• Sur Le Grand soir, mercredi 7 octobre

    Par Benjamin Lagues, Frédéric Lemaire (Acrimed)

    Lundi 5 octobre, le directeur des ressources humaines d’Air France a été pris à partie par les salariés en marge du comité central d’entreprise, qui a annoncé 2 900 licenciements d’ici 2017. Un spectacle qui a fait perdre aux éditorialistes leur sang-froid. Retour sur un « lynchage » médiatique : celui des résistances syndicales.

    Une presse écrite (presque) unanimement scandalisée
    L’occasion était trop belle et Le Figaro n’a pas manqué de s’en saisir. En « Une » de son édition du mardi 6 octobre, le quotidien de Serge Dassault s’interroge : « Les extrémistes d’Air France vont-ils tuer la compagnie ? »

    Cette « Une » tonitruante s’accompagne d’un éditorial signé Gaëtan de Capèle qui donne le la de la couverture médiatique des incidents du 5 octobre. On aurait ainsi assisté au « lynchage en règle » du DRH d’Air France, qui ferait écho à de précédentes « prises d’otage de dirigeants ». Des actes criminels, donc, qui « doivent être réprimés avec la plus grande sévérité ».

    Mais au-delà de ce seul événement, c’est bien le rôle des syndicats qui est pointé du doigt, responsables du « blocage social dont souffre la France ». Qu’il s’agisse des retraites, du droit du travail ou encore de l’assurance chômage, « il se trouve, à chaque fois, une opposition syndicale pour interdire de mettre en œuvre des solutions d’avenir ».

    Le Monde emboîte le pas au Figaro. En « Une » figure l’image du directeur adjoint d’Air France qui escalade une grille avec l’aide de la police pour échapper à la colère des salariés :

    La rhétorique figaresque du « lynchage » est reprise de manière très explicite par Plantu, qui signe un dessin avec la tendresse (un brin railleuse) qu’on lui connaît pour le mouvement syndical :

    Le quotidien « de référence » revient sur la crise d’Air France dans son supplément économie ; un supplément dont on a déjà évoqué le souci constant de pluralisme. Et logiquement, le seul témoignage que choisit de publier Le Monde pour faire la « chronique d’un crash devenu inévitable » est celui d’un cadre dirigeant pour qui « on en serait pas là si pendant vingt ans les directions de l’entreprise n’avaient pas acheté la paix sociale ».

    Mais pour Le Monde la faute en revient à l’État français qui « a soutenu la politique d’achat de la paix sociale, afin d’éviter les grèves. » Autant dire qu’il était temps de taper du poing sur la table ! A la lecture du quotidien, le licenciement de 2 900 salariés pourrait presque sembler magnanime. Puisqu’il s’agit de « s’adapter ou disparaître »…

    Ce journalisme pro-marché ne doit cependant pas surprendre de la part du quotidien du soir, devenu « l’accessoire préféré des classes dominantes ». Pas un dérapage, donc, mais bien une ligne éditoriale choisie et assumée.

    Le Parisien en rajoute dans le sensationnalisme en figurant la photo, en pleine page, du DRH d’Air France qui semble revenir de l’enfer :

    Là encore, une occasion de pester sur les mouvements syndicaux, et « la stratégie suicidaire de ses pilotes et plombée par des grèves indécentes aux conséquences financières désastreuses ».

    Un refrain entonné par Les Échos qui dénoncent, en « Une », un « dérapage » :

    Les Échos dénoncent les violences des salariés qui « ont manqué de lyncher » les dirigeants d’Air France. Elles témoignent d’une « civilisation où prévaudrait la loi du plus fort ». Mais surtout, elles sont représentatives des « dérapages » des syndicats « dans un pays où réformer est une mission quasi impossible ».

    Et l’éditorialiste du quotidien économique de s’indigner : « Trop c’est trop ! Après les occupations d’usine, les dégradations d’outil de travail et les patrons séquestrés, voilà donc venu le temps de l’agression physique des dirigeants. Un degré de plus dans la litanie des dérapages qui ponctuent trop souvent les conflits sociaux dans notre pays […] Le pavillon national ne peut pas être prisonnier de pilotes assis sur leurs privilèges et de casseurs surexcités. » Là encore, ce parti-pris ne doit pas surprendre de la part d’un quotidien qui, à l’instar du Monde, a choisi une ligne éditoriale libérale assumée.

    « Sondages » bienveillants
    Le Point, quant à lui, en appelle à ses lecteurs avec une question parfaitement neutre [1] :

    De la même manière, M6 et Yahoo en appellent à la sagesse populaire par une question là aussi pas du tout orientée :

    Côté presse écrite nationale, L’Opinion clôt le bal des outrés avec une délicatesse toute particulière : « Ce serait probablement beaucoup demander à ces quelques abrutis qui ont molesté les dirigeants d’Air France que de réfléchir aux conséquences de leurs actes ».

    Notons enfin que les télévisions d’information en continu ne sont pas en reste : alors que BFM business revient gravement sur les maltraitances des patrons par leurs salariés (« Quand les patrons sont malmenés par leurs salariés »), I-télé s’interroge : « Après Air France, quelle vision des syndicats ont les Français ? ».
    ***
    Acrimed a eu beau chercher, aucun « grand média » ne s’est interrogé sur l’image des patrons après l’annonce des licenciements à Air France. Si les violences à l’encontre de deux cadres d’Air France ont suscité les cris d’orfraie des éditorialistes, la violence d’un plan de licenciement touchant 2900 personnes a provoqué, quant à elle, au mieux un silence résigné, au pire des justifications enthousiastes.

    Redisons-le encore et encore : le problème du traitement médiatique du cas Air France n’est pas un problème d’opinion. Que des journaux assument une ligne libérale n’est pas en soi un problème, c’est même leur droit le plus absolu. En revanche, l’unanimisme de la presse dominante, en particulier pour jeter l’opprobre sur les résistances sociales, pose un évident problème de pluralisme.

