• Par Luc Legoux, Maitre de Conférences, Institut de Démographie de l’Université Paris 1

     


    Démographe à l’Université Paris1 je vous envoie un graphique réalisé à partir des données de l’Insee qui explique à lui seul une grande partie de la croissance du chômage, et surtout pourquoi le nombre de chômeurs devrait croître d’environ un million durant le quinquennat de François Hollande suite à une décision de NicolasSarkozy en 2010.

    Les nombreux commentaires sur la réforme des retraites n’analysent jamais ou presque son impact sur la population d’âge actif. Or cette réforme accroît à terme en 2018 la population d’âge actif de plus de 1,6 million de personnes sans créer le moindre emploi. Une croissance du nombre d’actifs sans croissance équivalente du nombre d’emplois implique mécaniquement une croissance du nombre des chômeurs ; la croissance du taux d’activité des séniors ainsi obtenue impose une croissance du taux de chômage des jeunes.

     

    Bien entendu, ce graphique ne reflète pas totalement la complexité de la situation puisque l’âge d’activité n’est pas limité de 20 ans à l’âge d’ouverture des droits à la retraite, certaines personnes commencent à travailler avant ou après 20 ans, d’autres arrêtent après l’âge d’ouverture des droits, d’autres encore ne sont pas actives, et l’âge d’ouverture des droits n’est pas le même dans les régimes spéciaux (mais il est relevé dans les mêmes proportions). Si calculer précisément tous ces éléments est difficile, on peut estimer sans crainte de se tromper que la réforme des retraites n’augmente pas la population active de 1,6 million mais de plus d’un million. La réforme des retraites de 2010 s’applique aux personnes nées après le 1erjuillet 1951 (60 ans après le 1er juillet 2011). Elle n’a donc commencé à faire augmenter la population active qu’à partir du deuxième semestre 2011, et d’une manière très progressive, l’âge d’ouverture des droits étant relevé de 4 mois tous les ans pour les générations suivantes, jusqu’à 62 ans pour la génération 1956 (ouverture des droits en 2018). L’effet sur la croissance du chômage s’étale donc sur tout le quinquennat de François Hollande.Si la politique de redressement productif réussissait à éviter les destructions nettes d’emplois, ce qui serait une prouesse en période de crise, il y aurait tout de même un million de chômeurs en plus en 2017. Avec un retour à la retraite à 60 ans le nombre de chômeurs aurait pu diminuer puisque la population entre 20 et 60 ans exacts diminue légèrement dans les projections de l’Insee. Le refus de François Hollande d’abroger la réforme de Nicolas Sarkozy et de financer les retraites par une hausse des cotisations le condamne à l’échec dans la lutte contre le chômage. Je suis à votre disposition pour toute information complémentaire sur ces chiffres (source, méthodologie, etc.). Bien cordialement

    Luc Legoux

    Maitre de Conférences, Institut de Démographie de l’Université Paris 1

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  • Quand le PS et la presse organisent la retraite

    Vendredi 14 Juin 2013
    Jean-Luc Bertet

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    « La fin de l’ancien régime » titre en toute simplicité un article de Paris-Match (23 mai) au sujet des retraites. L’allusion à la Révolution française ne va bien sûr pas au-delà du « bon mot » car il s’agit aujourd’hui de poursuivre le détricotage du système de solidarité intergénérationnel issu du Conseil national de la Résistance. Mais derrière les procédés de presse ordinaires d’amalgames, de métaphores, de jeux de mots pour « piquer la curiosité du lecteur » se profile une efficace arme de diversion massive. On peut sourire de cette allusion par l’hebdo du groupe Lagardère à une nouvelle nuit du 4-août censé mettre bas les privilèges de la majorité de la population en matière de pension. On aurait tort. Répétés sur tous les tons et mis à toutes les sauces, les insinuations de cet ordre troublent les consciences tandis que les « évidences » et les avis d’experts repris comme des mantras installent sinon le doute du moins le découragement.

