• Municipales 2014 : La percée de l’opposition de gauche

    Mardi 25 Mars 2014

    Laurent Maffeïs et le Pôle argumentaire du PG

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    Pas vu à la télé ! Nos résultats à retenir:

    11,43% pour nos 600 listes autonomes
    308 de nos listes font plus de 10 % (316 pour le FN)

    15,31% pour nos 82 listes avec EELV contre 9,69 % pour les listes où EELV se présentait seul.

    Abstention record : une insurrection civique froide

    Avec 38,6% l’abstention atteint son record historique pour des élections municipales. Cela dément ceux qui prétendaient que cette élection était avant tout locale et non concernée par la situation nationale. Les renoncements de Hollande et le contexte d’affaires nauséabondes ont nourri la défiance face aux urnes. L’analyse géographique de cette abstention le confirme fortement. L’abstention fait des ravages dans les quartiers populaires, notamment de nombreuses villes de banlieues où elle progresse de plus de 5 points par rapport à 2008 comme à Stains ou Vaulx-en-Velin. L’abstention progresse plus fortement là où le PS réalisait ses meilleurs scores que dans des fiefs de droite. A Paris, par exemple, l’abstention est stable ou recule par rapport à 2008 dans les arrondissements de droite (notamment 1er, 8ème et 16ème) et elle progresse dans ceux de gauche (18, 19, 20ème). L’électorat de droite s’est donc plus fortement mobilisé. On observe le même recul de l’abstention lié à une forte mobilisation à droite dans les villes choisies par le FN comme vitrines (Fréjus, Forbach, Béziers).

    Lourde sanction contre les listes gouvernementales
    Le PS subit une forte sanction qui avait été très largement sous-estimée par les sondages. Les 12 ministres PS qui étaient candidats sont tous fortement en recul. Sept d’entre eux étaient élus dés le 1er tour en 2008 et sont cette fois-ci en ballotage. Le PS s’effondre y compris dans des villes où il avait toujours résisté. C’est par exemple le cas à Niort qui bascule à droite dés le 1er tour après 60 ans de gestion PS. Autre symbole de l’impasse dans laquelle Hollande a engagé le PS, dans la plus ancienne ville socialiste du pays, Commentry dans l’Allier, qui avait élu le 1er maire socialiste de France en 1882, la liste PS arrive 3ème, devancée par la droite et une liste autonome de gauche soutenue par le PG qui réalise 25%. Le PS perd aussi dés le 1er tour la très symbolique ville de Florange. A Hayange voisine, siège des hauts fourneaux liquidés d’Arcelor Mittal, le maire sortant PS arrive 3ème et le FN passe en tête. La preuve que le 1er moteur de développement du FN se trouve bien dans la politique du gouvernement. Même effondrement dans des villes que le PS prétendait prendre à la droite comme Marseille. Avec 20% des voix, les listes marseillaises du PS dégringolent par rapport à la présidentielle (28% pour Hollande) et encore plus par rapport à la municipale de 2008 (39% au 1er tour) en dépit d’une alliance avec EELV. Idem à Perpignan où le PS allié au PCF sombre à 11% là où Hollande réalisait 28%. Quelles que soient les alliances nouées par le PS, nul part il n’échappe à cette lourde sanction des listes liées au gouvernement. Y compris à Paris où la légère avance de la droite au 1er tour inflige un lourd camouflet aux sondeurs.

    La droite en reconquête
    Forte de la mobilisation des électeurs des quartiers bourgeois et de la démobilisation des quartiers populaires la droite progresse fortement par rapport à 2008. Elle prend même une série de villes de plus de 20 000 habitants au PS dés le 1er tour (Niort, Dôle, Arras, Chalon sur Saône, Talence, Clamart, L’Hay les roses, Epinay sur Seine, Poissy). Cette progression de la droite est cependant contrariée dans certaines communes par la poussée du FN.

    La poussée relative du FN
    Elle n’est pourtant pas aussi massive et historique que les médias l’ont présentée. Epousant parfaitement la stratégie de communication du FN, toute l’attention des médias s’est focalisée sur 5 villes vitrines pour le FN. Omniprésentes sur les écrans depuis des semaines (29% de temps d’antenne FN sur France 3, 43% sur BFM-TV), ces villes ont tellement été assignées au vote FN que cette médiatisation en forme de propagande a eu un effet auto-réalisateur sur l’électorat de droite. Ramené au vote dans l’ensemble du pays, les résultats des listes FN ne représentent cependant que 4,78% des voix exprimées. L’essentiel de la dynamique FN dans ses villes vitrines provient d’ailleurs d’un vase communicant entre les votes de droite et ceux d’extrême droite. A Fréjus par exemple, là où la droite rassemblait 62% au 1er tour sur une seule liste en 2008, elle ne regroupe que 42% éclatés sur 3 listes cette fois-ci. Des électeurs de droite ont basculé vers le FN. Ce vase communicant est encore plus fort à Forbach où la droite faisait 63% en 2008 et s’effondre à 31% cette fois-ci, alors que le FN, qui était absent en 2008, obtient 35%. Le FN poursuit ainsi sa stratégie de conquête du leadership de la droite. Elle n’est pas encore achevée comme le montre l’exemple marseillais. Même s’il dépasse celui de Marine Le Pen à la présidentielle, le score réalisé par le FN (23%) n’a rien d’historique dans la ville comparés aux 22% réalisés aux municipales de 1995 et aux 28% réalisés par l’extrême droite aux présidentielles de 1988 et 2002. Et le fait que le FN puisse se maintenir au 2nd tour dans tous les secteurs de la ville n’est pas non plus une nouveauté historique puisque c’était déjà le cas en 1989 et 1995.