    Et le cas Air France montre une fois de plus comment une partie de la presse française se comporte en chien de garde des intérêts des classes dominantes, toujours prompte à condamner les « violences » des salariés et à cautionner la violence (invisible) du marché.

    Benjamin Lagues et Frédéric Lemaire (avec Julien Salingue)
    Mercredi 7 Octobre 2015.

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Sur Le grand soir

    Par Maxime VIVAS

     

    Le dimanche 30 août 2015 de 9 h à 10h15, un des ateliers du Remue-méninges du Parti de gauche réunissait à l’Université Jean Jaurès de Toulouse, devant un public nombreux, Danièle Simonnet, responsable nationale du PG et ex-candidate à la mairie de Paris, Sara Serrano, représentante de la Tuerka (télé de Podemos) Frédéric Lemaire d’Acrimed et d’Attac et moi-même pour Le Grand Soir.

    Le thème était : Médias vs médias.
    Vous lirez ci-dessous un texte qui ne reproduit pas fidèlement ce que j’ai dit. En effet, une grand partie a été dite et non lue et, de plus, le temps nous a manqué. J’ai donc informé les participants que je publierai sur LGS ce que j’ai dit, plus ce que j’avais prévu de dire.

    Après m’être présenté (ma-vie-mon-oeuvre), j’ai présenté LGS.

    Le Grand Soir

    LGS existe depuis 2002. J’en suis un des administrateurs depuis 2008. A ce jour, LGS a publié 21 000 articles de 1 700 auteurs du monde entier et 66 000 commentaires de lecteurs. La publication sur le site est modérée (contrôlée a priori). Nous avons un nombre de lecteurs/uniques qui varie entre 10 000 et 15 000 environ par jour, 350 000 à 500 000 lecteurs par mois, auxquels il faut ajouter les lectures sur d’autres sites qui reprennent nos articles, plus Tweeter et Facebook et parfois les médias classiques (Arte...).

    La ligne éditoriale du GS est simple : on ne tape pas sur les individus, associations, pays en état de Résistance. De résistance à la pensée unique, à ses armées médiatiques, à ses armées tout court.

    Cela signifie que, en principe, vous ne verrez pas en une du GS un article contre les syndicats, contre les partis de gauche (j’ai dit de gauche et je me comprends), contre les pays qui luttent pour leur indépendance (Cuba, le Venezuela, la Bolivie, etc.), contre Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent ou Olivier Besancenot, Tsipras, Maduro, Raul Castro (qui a cessé d’être un dictateur dans nos médias depuis qu’Obama lui faisant des risettes, il convient de l’appeler désormais « le président Raul Castro »).

    Cela ne signifie pas que tous ceux que je viens de citer n’ont que des qualités, mais leurs défauts nous sont servis cent fois par tous les médias dominants et, par conséquent, vous les connaissez assez bien sans venir nous lire.

    Nous appuyons plus sur les points communs que sur les divisions de la gauche et pour ma part, je rêve d’un grand rassemblement autour d’un projet commun. J’ai assisté au Venezuela à la naissance du PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela), fait de l’union de 24 partis.

    Le slogan du GS est : «  Informer n’est pas une liberté pour la presse mais un devoir ».

    L’enfumage de l’attaque du Thalys

    Permettez que je commence en regardant avec vous comment les médias unanimes ont rendu compte de l’attaque dans le TGV Thalys, le vendredi 21 août. Le soir même, nous avons appris qu’un forcené avait été mis hors d’état de nuire par deux soldats américains qui avaient reconnu (des vrais pros), à travers la porte des toilettes, le cliquetis caractéristique d’une kalachnikov qu’on arme.

    En parallèle de l’héroïsme de deux éléments de l’armée US, nous avons dû déplorer l’incompétence de la SNCF, la lâcheté de son personnel et ... la mise en danger d’un artiste précieux.

    Attendez-vous à savoir que les deux héros américains du vendredi 21 août étaient 6 et pas tous américains. Il y avait :
    -  Damien X, un Français de 28 ans qui veut garder l’anonymat (premier intervenant, il tenta de désarmer l’assaillant alors que celui-ci sortait des toilettes). 
    -  Mark Moogalian, un franco-américain, professeur d’anglais à la Sorbonne, blessé par balle après avoir arraché la kalachnikov des mains du forcené. Depuis son lit d’hôpital, il est sorti du silence hier pour protester contre la version des faits selon laquelle il était un passager blessé par une balle perdue alors qu’en vérité le forcené lui a délibérément tiré dessus au pistolet.
    -  Alek Skarlatos, soldat US,
    -  Spencer Stone, soldat US (blessé à coups de cutter),
    - Anthony Sadler, étudiant américain et ami de Stone et Skarlatos,
    -  Chris Norman, passager britannique qui est aussi intervenu.
    Les 3 Etats-uniens et le britannique ont été illico décorés de la Légion d’honneur par F. Hollande. Ça urgeait !

    La prétendue lâcheté des agents de la SNCF a été sur-médiatisée grâce à Jean-Hugues Anglade, un acteur qui avait confondu le personnel féminin du bar-restaurant en fuite (comme lui) avec des contrôleurs SNCF.

    Or, deux agents de la SNCF sont également intervenus : le chef de bord Michel Bruet a éloigné d’un coup de pied l’une des armes du forcené (il était donc au coeur de l’action, loin de J-H Anglade) et Eric Tanty, conducteur du Thalys, qui a aidé à maîtriser le tireur (et pas en restant assis dans sa cabine). 

    Lu sur le site de la SNCF (http://www.sncf.com/fr/presse/fil-info/fusillade-thalys-pepy-5974632) : « La France récompensera ses propres ressortissants, a déclaré François Hollande, lors de la cérémonie de remise de Légion d’honneur à Stone Spencer, Alek Skarlatos, Anthony Sadler et Chris Norman. Le président de la République a aussi rendu hommage aux Français dont deux agents SNCF. Ces derniers recevront également la Légion d’honneur pour avoir contribué à éviter la catastrophe à bord du Thalys Amsterdam-Paris, le vendredi 21 août ».