    Préparer l’opinion au pire

    On y travaille d’arrache-pied pas seulement dans la presse. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, l’a dit : « le contenu de la réforme comptera autant que la façon dont on la mènera ». Pour commencer, il faut préparer l’opinion au pire. De façon à la convaincre que l’on a ramené au final l’effort exigé à une supposée juste mesure. Une manière efficace de suggérer que tout a été fait dans le plus grand souci de justice et d’équilibre. Six mois de distillation d’infos en tout genre ne sont pas de trop pour faire perdre le nord au bon peuple et le dénerver. Plus les annonces, les indiscrétions sont inquiétantes, plus elles seront efficaces. Les bruits de couloir des ministères sur le recul de l’âge du départ à la retraite à 65 ans voire à 67 ans ou bien sur l’allongement de la durée de cotisation de 41 ans et demi à 45 ans repris par les médias entrent dans ce dispositif. Il n’y a pas de collusion directe entre le gouvernement et les médias, juste la logique d’intérêts qui ici se croisent, les seconds utilisant le premier pour « vendre » des révélations soigneusement dosées et fuitées par des communicants ministériels qui testent ainsi la combativité des citoyens. Dans cette mise en scène, les deux parties se livrent à un jeu gagnant-gagnant où on ne sait pas clairement qui utilise qui.

    On vit plus longtemps mais malade

    Il faut dire que la difficulté n’est pas extrême. Car en matière de retraite, les politiques et les experts médiatiques tiennent le même discours. La droite l’avait déjà servi en 1993, 2003 et 2010 et il semble avoir fait ses preuves. La situation serait donc, une fois de plus, intenable : la population vieillissante, en proportion croissante, s’accrocherait à la vie sans considération aucune pour le coût occasionné. L’espérance de vie caracolerait fièrement vers des records. « Trois mois de durée supplémentaire d’espérance de vie, c’est en moyenne ce que gagnent chaque année les Français », rapporte La Tribune (31 mai). Soit « 78,4 ans pour les hommes et 84,1 ans pour les femmes ». Estampillée Ined (Institut national d’études démographiques), l’information est incontestable. Elle n’a que le tort d’être incomplète. Car l’espérance de vie sans incapacité est, elle, en régression comme l’annonce le numéro de juin de Sciences et vie. En clair, on vit certes plus longtemps, mais malade. Ainsi depuis 2004, les quinquagénaires ont effectivement gagné un an et demi de vie, mais perdu deux ans de bonne santé. Le phénomène n’est pas limité à l’Hexagone. « En Europe, explique dans le magazine scientifique Jean-Marie Robine, chercheur à l’Inserm, en moyenne toutes les années de vie gagnées depuis 2005 ont été des années gagnées avec des incapacités. » Si bien que l’espérance de vie sans incapacité serait passée en France pour les hommes de 62,7 ans en 2008 à 61,9 ans en 2010 et pour les femmes sur la même période de 64,6 ans à 63,5 ans. Les maladies qui plombent la vieillesse sont pour les deux sexes, en haut de tableau, les TMS (troubles musculo-squelettiques) causés essentiellement par les gestes répétitifs et l’accélération des cadences dans les entreprises. Puis ce sont les hypertensions, les AVC qui ne sont pas sans rapport avec le stress du travail, enfin les dépressions, l’anxiété et les troubles respiratoires. Des affections des temps modernes comme l’on dit quand on veut ne fâcher personne, mais dont on ne comprend pas très bien comment elles vont être conciliables avec le recul de l’âge du départ à la retraite. Il faudrait que la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine développe un peu son argument : « Quand on vit plus longtemps, on peut travailler plus longtemps. » (Le Parisien du 9 juin).

