires qui attribuent la douleur d'une crise aux excès du boom qui le précède et, peut-être, rend également naturel de voir la douleur, le cas échéant, partie d'un processus de nettoyage inévitable. Quand Andrew Mellon a dit à Herbert Hoover pour laisser la dépression suivre son cours, afin de "purger la pourriture" du système, il offrait des conseils que, si mauvaise qu'ils le fussent en économie, avait résonné psychologiquement avec beaucoup de gens (et c'est toujours le cas).


    En revanche, l'économie keynésienne repose fondamentalement sur l'idée que la macroéconomie n'est pas une histoire morale—que les dépressions sont essentiellement un problème de mauvais fonctionnement technique. Au moment où la Grande Dépression se creusait, Keynes a eu un mot célèbre «nous avons un souci avec le magnéto"—c.a.d., les troubles de l'économie étaient comme ceux d'une voiture avec un petit problème critique dans son système électrique, et le travail de l'économiste est de comprendre comment réparer ce problème technique. Chef d'oeuvre de Keynes, la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, est remarquable—et révolutionnaire—parce qu'elle ne dit presque rien sur ce qui se passe en période d'expansion économique. Les théoriciens du cycle économique pré-keynésiens aimaient s'attarder sur les excès épouvantables qui ont lieu dans les bons moments, tout en ayant relativement peu à dire sur exactement pourquoi ceux-ci donnent lieu à des mauvais moments ou sur ce qu'on devrait faire quand ils arrivent. Keynes a renversé cette priorité; presque tout l'accent fut mis sur la façon dont les économies restent déprimées, et ce qui peut être fait pour les rendre moins déprimées.

    Je dirais que Keynes a eu profondément raison dans son approche, mais il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'une approche que beaucoup de gens trouvent profondément insatisfaisante d'un point de vue émotionnelle. Et si nous ne devrions pas être surpris d'apprendre que de nombreuses interprétations populaires de nos difficultés actuelles renvoient, que les auteurs le sachent ou non, au style instinctif, pré-keynésien, qui préfère s'attarder sur les excès du boom plutôt que sur les échecs du marasme.

    Le livre de David Stockman, The Great déformation, doit être considéré sous cet angle. C'est une immensément longue diatribe contre les excès de toutes sortes, qui, dans la vision de Stockman, ont abouti à notre crise actuelle. L'histoire, aux yeux de Stockman, est une série de "virées": une "frénésie d'emprunt insoutenable», une «frénésie de répression des taux d'intérêt», une «frénésie de l'ingénierie financière destructrice", et, encore et encore, une "frénésie d'impression." (la planche à billets). Dans le monde selon Stockman, tout le mal économique provient du péché originel de quitter l'étalon-or. Toute la prospérité que nous avions pensé que nous avions depuis 1971, quand Nixon avait abandonné le dernier lien à l'or, ou peut-être même depuis 1933, quand FDR nous a enlevé l'or pour la première fois, c'était une illusion vouée à finir dans les larmes. Et bien sûr, toutes les politiques visant à atténuer la crise actuelle vont juste faire empirer les choses.

    En soi, le livre de Stockman n'est pas important. Mis à part quelques attaques contre les Républicains, il se compose essentiellement de grandiloquence sur l'étalon or. Mais l'attention que le livre a suscité, la manière dont il a frappé une corde sensible chez de nombreuses personnes, y compris même chez certains libéraux (progressistes- NDLT), suggèrent à quel point fort reste l'envie de voir l'économie comme un jeu de moralité, trois générations après qu'Keynes ait essayé de nous montrer qu'il n'en est rien de la sorte.

    Et de puissants fonctionnaires ne sont nullement à l'abri de cette envie. Dans The Alchemists, Neil Irwin analyse les motivations de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, en préconisant des politiques d'austérité sévères:

    Trichet a embrassé une vue, particulièrement fréquente en Allemagne, qui a été ancrée dans une sorte de moralisme. La Grèce avait trop dépensé et pris trop de dettes. Il lui fallait réduire les dépenses et les déficits. Si elle faisait preuve de courage et de volonté politique suffisante, les marchés devraient la récompenser avec une baisse des coûts d'emprunt. Il (Trichet) avait mis beaucoup de foi dans la puissance de confiance ....


    Compte tenu de cette sorte de prédisposition, est-ce étonnant que l'économie keynésienne soient jetée par la fenêtre, tandis que Alesina-Ardagna et Reinhart-Rogoff soient immédiatement canonisés?


