• Les liaisons dangereuses entre les politiques et le monde des affaires(2)

    Sur le blog de Jean Gadrey, d'Alternatives économiques

    Les liaisons moins visibles mais lourdes de conséquences

    S’il existe des lieux visibles de rencontres et de « complicité amicale » entre le monde des affaires et certains politiques (je répète : pas tous, une minorité, mais souvent haut placée), d’autres modalités bien moins visibles sont probablement plus efficaces pour servir la carrière politiques des uns et les intérêts lucratifs des autres, au risque de conflits d’intérêts voire de l’enrichissement personnel illégal de quelques élus de la Nation. 

    Je mettrai l’accent sur une de ces modalités : la façon dont les hauts responsables politiques s’entourent d’amis, conseillers ou membres de leurs cabinets appartenant au monde des affaires ou naviguant avec bonheur entre hautes responsabilités privées et publiques au gré des alternances ou des opportunités.

    Les cas les plus documentés et sans nul doute les plus nombreux concernent la droite. Au cours de la dernière décennie, Nicolas Sarkozy a été la figure emblématique de ce qui n’est plus une dérive mais une constante. Le livre « Le président des riches » des Pinçon-Charlot constitue une remarquable enquête sociologique sur cette consanguinité du fric et de la politique, dans tous les domaines. Depuis Neuilly jusqu’aux grands dossiers publics, en passant par le contrôle des médias et mille autres manifestations de « l’oligarchie au pouvoir », avec un chef de file capable de hausser le ton en disant « les paradis fiscaux, c’est ter-mi-né » tout en les laissant prospérer en toute quiétude : le film préféré de l’oligarchie c’est « nous irons tous aux paradis ».

    Les invités du Fouquet’s donnent une bonne idée de l’entourage de l’ex-président, dans une situation où il s’entoure, mais où il est encerclé, de plein gré. Voici quelques-uns de ces amis, invités pour célébrer l’élection de leur champion, et qui veilleront par la suite à ce que tout se passe bien pour eux et pour leurs actionnaires, un objectif parfaitement rempli au cours du quinquennat, même en pleine crise : Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Bernard Arnaud, Serge Dassault, Jean-Claude Decaux, le belge Albert Frère (arrivé dans la journée de Marrakech en jet privé), le banquier Antoine Bernheim, Alain Minc, pour ne parler que des grands de ce petit monde.

    Par la suite, le livre démontre le rôle décisif du banquier Michel Pébereau dans les grandes décisions prises par l’Élysée pour « sauver les banques » en faisant payer la facture aux citoyens, l’État organisant sa propre insolvabilité. Il mentionne également le va-et-vient de Patrick Ouart, numéro deux de LVMH à l’époque, parti à l’Élysée entre 2007 et 2009, de retour à LVMH ensuite.

    Mais il se trouve que nous avons aujourd’hui un gouvernement de gauche et que la question se pose : ces proximités incestueuses existent-elles aussi à gauche ? Je n’ai aucun indicateur synthétique permettant de mesurer ce degré de proximité pour l’ensemble d’un gouvernement (on devrait pouvoir en construire). Je reste convaincu que les choses n’atteignent pas avec la gauche le niveau de complicité que l’on a connu avec les gouvernements de droite. Mais la pratique qui consiste pour certains ministres de gauche à s’entourer PRIORITAIREMENT (SOUVENT COMME CHEFS DE CABINET) de gens qui font manifestement partie du monde des affaires, ou qui pratiquent l’alternance (le pantouflage), n’est pas absente.

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