    Un système de retraites déjà parmi les plus durs d’Europe

    Mais bref, répète-t-on à l’envi, « le déficit du système des retraites devient abyssal », il faut revoir « la générosité de notre système » selon un expert de Challenges (7 mai), Jean-Olivier Hairault de l’Ecole d’économie de Paris. « L’économie française ne peut plus continuer à supporter l’augmentation du taux de prélèvement sur la richesse produite. » Ces 20 milliards de déficits attendus en 2017 rongeraient plus sûrement l’effort national que la même somme offerte dès cette année sans contrepartie aux entreprises par Hollande sous couvert d’aide à la compétitivité ou que les 80 à 100 milliards d’euros annuels d’évasion fiscale opérée par les multinationales et les plus riches sans parler d’impayés de cotisations patronales, de niches fiscales et autres cadeaux divers et variés. Il n’y aurait donc pas d’autres solutions que de " réformer ", nous dit-on. Et vigoureusement : « le gouvernement ne peut se permettre une demi-réforme qui, comme celles de 1993, de 2003 ou de 2010, appellerait de nouvelles rustines quelques années plus tard », prévient solennellement Libération le 13 mai (pas si éloigné des désirs, « vite et fort », du nouveau dirigeant du Medef, Pierre Gattaz. Rappelons que les « rustines » de Libé ont vu passer les années de cotisation de 37,5 ans à 40 ans, puis à 41 ans, et enfin à 41,5 ans. Que le montant des pensions du privé ne se calcule plus sur les 10 mais les 25 meilleures années, et que l’âge légal du départ a été porté à 62 ans et qu’il faut travailler jusqu’à 67 ans contre 65 précédemment pour avoir droit automatiquement au taux plein… Des « demi-réformes » comme l’écrit le quotidien qui, en moins de 20 ans, ont fait de notre système de retraites l’un des plus durs d’Europe (35 ans de cotisations pour les Espagnols ou les Allemands qui partent en moyenne à 61 ans, 30 ans pour les Britanniques…).

    L’Europe sans tabou sauf sur les cotisations patronales

    L’argument de l’impossibilité de toute autre politique appliquée aux retraites a reçu récemment le renfort de la Commission européenne qui a monnayé sa remise de deux ans de « sursis » (sic) pour atteindre l’objectif des 3% contre des mesures à prendre « d’urgence pour équilibrer durablement » les régimes à échéance de 2020. Et pour que l’on comprenne bien, elle les a détaillées : « augmenter l’âge légal du départ », « adapter les règles d’indexation » de façon à décrocher les pensions de l’inflation, s’en prendre aux régimes spéciaux, etc. La Commission rejoint ainsi les préoccupations de Laurence Parisot qui propose d’examiner le dossier « sans tabou ». Enfin si, tout de même : Monsieur Barroso, le grand maître d’œuvre de la Commission européenne, fait une exception. Afin de préserver la compétitivité des entreprises, il précise qu’il est hors de question de toucher et d’augmenter « les cotisations sociales patronales ». Hollande a pris ombrage de ces diktats qui font de l’ombre à sa fonction dont une des missions est pour le moins, dans une démocratie, de tout faire pour garantir la souveraineté du pays. La réponse a été martiale : « Pour ce qui concerne les réformes structurelles, c’est à nous et à nous seuls de dire quel sera le bon chemin pour atteindre l’objectif. » Soit en clair, pas question de remettre en cause « l’objectif », mais juste revendiquer la prérogative de déterminer comment faire avaler la pilule…

    "Chiche, M. le président !"

     

    Devant une telle bonne volonté, on pourrait croire la presse dite d’opposition bien embêtée. Le boulot est déjà fait et si bien fait qu’il coupe aussi l’herbe sous le pied d’une droite à qui on a piqué le programme et bien plus encore. Il ne reste plus à la « grande » presse qu’à cajoler le gouvernement, l’encourager à ne pas faiblir. « Chiche, M. le président ! » titre un édito du Figaro (6 juin) qui veut « saluer cette clairvoyance soudaine, même si on peut regretter qu’elle soit si tardive. » Attention toutefois à « ne surtout pas mollir face à la grande armée des fonctionnaires » car les salariés du privé « attendent cette fameuse équité promise par la gauche ». Un clin d’œil certain à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, qui dans Le Parisien du 9 juin , avait répondu à une question sur le symbole de la retraite à 60 ans, fierté du défunt Mauroy qui avait vu là une « avancée de civilisation », par « le symbole de la gauche, c’est la justice (…) Des efforts sont nécessaires, mais ils devront être partagés par tous. »