    Donc, est-ce que l'impulsion austéritaire est simplement une question de psychologie? Non, il y a aussi quelque peu d'intéressement en cause. Comme de nombreux observateurs l'ont noté, le tournant s'éloignant de la relance budgétaire et monétaire peut être interprété, si vous voulez, comme donnant la priorité des créanciers sur les travailleurs. L' inflation et les taux d'intérêt bas sont mauvais pour les créanciers, même si elles favorisent la création d'emplois; réduire les déficits publics face à un chômage de masse peut approfondir une dépression, mais cela augmente la certitude des porteurs d'obligations qu'ils seront remboursés intégralement. Je ne pense pas que quelqu'un comme Jean-Claude Trichet ait été consciemment serviteur cynique d'intérêts de classe au détriment du bien-être général, mais certainement, c'était pas si mal si son sens de la morale économique cadrait si bien avec les priorités des créanciers.

    Il est également intéressant de noter que, si la politique économique depuis la crise financière ressemble à un échec lamentable par n'importe quel standard d'évaluation, elle n'a pas été si mauvaise pour les riches. Les bénéfices ont fortement rebondi alors même que le chômage sans précédent à long terme persiste, les indices boursiers des deux côtés de l'Atlantique ont rebondi à des niveaux d'avant-crise alors même que le revenu médian languit. C'est peut-être exagéré de dire que ceux dans le top 1 pour cent effectivement bénéficient d'une dépression permanente, mais ils ne sentent certainement pas beaucoup de douleur, ce qui a probablement quelque chose à voir avec la volonté des décideurs à maintenir le cap de l'austérité

    5.

    Comment cela fut-il possible? C'est la question que beaucoup de gens se sont posées il y a quatre ans, c'est toujours la question que beaucoup se posent aujourd'hui. Mais le «cela» a changé.

    Il y a quatre ans, le mystère était de savoir comment une telle terrible crise financière avait pu avoir lieu, avec si peu de préavis. Les dures leçons que nous avons dû apprendre impliquait la fragilité de la finance moderne, la folie de faire confiance aux banques de se réguler par elles-même, et les dangers de supposer que les arrangements financiers fantaisistes avaient éliminé ou même réduit les problèmes séculaires de risque.


    Je dirais, cependant—si égoïste que cela puisse paraître (j'avais mis en garde contre la bulle immobilière, mais n'avais aucune idée de l'ampleur de l'effondrement qui suivrait son éclatement)—que l'échec à anticiper la crise était un péché relativement mineur. Les économies sont complexes, des entités en constante évolution, il était compréhensible que peu d'économistes aient réalisé dans quelle mesure les prêts à court terme et de la titrisation d'actifs tels que les prêts hypothécaires subprime avaient recréé les anciens risques pour le contrôle desquels l'assurance-dépôts et la réglementation bancaire avaient été créées.


    Je dirais que ce qui s'est passé ensuite—la façon dont les décideurs ont tourné le dos à pratiquement tout ce que les économistes avaient appris sur la façon de traiter les dépressions—la façon dont l'opinion des élites s'est saisie de tout ce qui pourrait être utilisé pour justifier l'austérité—fut un vice beaucoup plus grand. La crise financière de 2008 a été une surprise, et s'est passée très vite, mais nous avons été coincés dans un régime de croissance lente et de chômage désespérément élevé depuis plusieurs années maintenant. Et pendant tout ce temps, les décideurs ont ignoré les leçons de la théorie et de l'histoire.

    C'est une terrible histoire, principalement en raison de l'immense souffrance qui a résulté de ces erreurs politiques. Il est également très inquiétant pour ceux qui aiment à croire que la connaissance peut faire une différence positive dans le monde. Dans la mesure où les décideurs et l'opinion des élites en général ont fait quelque peu usage de l'analyse économique, ils ont, comme le dit l'adage, opéré à la façon dont un ivrogne utilise un lampadaire: pour le soutien, pas pour s'éclairer. Les articles et les économistes qui ont dit ce que l'élite voulait entendre ont été célébrés, en dépit de nombreuses preuves qu'ils avaient tort; les critiques ont été ignorés, peu importe combien de fois ils avaient vu juste.


    La débâcle Reinhart-Rogoff a soulevé quelques espoirs chez les critiques que la logique et les preuves commencent enfin à compter. Mais en vérité il est trop tôt pour dire si l'emprise de l'économie sur la politique d'austérité va se détendre de manière significative au vue de ces révélations. Pour l'instant, le message plus large de ces dernières années reste comment la compréhension peut, dans les faits, apporter presque rien.

    FIN- (NTLT- Note de la Traductrice).

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