    Pourquoi recevront et non pas : ont reçu  ? En dernière minute, on apprend qu’ils «  devraient également être décorés dans les mois qui viennent ».

    Dans les mois qui viennent...

    Par quel mystère l’annonce initiale ne parla-t-elle que de « l’héroïsme de deux soldats américains » ? Le drame s’est produit en un espace clos, devant des dizaines de témoins, on pouvait savoir aussitôt.

    Fallait-il que dans la France au gouvernement et aux médias atlantistes, on glorifie à tout prix les USA, même au prix de la désinformation et du dénigrement de nos ressortissants ?

    Voulez-vous faire le pari que, même si on cerne à présent d’assez près ce qui s’est passé, votre entourage persistera pendant des mois ou des années, voire toujours (et de bonne foi) à répéter la version première, celle qui est fausse ?

    Faisons ce constat : quand la presse désinforme, c’est toujours en faveur de la même idéologie, en faveur des mêmes et contre les mêmes.

    Parlons à présent des médias en général. Mais clarifions le sujet qui nous réunit.

    Quand je dis « les médias », il faut entendre : « les médias dominants », ceux qui « font l’opinion ». On va distinguer :

    A - Les banquiers et industriels qui investissent dans la presse alors que c’est l’industrie la moins rentable. Mais, ceux qui paient l’orchestre choisissent la musique (voyons Bolloré avec les Guignols. Voyons comment Mathieu Gallet a expédié Daniel Mermet). Ceux qui possèdent l’orchestre sont propriétaires des musiciens ; ils choisissent les lieux, les heures, la fréquence des concerts et la puissance des baffles. Ce sont nos adversaires.

    Une Ordonnance du Conseil National de la Résistance (CNR) voulait assurer, dès la libération du territoire, la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères. Cette Ordonnance a été modifiée, ce qu’il en reste est bafouée .

    Presse nationale, les principaux propriétaires de journaux :

    Le Figaro Dassault (Aviation, armement)
    le Monde Niel (Free), Pigasse (Banque)
    Libération Rothschild, puis Patrick Drahi (un richissime franco-israélien)
    Aujourd’hui en France Amaury (Médias)
    Le Nouvel Observateur Bergé–Niel–Pigasse et Groupe Perdriel
    Le Point Pinault (Luxe,commerce)
    Les Echos Arnault (LVMH)
    Marianne, Yves de Chaisemartin, Maurice Szafran
    L’Express encore Patrick Drahi
    Challenges Claude Perdriel (Médias)
    Valeurs Actuelles Pierre Fabre (Pharmacie), Dassault (Groupe Valmonde).

    L’Etat au secours des adversaires de l’Etat

    Ce qui est ahurissant est que ces journaux, qui s’offusquent du « Tout Etat », de « l’Etat-providence », du « coût des fonctionnaires », de l’absence de goût des Français pour le risque entrepreneurial, vivent grâce aux subsides de l’Etat. Que l’Etat aide la presse, pourquoi pas ?

    Mais voyons comment sont réparties les aides :

    Audio-visuel :

    Et en ce qui concerne les médias audiovisuels, en dehors des chaînes publiques c’est la confiscation par les mêmes :
    TF1 (TF1, LCI, NT1...) appartient à Bouygues,
    Canal+ (Canal+ Direct 8...) Vivendi (Groupe Bolloré BlackRock , Société générale , Amundi , Caisse des dépôts , salariés 3,13 %...),
    M6 (M6,W9...) à Bertelsmann (groupe RTL).
    BFM TV appartient à A. Weil, Europe 1 à Lagardère, RMC A. Weil, RTL à Bertelsmann, etc.

    Quant aux chaînes publiques, on ne sait pas les distinguer idéologiquement des chaînes privées. Idem pour les radios (pensons à Bernard Guetta, à Arnaud Leparmentier...).

    B- Les journalistes vedettes dont certains gagnent 30 fois le SMIC. En 2009, David Pujadas a publié chez Flammarion un livre intitulé : « Vous subissez des pressions ? ». Il y répond par la négative.

    Pourquoi en effet le presser alors qu’il a été mis où il est parce qu’on savait ce qu’il dirait. Et pareil pour ses confrères des autres chaînes. Les horloges ne se concertent pas pour donner la même heure. Elles ont été conçues pour ça et celles qui contreviennent d’une seule minute ne plastronnent pas sur les clochers où sur les frontons des gares.

    Ces journalistes-là sont des adversaires politiques déguisés en journalistes. On en voit à foison qui sont mariés à des politiques, ils fréquentent les mêmes restaurants, les même lieux de vacances….

    C- Les journalistes du rang, qui ont la sécurité de l’emploi et des conditions de vie agréables. Parmi eux, certains ont une éthique, mais d’autres feraient n’importe quoi pour devenir journalistes vedettes. Ce sont aussi des adversaires politiques. Il me vient des exemples comme celui de Jean-Hébert Armengaud de Libération qui a honteusement traficoté des propos d’Hugo Chavez pour justifier un titre crapuleux : «  Le credo antisémite d’Hugo Chavez . »
    (http://www.legrandsoir.info/Chavez-antisemitisme-et-campagne-de-desinf...)
    Aujourd’hui, il est rédacteur en chef de Courrier International.

    Le philosophe Alain a écrit : « Celui qui a trahi le peuple apparaît comme dominé pour toujours par le luxe, par la vie facile, par les éloges, par le salaire enfin de l’Homme d’Etat. L’autre parti n’offre rien de pareil. Il n’y a donc point deux tentations, il n’y en a qu’une. Il n’y a point deux espèces de trahison, il n’y en a qu’une. Toute la faiblesse de n’importe quel homme le tire du même côté. La pente est à droite ». 