    Une bonne vieille recette: jouer le privé contre les fonctionnaires

    La seule inquiétude du côté de la presse n’est ainsi pas de savoir si les montants des retraites vont baisser, si l’on va rogner et de combien sur ces pensions que la moyenne nationale situe à 1256 euros par mois (1603 euros pour les hommes contre 932 pour les femmes). Non, la préoccupation unanime est de savoir si notre monarque républicain va se montrer audacieux ou pas. « Hollande ira-t-il jusqu’au bout ? » titre en une Le Figaro le 6 juin. « Oseront-ils toucher aux fonctionnaires ? » s’angoisse toujours en une Le JDD le 9 juin. Le Parisien (10 juin) a fait effectuer un sondage qui chiffre à 75% le taux de réponses favorables à la question : « Pour financer le système des retraites, seriez-vous favorables ou opposé à ce que les pensions de retraite des fonctionnaires soient désormais calculées sur leurs salaires des dix dernières années et non plus des six derniers mois ? » On peut pronostiquer un bien meilleur score à la réponse si la question avait suggéré un calcul sur la base des six derniers mois pour les salariés du privé. Mais il est vrai que l’on parle des retraites des salariés pas des retraites chapeaux des dirigeants d’entreprise. Ces derniers ont le pouvoir d’aligner leurs revenus d’actifs et de retraités à la hausse, sur ce qui se pratique de plus confortable au niveau international. Il ne faut pas faire fuir les élites, surtout ne pas désespérer Neuilly-Auteuil-Passy…

    La détermination des Français supérieure à 2010

    Un rien d’inquiétude ternit toutefois ce bel ensemble. « 76% des Français, d’après La Tribune (3 mai), n’ont pas confiance dans le gouvernement pour assurer l’avenir du système actuel. " Les chiffres atteignent des records de défiance lorsque l’on évoque le montant futur de leur retraite. La finance peut se frotter les mains et espérer un recul de la confiance en la retraite par répartition en faveur de la retraite par capitalisation. Mais cette défiance, que l’on peut tenter d’entretenir à travers éditos et pseudos mesures techniques inévitables sussurés par des « experts » (recul de l’âge de la retraite, points notionnels, allongement de cotisations, tout ce dont vont débattre ces « experts » une fois rendu public le rapport de Yannick Moreau.) peut se cristalliser autrement. C’est ce que suggère un sondage réalisé par L’Humanité ( 3 juin). À la question : « Vous personnellement, seriez-vous prêts à vous mobiliser dans les mois qui viennent pour défendre le niveau de votre retraite ou de votre prochaine retraite ? », les oui (certainement et peut-être) atteignent le chiffre record de 78%. Ils plafonnaient à 58% en 2010 qui a cependant connu les manifestations les plus massives de ces trente dernières années. Rien, absolument rien n’est donc joué. La résistance en d’autres temps et certainement pas des plus faciles a déjà réussi de plus improbables retournements. À nous d’en renouer le fil.

     

     

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  • Lundi 3 Juin 2013

    1) Retraites : il n’y a pas de problème démographique

    Nous vivons plus longtemps, réjouissons-nous ! Ces années gagnées sont une conséquence du progrès des conditions de vie et du progrès social dont la retraite à 60 ans. Mais les inégalités d’espérance de vie demeurent : un ouvrier (soit 1/4 des salariés) vit en moyenne 6 ans de moins qu’un cadre. L’espérance de vie en bonne santé est aujourd’hui, en France, seulement de 61,8 ans. Et cette espérance de vie en bonne santé stagne ou recule dans de nombreux pays d’Europe, dont la France et comme l’Allemagne depuis que l’âge légal de la retraite a été reculé à 65 ans.

    Il n’y aurait plus que 7.6 retraités pour 10 actifs à l’horizon 2060 ? Oui mais avec des actifs qui produisent plus de richesses ! En 1900, la France comptait 1 agriculteur pour 3 habitants, aujourd’hui elle n’en compte plus que 1 pour 30 habitants. Connaissons-nous pour autant la famine ? Non car les progrès techniques ont amélioré le rendement de cette agriculture.

    C’est la même chose pour les retraites : la croissance multiplie les richesses chaque année, le PIB aura doublé en 2060. A nous de consacrer une part croissante des richesses à la solidarité nationale. Mieux répartir des richesses multipliées par 2 : voilà le défi des retraites à horizon 2060 !

    2) Retraites : il n’y a pas de problème de financement

    Cessons le catastrophisme : même dans les pires projections le déficit des caisses de retraites ne représente jamais que 0% à 3% du PIB. A quoi cela sert-il d’être une des premières économies mondiales si ce n’est pas pour consacrer une part de la richesse nationale à profiter en bonne santé de nos retraites ? Depuis 25 ans, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 8 à 10 points : les profits ont augmenté d’autant et se sont envolé en spéculation sans bénéficier ni à l’investissement, ni à l’emploi. Rattrapons ce retard !