    Naufrage du "tous derrière le PS" face au FN
    Quant à Hénin-Beaumont le FN y est surtout fort des faiblesses de la gauche. Le choix du PCF d’abandonner au dernier moment la stratégie du Front de Gauche pour se ranger derrière un PS discrédité a porté le coup de grâce. Rappelons qu’à l’inverse, quand le Front de Gauche était représenté avec force par la candidature de Jean-Luc Mélenchon au même endroit aux législatives, le FN n’avait pas réussi à remporter l’élection. Cette responsabilité du PCF est d’autant plus lourde que le Front de Gauche était passé devant le PS aux législatives sur la ville d’Hénin-Beaumont en réalisant 21% contre 16% au candidat PS. Cette stratégie funeste du rassemblement derrière le PS a malheureusement aussi été appliquée par le PCF à Perpignan avec le même échec cuisant puisque la liste PS-PC passe de 24 à 11 % entre 2008 et 2014.

    Pas vu à la télé !

    Les résultats comparés du Front de Gauche et du FN

    Le lepénisme médiatique ne déforme pas seulement la réalité du FN. Il conduit aussi à rendre invisibles les résultats du Front de Gauche. La comparaison des résultats effectifs des deux forces au 1er tour des municipales est à ce titre édifiante.
    • En terme de listes présentées, nous sommes parvenus à dépasser les 600 listes alors que le FN n’atteignait que 594, loin des 700 annoncées à l’automne.
    • Si l’on regarde les listes ayant franchi les 10%, c’est le cas de 308 de nos listes autonomes portant la stratégie du Front de Gauche et de 316 pour le FN. Aucun média n’a pourtant mentionné cette performance très similaire.
    • Enfin en terme d’élus, le FN est largement distancé avec 473 élus au 1er tour contre 2 036 pour le Front de Gauche. Et le FN ne gagne qu’une commune au 1er tour contre 67 pour le Front de Gauche.

    Percée des listes autonomes d’opposition de gauche
    Le principal fait politique occulté par les médias à l’issue de ce premier tour est la percée des listes de gauche autonomes du PS conformément à la stratégie défendue dans tout le pays par le Parti de Gauche. Avec un résultat de 11,43% nos plus de 600 listes autonomes consolident le score de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle. Nos listes pâtissent aussi de l’abstention, notamment dans les plus grandes villes (Paris, Toulouse, Marseille) mais moins fortement que le reste de la gauche. A Evry dans la ville de Manuel Valls, la liste Front de Gauche dépasse les 15% en dépit des plus de 60% d’abstention. Parmi ces bons résultats des listes autonomes, on peut signaler plusieurs têtes de listes PG qui dépassent les 10%. Tony Bernard, le président de La Gauche par l’exemple, l’emporte au 1er tour à Chateldon (63) et le maire de Grabels (34) René Revol réalise 49,97 % dés le 1er tour. Au Lude, siège des usines Candia dans la Sarthe, pour la 1ère fois de l’histoire de la ville une liste de gauche conduite par notre camarade syndicaliste de Candia Patrick Corvaisier atteint 31% contre le maire UMP. A Guéret, la liste conduite par David Gipoulou dépasse les 15%. A Paris, la liste de Danielle Simonnet réalise 10,36 % dans le 20ème arrondissement.

    Pas vu à la télé !

    Gros succès des listes autonomes avec EELV

    L’autre fait politique prometteur passé sous silence par les médias est le succès de nos listes communes avec Europe Ecologie les Verts. Présentes dans 82 villes, elles enregistrent un résultat de 15,31%. La dynamique de ces listes est spécifique car on ne la retrouve pas aussi fortes dans les 95 listes où EELV se présentait seule et où elle n’obtient que 9,69%. La percée la plus remarquable de cette nouvelle alliance de gauche a eu lieu à Grenoble où la liste EELV-PG réalise 29% contre 25% pour le PS, là où la liste des Verts ne réalisait que 15% en 2008. Cette nouvelle dynamique d’alliance à gauche s’observe aussi dans des dizaines d’autres villes. Dans 25 villes des alliances d’EELV avec le Front de Gauche ou le Parti de Gauche ont ainsi dépassé les 15% comme à Arcueil, Poitiers, Viry-Châtillon, Dieppe, Montlouis sur Loir, Vierzon, La Ciotat, Lannion, Cachan, Le Pré Saint Gervais, Palaiseau, Guérande, Saint-Egrève, Saint-Girons, Villeurbanne, Aubenas, Fouquières-lès-Lens ou Istres.

     

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  • Commentaires

    1
    MELENCHONE
    Mercredi 26 Mars 2014 à 11:14

    Encore fallait-il que certains 'EELV joue le jeu avec le FDG- Seul le logo ne suffisait pas. On peut constater effectivement, que les villes, ayant mis en avant plus EELV que l'alliance avec la gauche sont largement en dessous des 10%. Et que, si, il y a augmentation du % des voix, c'est uniquement dû au fait, que les citoyens sont de plus en plus convaincus de l'importance de leur environnement. Ajouté à cela, l'humain d'abord, assez visible, eu été très judicieux pour créer une dynamique permettant de dépasser les 10% et accéder au second tour. Certains verts l'ont compris et bien effectué, d'autres non, moins bien. Et l'on en constate les résultats.

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