    D- Les précaires en CDD, les pigistes dont la plume est serve comme l’est la main de l’ouvrier pacifiste qui travaille à l’arsenal ou de l’ouvrier syndiqué qui imprimé la presse de droite, etc. On n’a pas de reproches plus vifs à faire à ces journalistes qu’aux catégories ouvrières que je viens de citer. Mais si leur soif de réussite les conduit à imiter les journalistes vedettes et ceux qui veulent le devenir, alors, précaire ou pas, ils sont des adversaires politiques.

    Toujours le philosophe : « Quand je vois un jeune auteur arriver de province avec de l’esprit, de la vanité et une plume facile, je ne sais pas au juste quelle opinion il prendra, mais je sais celle qu’il ne prendra pas. »

    Les médias-mensonges.

    La première victime d’une guerre s’appelle la vérité. On a vu le mensonge des armes de destruction massive dans la fiole brandie par Collin Powell à la tribune de l’ONU, on a vu les charniers de Tsimisoara, on a lu les propos attribués à tort à Mahmoud Ahmadinejad (« Il faut rayer Israël de la carte »), etc.

    Comment le FN pénètre des foyers sans y mettre un pied (botté)

    Je vis dans un petit village au sud de Toulouse. On n’y compte aucun immigré, on n’y enregistre pas des vols ou d’incivilités (en tout cas, pas plus qu’il y a un siècle et sans doute moins), pas de bagarres, de meurtres ni de viols ; le taux de chômage est bas. Au premier tour des élections départementales de 2015, le FN qui n’a aucun militant déclaré dans le village, qui n’y distribue aucun tract, qui n’y tient pas de réunion publique, obtient deux fois plus de voix que le PCF qui a eu un conseiller municipal communiste, connu et respecté.

    Le FN est entré dans les foyers par les médias qui ont convaincu 19 % des électeurs que ce vote-là en valait bien d’autres. C’est Jean-Marie Le Pen qui le confesse « Nous existons par les médias ».

    Le FN, la pensée unique (celle des maîtres du CAC 40) sont véhiculés par des médias que nous payons de nos impôts, de notre redevance et par la publicité.

    Dites-nous où sont les télés de gauche parmi les dizaines qui sont offertes à nos zappettes ? Dites-nous où sont les chroniqueurs politiques ou économiques de gauche dans les médias ?

    Les débats ? Parlons-en

    On dira : les médias audiovisuels sont ouverte aux débats contradictoires. Certes, mais, là aussi, le trucage règne.

    1- Sont invités sur les plateaux les « bons clients » pour l’Audimat, les beaux parleurs et quelques-uns des compères « qui se connaissent, qui déjeunent ensemble, qui dînent ensemble », dixit le sociologue Pierre Bourdieu qui insiste : « En fait, l’univers des invités permanents est un monde clos d’inter-connaissance, qui fonctionne dans une logique d’auto-renforcement permanent ».
     

    2- Pour le linguiste états-unien Noam Chomsky, il s’agit aussi de « limiter strictement l’éventail des opinions acceptables, mais en permettant un débat vif à l’intérieur de cet éventail et même d’encourager des opinions plus critiques et dissidentes. Cela donne aux gens l’impression d’être libres de leurs pensées, alors qu’en fait, à tout instant, les présuppositions du système sont renforcées par les limites posées au débat ».

    3- Un autre moyen d’empêcher l’expression d’idées se démarquant du « bon sens populaire » est de multiplier les intervenants dans un temps d’émission réduit. L’animateur lâche des « Oui, oui » impatients, des cavaliers « On a compris », voire : « En une phrase, pouvez-vous nous dire si la Grèce… ? ». Ou encore : « Notre émission touche à sa fin. Vous avez 30 secondes, Albert Einstein, pour nous expliquer votre théorie de la relativité ».

    Au Venezuela, des militants ont créé une école latino-américaine de cinéma et de télévision qui permet aux gens des quartiers et des villages de fabriquer eux-même leurs programmes, sans attendre que ceux des grands médias s’améliorent et se moralisent. Ces militants essaiment leur savoir-faire dans toute l’Amérique latine. Avec la Tuerka, les Espagnols semblent avoir réussi à créer un média de masse. Il nous reste à voir comment faire ici.

    Maxime Vivas

    PS. LGS a invité les autres participants à ce débat à lui faire parvenir le texte de leur contribution pour publication.

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Par Acrimed

    par Frédéric Lemaire, Julien Salingue, le 1er juillet 2015

    Dans la soirée du 26 juin, Alexis Tsipras annonçait son intention d’organiser un référendum sur le plan d’austérité proposé par les créanciers de la Grèce en échange de leur soutien financier. Consulter le peuple grec sur les réformes « indispensables » qui lui sont imposées ? « Irresponsable » répond en chœur la fine fleur de l’éditocratie française, dont les tweets rageurs préfiguraient les points de vue… tout en nuances.

    En 2011 déjà, l’annonce d’un référendum, finalement abandonné, sur le « plan de sauvetage » européen avait provoqué une levée de boucliers médiatique. De cette fronde contre le « dangereux coup de poker grec », Le Monde prenait déjà la tête : « Ce n’est pas ainsi que l’Europe doit fonctionner » assurait le quotidien, qui anticipait non sans cynisme un résultat défavorable : « Imagine-t-on d’ailleurs un peuple acceptant, unanime, une purge aussi violente que celle proposée ? [1] Ce lundi, deux jours après l’annonce d’Alexis Tsipras, l’éditocratie française a remis le couvert.