    Mais le déficit des caisses de retraites est aussi le produit des politiques d’austérité. Elles jettent la France et l’Europe dans une spirale récessive et entraîne la montée du chômage. Pour atteindre l’équilibre des retraites, il faudrait d’abord relancer l’emploi. D’ailleurs selon les scénarios de reprise de la croissance, les calculs montrent que les caisses de retraites retrouvent l’équilibre si le chômage baisse vraiment !

    3) Une réforme injuste et inadaptée qui fait d’abord baisser les pensions

    Le recul de l’âge légal de départ à la retraite et l’allongement de la durée des cotisations sont de fausses solutions : 60% des personnes sont hors emploi lorsqu’elles liquident leur droit à retraite, l’entrée sur le marché du travail se fait de plus en plus tardivement : 1 jeune sur 4 est au chômage. C’est dire si l’allongement de la durée des cotisations, va multiplier les retraites incomplètes : la première conséquence du recul de l’âge légal c’est d’abord de faire baisser les pensions. Il va donc aussi avoir pour effet mécanique de creuser le déficit de l’assurance chômage…

    Quelle est l’idée sous-jacente ? Faire baisser les pensions, c’est contraindre les salariés à cotiser pour une retraite complémentaire et développer les assurances individuelles et privées. Aujourd’hui les retraites représentent un flux de 245 milliards d’euros qui échappe aux marchés financiers. C’est bien à la finance que profite le crime !

    4) Un déni de démocratie

    Hollande veut mener rapidement cette réforme des retraites alors qu’il n’a pas été élu pour ça ! Pendant sa campagne présidentielle, il n’a jamais parlé d’allonger les cotisations. Au contraire, les français l’ont choisi pour dégager Sarkozy et sa réforme inique des retraites de 2010.

    Pire, lié par le traité européen (TSCG) qu’il n’a pas renégocié ni modifié d’une ligne, Hollande se soumet aux diktats de l’Union européenne et du FMI qui exigent des réformes structurelles de notre économie et de notre modèle social. C’est au peuple de choisir son modèle de société et de solidarité ! La Commission européenne appelle la France à augmenter « encore l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux ». Ce n’est pas à la Commission européenne de dicter sa loi !

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  • Dimanche 21 Avril 2013

    Michael Canovas

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    Crédit photo photosdegauche.fr (octave_honorin)

             Après des années dans l’opposition à critiquer les réformes de la droite concernant les retraites, les dirigeants solfériniens se sont résignés à poursuivre les mêmes orientations idéologiques. Alors que le PS s’était opposé au passage de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, il veut aujourd’hui accélérer sa mise en œuvre. Le Président de la République a même annoncé un allongement éventuel de la durée de cotisation. Quatre syndicats (CGT, FSU, Solidaires et FO) ont d’ores et déjà dénoncé cette application de l’austérité aux systèmes de financement des retraites. Le gouvernement s’était déjà auparavant félicité de l’accord prévoyant une désindexation des pensions complémentaires sur l’inflation pendant trois ans. Cet accord injuste va pourtant engendrer une perte immédiate de pouvoir d’achat pour 11 millions de retraités. Le gouvernement envisage même d’étendre cette désindexation au régime général. Les députés ont par ailleurs voté la mise en place d’une contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie sous la forme d’une taxe à 0,3% pour une partie des retraités.

    La crise économique actuelle, conséquence directe de l’austérité imposée dans toute l’Europe, est devenue le prétexte à toutes les régressions sociales. La lutte de classe se radicalise car l’agressivité du capital est désormais décomplexée par l’alternance de gouvernements menant en boucle les mêmes politiques néolibérales. Les lois Fillon et Woerth sur les retraites reposaient déjà sur des choix politiques visant à alléger le « coût » du travail et à briser le modèle de solidarité républicaine. En multipliant les exonérations de cotisations sociales, les libéraux veulent augmenter les profits des actionnaires et détruire petit à petit la cotisation, c’est-à-dire le salaire socialisé, sur lequel le capital n’a aucune emprise et qui constitue ainsi un véritable levier d’émancipation. Le gouvernement Ayrault impose à son tour des politiques de l’offre faisant peser le rééquilibre des comptes sociaux sur les salariés pour épargner le capital. Cet individualisme est la base du système de retraites par capitalisation que les capitalistes se sont jurés d’instaurer dans notre pays. En désarmant peu à peu l’Etat social, ils entendent privilégier les acteurs privés : là ou l’Etat recule, les intérêts privés progressent, et les plus démunis en sont les premières victimes.