     

    Le Monde sonne la charge

    Ainsi, selon l’éditorial du Monde, la tenue d’un référendum serait un « piètre chantage », voire un aveu de « faiblesse politique » de la part d’Alexis Tsipras qui refuserait « d’endosser l’échec des négociations ». Un échec dont les « Européens », c’est-à-dire les dirigeants européens, ne seraient en aucun cas responsables. Stricts mais bienveillants, ceux-ci seraient, à l’instar d’Angela Merkel, conscients de leur « responsabilité historique ». Et même prêts à se montrer souples si le mauvais élève grec acceptait de « moderniser l’État » et « collecter l’impôt ». Peu importe si l’intransigeance des créanciers portait davantage sur les mesures d’austérité, telle que la diminution des pensions. C’est Tsipras qui doit « faire preuve, enfin, de responsabilité »… c’est-à-dire à suivre les instructions des éditorialistes du Monde et « changer de posture ». De toute évidence, l’éditorialiste anonyme du Monde, à l’image de nombre de ses confrères, a choisi d’ignorer le point de vue grec sur le déroulé des événements, et notamment le récit du ministre de l’Économie Yanis Varoufakis, pourtant publié sur divers sites.

    Une nouveauté : pour les lecteurs qui souhaiteraient s’épargner la lecture de l’éditorial du Monde, une version sous forme de dessin pour les enfants est disponible en « Une » :

    Plusieurs dessinateurs du quotidien ont même été mis à contribution, comme en témoigne ce chef d’œuvre de Xavier Gorce, également publié le 30 juin :

    Le même Xavier Gorce qui est revenu à la charge dans l’édition du 1er juillet :

    Comme nous l’avions déjà noté, il suffit souvent, pour donner la mesure du caractère résolument caricatural des partis pris de l’éditorial du Monde, de lire... Le Monde. Ainsi, en cherchant un peu dans le dossier consacré à la Grèce, on trouve les articles de la correspondante Adea Guillot et de l’envoyée spéciale Annick Cojean, qui détonnent en donnant la parole aux Grecs [2]... Même si le choix des citations mises en exergue par un secrétariat de rédaction facétieux s’avère, lui, plus « orienté ». Qu’on en juge : « Ce référendum est une mascarade, un coup d’État constitutionnel » (Antonis Samaras, chef de l’opposition) ; « On frôle la limite de ce que prévoit la Constitution mais sans la violer ouvertement » (un constitutionnaliste) ; « J’ai peur du précipice et du retour à la drachme » (un jeune Grec) ; « Je déteste l’extrémisme, or ce vote nous pousse dans nos derniers retranchements » (un vendeur).

     

    Libération à l’unisson ?

    Dans l’éditorial de Libération (29 juin), Marc Semo reconnaît quant à lui qu’il est « légitime, sur le principe » d’en appeler au peuple. Mais sous conditions. Lorsque l’ancien Premier ministre Papandreou propose un référendum pour s’assurer « que les sacrifices imposés par le maintien dans la monnaie unique [soient] pleinement assumés par ses concitoyens », c’est un gage apprécié de « culture sociale-démocrate scandinave ». Lorsque Tsipras propose un référendum sur les propositions des créanciers de la Grèce et appelle à les rejeter, ce sont des « propos irresponsables ». Comprenne qui pourra.

    En fait, Marc Semo reproche à Tsipras de n’avoir pas tenu un référendum sur la sortie de l’euro, mais sur le plan de rigueur imposé par les créanciers. Et de dissimuler aux Grecs que le « non » aux propositions des créanciers serait synonyme d’un « oui » à une sortie de l’euro, et donc de conséquences catastrophiques. Des reproches que partagent… Antonis Samaras, leader de l’opposition grecque. Pourtant une autre issue est possible : les créanciers pourraient tenir compte du rejet de leurs propositions par la population grecque, et mettre de l’eau dans leur vin… Mais cela ne semble pas effleurer l’esprit de Marc Semo pour qui les gouvernements européens, « tout aussi légitimes » que le gouvernement grec, n’ont fait que « rappeler les règles de la zone euro » et « essaient d’éviter le pire ». Qu’ils en soient remerciés.

    D’après notre éditorialiste, une majorité de Grecs seraient d’ailleurs favorables au plan européen. Le chef du service étranger de Libération n’a visiblement pas pris soin de consulter ses correspondants sur place à Athènes : aucun sondage n’a été publié sur le référendum, d’après Pavlos Kapanais qui travaille entre autres pour... Libération.

    Notons tout de même que le reportage sur place de Maria Malagardis fait, en page opposée, un contrepoint factuel à la charge de l’éditorialiste de Libération.

     

    Jean-Marie Colombani (et quelques autres) au meilleur de leur forme

    Commentaires à l’emporte-pièce depuis le fauteuil confortable d’une rédaction parisienne, informations bancales et autres partis pris droitiers sont le lot commun des éditocrates. Mais en la matière, les éditorialistes du Monde et de Libération ne font pas le poids face à Jean-Marie Colombani. Dans une tribune publiée dans Slate, il dénonce « l’imposture Tsipras » ainsi que Syriza, un parti « anti-européen », « national-populiste », qui aurait « conduit le pays dans l’impasse ». Il est vrai que la situation du pays était excellente avant les élections de janvier 2015.

    Le mot « référendum » évoque-t-il de mauvais souvenir à Jean-Marie Colombani ? Furieux, il dénonce la consultation des Grecs qui serait en fait… « une prise en otage » des Grecs. Les dirigeants européens, quant à eux, « ne peuvent pas abandonner les Grecs à leur triste gouvernement ». Après Arnaud Leparmentier, c’est au tour de Jean-Marie Colombani de signer un nouvel appel à renverser le gouvernement grec. Les Grecs ont voté et soutiennent Syriza ; mais, c’est bien connu, les éditocrates savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui. Et Colombani de le prouver dans une conclusion pleine de lucidité : « Les Grecs méritent mieux que Tsipras et ses alliés. Comme ils n’avaient pas hier mérité les colonels. »

    Un article publié sur le site de Marianne revient sur les réactions de la presse à l’annonce du référendum. On retrouve une apologie – prévisible – des « réformes » dans Le Figaro :

    Les masques sont donc tombés en Grèce, mais aussi en Irlande, au Portugal, en Espagne. Tous, à l’exception d’Athènes ont choisi de se réformer au pas de charge pour tenter de conserver la monnaie européenne. Les efforts et le courage ont payé. La seule question est désormais de savoir si la Grèce peut gagner sa place dans la zone euro.

    Le Figaro qui, à la « une » de son édition du 30 juin, publie un éditorial titré « Faux semblants », où l’on peut lire que « le référendum que propose aux Grecs Alexis Tsipras a tout d’un leurre », que « l’appel au peuple de Tsipras n’est qu’un "coup" politique camouflé sous le masque de la démocratie directe » et dans lequel est évoqué « le vide abyssal du projet politique de Tsipras ». Tout en finesse.

    Pas en reste, le JDD titre quant à lui son article d’analyse « Alexis Tsipras, maître chanteur » [3]. Tout en nuances, à l’instar des jugements portés sur la décision d’en appeler au vote du peuple grec :

    Alexis Tsipras a choisi de suivre un chemin dangereux pour son pays et de mettre le couteau sous la gorge des leaders européens.

    Il faut dire que la « une » du journal annonçait la couleur…

    Dans Les Échos, c’est Dominique Seux qui se fait remarquer en s’insurgeant contre « le coup de poker de trop d’Alexis Tsipras », évoquant un « chantage grossier » de la part des autorités grecques et dénonçant leur « comportement irresponsable et provocateur ». Et de conclure : « Athènes doit revenir à la table des négociations ». Sinon ?

    Dans L’Opinion, Luc de Barochez dénonce, avec force accents colombaniens, « l’incompétence, de l’irresponsabilité voire de la malhonnêteté de Syriza ». Selon lui, « le référendum convoqué par Alexis Tsipras dévoie la démocratie ». Conclusion : « Face à des maîtres chanteurs, seule la fermeté paye ». Notons que là encore, la « une » du quotidien se distingue par son sens de la mesure :

     

    ***


    Nous aurions pu poursuivre ce petit tour des réactions de la presse à l’annonce du référendum grec par la « une » du Monde du 1er juillet, qui oppose « Tsipras » et « les Européens » :

    … ou encore avec le double éditorial Joffrin – Quatremer dans l’édition de Libération du mardi 30 juin (sur lequel nous aurons l’occasion de revenir).

    … voire avec Les Échos, où l’on a pu lire des tribunes dans lesquelles Tsipras est qualifié de « braqueur de banque ». Au risque de lasser le lecteur…

    Mais cette « revue de presse » n’est pas seulement une accumulation de prises de position fort éloignées du devoir d’informer, voire même outrancières : elle dessine une cohérence dans les partis pris de l’éditocratie française, qui de nouveau se range du côté des institutions européennes (rebaptisées une fois de plus « l’Europe » ou « les Européens ») et joue le rôle de chien de garde de l’eurocratie contre les empêcheurs d’austériser en rond. Voilà qui n’est pas sans rappeler le traitement médiatique d’un certain référendum organisé en 2005, duquel aucune leçon ne semble avoir été tirée.

    Dès lors, doit-on conclure que « la presse » est contre la Grèce ? Ce serait tentant, mais inexact : tout d’abord ce serait oublier la presse alternative, et toute une partie de la presse qui n’a pas participé à la curée contre le gouvernement grec, voire qui l’a dénoncée. Et même au sein de la presse dominante, des voix discordantes existent : il n’est pas rare qu’au sein même de « grands quotidiens », les reportages des envoyés spéciaux, ou des correspondants sur le terrain, contredisent les arguties libérales déversées à flot constant par nos éditocrates. De salutaires résistances à l’unanimisme éditorial eurobéat, sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir... mais qui ne sont malheureusement pas un contrepoids suffisant au bruit médiatique qui nous est imposé depuis quelques jours par ceux qui pensent que lorsque le peuple n’est pas d’accord avec une politique, il faut changer de peuple.

    Frédéric Lemaire et Julien Salingue


    Post-scriptum (1er juillet, 12h30) : Interpellé sur Twitter à propos de l’un des dessins que nous avons reproduits ci-dessus, Xavier Gorce, dessinateur au Monde, s’est fendu d’une réponse... qui se passe de commentaires :

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  • Sur Ma vie au poste, le blog télé de Samuel Gontier

    « Voyons si la population grecque cède déjà à la panique », propose Claire Chazal. Oh oui ! Une vraie panique, en direct dans le 20 heures ! Un « bankrun », des émeutes devant les distributeurs automatiques, des guichets pris d’assaut par des épargnants ruinés… Dimanche soir, toutes les chaînes, Arte comprise, guettaient les premiers signes de l’inéluctable « chaos » grec… annoncé par ses créanciers, en qui on ne saurait douter.
    « Le dimanche, c’est jour de messe, même pour les Grecs [ces feignants, ndlr], commence le reportage de la chaîne franco-allemande. Certains ont peut-être allumé un cierge pour le salut de leur pays. » Seul un miracle pourrait absoudre les Grecs de leurs péchés. « Le ministre grec des Finances, lui, n’a pas pu faire son devoir dominical. » J’ignorais que Yanis Varoufakis fût un fervent dévot — j’ai bien fait de regarder Arte.Sur France 2 non plus, « les Grecs n’ont en apparence rien changé à leurs habitudes ». Après s’être rendus à la messe d’Arte, « ils profitent d’un dimanche à la plage ou à la pêche ». Et ils osent se plaindre ! Alors qu’ils profitent du soleil et de la mer à longueur d’année ! « Vive la Grèce ! », crie un pêcheur irresponsable en brandissant un poulpe. « Et pourtant chacun a bien conscience que le pays traverse un moment difficile. » « On a peur, il faut que le gouvernement négocie sinon on n’arrivera à rien, confie un autre pêcheur. On ne peut pas continuer à être endetté comme ça. » Le gouvernement grec doit céder aux exigences de ses créanciers.« Incertains mais fatalistes… En majorité, les Grecs soutiennent leur gouvernement dans les négociations, assure le reporter de France 2. Comme cette psychologue qui se dit asphyxiée après cinq ans de sacrifices. » « Pour la première fois, j’ai dû emprunter non pour consommer mais pour payer des taxes, explique la psy. Il n’y a pas d’espoir si on suit la politique d’austérité. » Fin du soutien de la population, retour au bon sens du pêcheur du dimanche, incarné cette fois par une étudiante en économie pour qui il n’est « pas question de tourner la page de l’euro. Selon elle, son pays doit accepter les compromis ». « Nous voulons que le gouvernement prenne des décisions, on aurait l’esprit plus tranquille. » Et le reporter de conclure : « En attendant le sommet européen, comme un symbole, certains Grecs méditaient aujourd’hui devant leur parlement, suspendus à un avenir incertain. » France 2 rejoint Arte : seule la prière, qu’elle soit orhodoxe ou zen, peut encore sauver les Grecs de la débâcle.