    Une politique absurde et injuste

    Pour résoudre le problème de financement des retraites (déficit de 20 milliards d’euros prévus pour 2020), il n’y aurait selon les libéraux que deux possibilités : accroître le nombre de trimestres nécessaires et reporter l’âge légal de départ en retraite. Augmenter le nombre d’annuités conduirait à diminuer le montant des pensions versées, déjà largement insuffisantes pour vivre décemment. Peu d’individus seront en mesure de travailler assez longtemps et les retraités percevront donc des pensions minorées après des carrières devenues incomplètes. La durée d’annuités est en moyenne de 36,5 ans, bien loin des 41 ans aujourd’hui nécessaires pour percevoir une retraite à taux plein. Seules 44% des femmes valident une carrière professionnelle complète, contre 62% pour les hommes. Le report de l’âge légal visant à compenser l’allongement de l’espérance de vie est d’une absurdité inouïe, puisqu’il existe une relation inverse entre le temps de travail et la durée de vie : nous vivons plus longtemps car nous travaillons moins. Travailler moins, c’est vivre plus ! Face aux solutions antisociales prônées par le gouvernement, il est essentiel de changer de logique.

    Favoriser le travail et l’égalité

    Dans l’urgence, il faut d’abord en finir avec les exonérations de cotisations patronales, faire cotiser les revenus financiers et mettre à contribution l’ensemble des revenus non soumis à cotisations (intéressement, participation, etc.). Les travailleurs et les retraités n’ont pas à payer pour les « cadeaux sociaux » faits au patronat depuis trente ans. Sur le plus long terme, il faut avant tout une politique de création massive d’emplois : un million d’emplois en plus c’est cinq milliards d’euros de rentrées de cotisations supplémentaires pour les retraites. L’Etat doit donc investir massivement dans l’économie par l’intermédiaire d’un pôle public bancaire au service de l’intérêt général. Il doit également sécuriser le travail en augmentant les droits de salariés et en créant une loi d’interdiction des licenciements économiques dans les entreprises en bonne santé financière. Il faut donc faire tout l’inverse de la politique actuelle du gouvernement qui choisit l’impuissance face aux plans sociaux et qui va accélérer les licenciements avec la loi made in Medef, en débat actuellement au Sénat.

    L’aggravation du déficit des comptes sociaux n’est pas liée à un choc démographique mais bien à une crise du travail, des salaires et à la répartition profondément injuste de la valeur ajoutée. Il faut créer des millions emplois, mais aussi augmenter les salaires pour créer une véritable relance et échapper au cercle vicieux de l’austérité qui contracte perpétuellement l’activité. Revaloriser les salaires, c’est relever d’autant le niveau des sommes disponibles pour les retraités. Pendant les années 1970, le plein emploi assurait un équilibre solide des caisses de retraites. Par ailleurs, l’égalité des sexes doit être un axe majeur d’une grande réforme de l’emploi. Favoriser le travail des femmes et faire respecter l’égalité des salaires entre les sexes permettraient d’élargir de manière considérable le volume de cotisations.

    A partir de ces nouvelles ressources, le Parti de Gauche propose un droit à une retraite à taux plein pour tous dès 60 ans (75% du salaire de référence). Aucun retraité ne pourra percevoir de pension inférieure au SMIC (ramené à 1 700€ nets en 5 ans). La pénibilité du travail devra également être prise en compte donnant droit à des départs anticipés. Les années d’études seront comptabilisées dans les années de cotisations. A l’inverse des orientations libérales privilégiées depuis plus de trente ans, notre choix sera celui de la République sociale : postulant que « le but de la société est le bonheur commun », Saint-Just souhaitait dès 1793 « donner à tous les français les moyens d’obtenir les premières nécessités de la vie sans dépendre d’autre chose que des lois ».

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