     

    « Le Premier ministre Alexis Tsipras a appelé le président de la Commission européenne, la chancelière allemande et François Hollande pour savoir si les nouvelles propositions grecques ont rencontré un écho favorable », rappelle le journaliste d’Arte, introduisant une phrase du discours de François Hollande à Milan : « Nous devons tout faire pour que la Grèce puisse rester dans la zone euro dans le respect des engagements qui ont été pris. » C’est-à-dire dans le respect du remboursement de la dette. La Grèce paiera.

     

    « Le ministre allemand des Finances a une nouvelle fois tenté de jouer sur la corde sensible », poursuit la chaîne franco-allemande, en prise directe avec les médias et les responsables politiques conservateurs d’Outre-Rhin. « Si nous ne pouvons pas nous fier à ce que nous avons décidé ensemble, cela ne favorisera pas la confiance en Europe, or sans confiance mutuelle nous n’arriverons à rien. » Pas très clair. Qu’est-ce qui a été décidé ensemble ? Que la Grèce paiera ?

    « Si aucun accord n’est trouvé lundi, conclut le journaliste d’Arte, les Grecs chercheront sans doute à récupérer leur épargne, s’ils y arrivent. » La fameuse panique bancaire, le très spectaculaire bank run… « Car, selon le journaliste économique Adonis Papagiannidis, les caisses des deux plus grands banques grecques seraient déjà vides. » « Je ne crois pas que Tsipras veuille un Grexit, estime l’économiste, mais si le pays continue à être aussi indiscipliné, il sortira bel et bien de l’Union. » C’est un Grec qui le dit : son pays gouverné par des irresponsables est tellement indiscipliné qu’il ne va pas seulement abandonner l’euro mais aussi sortir de l’UE.

    Arte est bien optimiste. Sur TF1, le bank run a déjà eu lieu. Sous les yeux de l’envoyé spécial. « C’était juste à la fermeture des guichets, hier après-midi. Une épargnante sort de la banque avec un œil sur son sac à main et rentre chez elle au plus vite. » « Je viens de retirer tout mon argent parce que je suis vraiment inquiète pour lundi, explique l’épargnante. J’ai peur que, comme disait le gouvernement précédent, le pays aille droit dans le mur. » Les Grecs ont beau soutenir « en majorité » leur gouvernement, c’est dingue comme il est difficile de trouver des soutiens de Tsipras dans les JT français.

     

    « L’argent retiré des banques finit souvent dans un coffre-fort, révèle le reporter. Cette boutique florissante a déjà connu un pic des ventes il y a trois ans. » Je m’en souviens, je l’avais vu au JT. « Et à nouveau cette année depuis début mai. » « Ce sont surtout des personnes âgées, ils demandent surtout des petits coffres-forts pas très chers, détaille le vendeur de coffres. Parce qu’ils ont peur de ce qu’ils ont entendu aux informations. » Ils regardent TF1 ou Arte ?
    « Pour ceux qui n’ont pas investi dans un coffre, un site Internet s’est amusé à répertorier d’ingénieuses cachettes dans des maisons grecques, poursuit le reporter, gros plans à l’appui. Des liasses dans l’aspirateur, des euros dans les boîtes de médicaments ou des rouleaux de billets au milieu du congélateur. » La panique, ça s’organise. « Mais la pratique la plus répandue est de transférer son argent à l’étranger. » Devant le guichet d'une banque où il retire 20 euros, « un trentenaire qui souhaite rester anonyme » avoue avoir transféré 20 000 euros sur un compte en Belgique. Encore un Grec indiscipliné.« Et ce n’est pas la tonalité des médias aujourd’hui qui va rassurer les Grecs. » Ils diffusent des reportages chez les vendeurs de coffres-forts ? « Les politiques s’emportent et les éditorialistes annoncent une semaine de tous les dangers. » Takis Chatzis, journaliste de Skaï TV, l’annonce même en exclusivité pour TF1. « C’est une semaine d’angoisse et même pire que ça. » Une semaine d’épouvante, alors. « C’est la semaine où se joue l’avenir de la Grèce dans l’euro ou pas. Si nous sortons de l’euro, ce ne sera plus la Grèce de la crise mais la Grèce de la famine. » Dès que le bank run sera terminé, les journalistes feraient bien de se renseigner sur d’éventuels cas de cannibalisme.

     

    « Et nous retrouvons notre envoyé spécial à Athènes, réapparaît Claire Chazal. Alexis Tsipras a fait un certain nombre de propositions, une manifestation de soutien a lieu en ce moment à Athènes, elle est derrière vous. » N’est-ce pas plutôt une foule d’épargnants affamés qui prend d’assaut les guichets des banques ? « Est-ce que les autorités grecques peuvent sortir de la crise ? », demande la présentatrice car, sur TF1 comme sur les autres chaînes, la solution ne peut venir que d’Athènes — sans doute parce que les créanciers ont déjà accepté de cruelles concessions (mais sans qu’il soit possible de savoir lesquelles).

     

    Le reporter de TF1 me rassure. « Tout le gouvernement grec a l’air d’être d’accord pour lâcher du lest. » Ouf ! Enfin, il se discipline un peu… « Il pourrait accepter de baisser les dépenses militaires… » Ce n’est pas qu’il « pourrait accepter », c’est qu’il réclame depuis longtemps de les baisser mais ses créanciers s’en tamponnent car, selon eux, il ne s’agit pas d’une réforme « structurelle » (et l’armée grecque est une excellente cliente des exportateurs d’armes allemands et français). « … De réformer les préretraites, poursuit l’envoyé spécial, d’augmenter certaines taxes, c’est-à-dire des mesures qui cette fois-ci vont épargner les plus pauvres, ceux qui ont le plus souffert de la crise. » Et qui sont au bord de la famine.

    « Les Grecs espèrent, conclut l’envoyé spécial. Ils se disent que c’est dans l’intérêt de tout le monde de réussir à s’entendre. » « En tout cas, les créanciers de la Grèce sont très inquiets », nuance Claire Chazal, introduisant une phrase du discours de François Hollande à Milan : « Nous devons tout faire pour que la Grèce puisse rester dans la zone euro dans le respect des engagements qui ont été pris. » La Grèce paiera.

     

    Deux heures après, dans le journal de 21h30, l’envoyé spécial de BFMTV confirme l’existence de la panique bancaire du dimanche soir. « Bon nombre de Grecs se ruent vers les guichets pour retirer leurs économies. » Un signe avant-coureur de la famine à laquelle le gouvernement indiscpliné condamne son peuple. Nouvelle confirmation ce matin, une journaliste de l’AFP poste sur Twitter la preuve du bank run… des journalistes.

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  •  

    Un article de Thierry Deronne, publié sur le site Le Grand Soir, qui donne une idée du niveau de désinformation qui sévit dans les médias français et internationaux à propos du  Vénézuela.

     

    Thierry DERONNE

    Cet article de Thierry Deronne est une implacable démonstration, étayée, datée, chiffrée des enfumages médiatiques des Français, dès lors que les intérêts des USA sont en cause.
    A beau mentir qui vient de loin. Mais, à l’heure d’Internet, l’Amérique latine est éloignée de quelques centièmes de secondes ; chacun peut lire Libération et le Monde des années passées, voir un JT de 2009 avec Pujadas, écouter en replay France Culture et s’attrister de voir cette radio se transformer en soldat d’un monde unipolaire et belliqueux, découvrir pourquoi la presse d’opposition vénézuélienne serait interdite en France… et aux USA.
    Cet article magistral mérite d’être mis dans des bibliothèques d’écoles de journalisme, comme l’est le livre « La face cachée de Reporters sans frontières », ouvrage préfacé par Thierry Deronne.
    Le Grand Soir est honoré d’être un des médias choisis par l’auteur pour faire connaître ce décorticage, cette oeuvre de salubrité journalistique.

    LGS

    JPEG - 49.4 ko
    Tariq Ali, l’écrivain et historien pakistanais/britannique, coscénarsite du documetaire "South of the border", le réalisateur Oliver Stone et le président Hugo Chavez arrivant au Festival de la Mostra de Venise, le 7 septembre 2009.

    Septembre 2009. Le cinéaste Oliver Stone présente à la Mostra de Venise son documentaire South of the border (1). Les premières secondes offrent un bêtisier des JTs étasuniens sur le « dictateur Chavez » : Le réalisateur enchaîne en off : « Nuit et jour, sur toutes les chaînes, voici ce que voient les états-uniens. Le croient-ils ? J’espère que non. Mais même les plus sérieux des médias écrits aux Etats-Unis ou en Europe suivent la même ligne ». Lors de sa conférence de presse, Stone précise : “Le manque de liberté d’expression que dénoncent les médias et l´opposition de droite vénézuélienne est un mensonge. Celui qui va au Venezuela se rend compte que 80, 90 % des médias sont contre Chavez. Ils disent des choses très dures sur lui et il le tolère. Il ne punit pas ces personnes, elles sont toujours en place. Aux États- Unis cela ne se passerait pas ainsi.”

    Ces propos suscitent aussitôt une « réponse appropriée » de David Pujadas au 20 heures de France 2 (service public) : « Image de la Mostra de Venise, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un acteur ou une actrice qui tient la vedette de ce très célèbre festival mais le président vénézuélien Hugo Chavez. Le réalisateur américain Oliver Stone lui consacre en effet un documentaire admiratif et il a été ovationné par le public. Ironie du sort, il faut tout de même savoir qu’au même moment Hugo Chavez s’apprête à interdire dans son pays 29 radios suscitant de vives critiques de la part des défenseurs de la liberté de la presse. »

    Sur quoi Pujadas se base-t-il pour affirmer que 29 radios vont être interdites au Venezuela ?

    En 2000, la patiente lutte des collectifs de communication populaire vénézuéliens a débouché sur la légalisation des médias associatifs et l’octroi à ceux-ci de fréquences gratuites de radio ou télévision locales (2). Des stations commerciales ou évangélistes se sont alors déguisées en médias « associatifs » pour obtenir des fréquences légales à bon compte… D’où la mobilisation des collectifs citoyens qui ont demandé à la CONATEL (le CSA local) de récupérer ces fréquences pour les leur rendre. « L’interdiction de 29 radios » selon Pujadas était donc… la restitution de 29 fréquences détournées par des intérêts commerciaux ou religieux, pour permettre la création de médias citoyens ! Selon la loi, c’est d’ailleurs le même travail que devrait effectuer le CSA en France (3).

    Pas de rectificatif, ni de droit de suite de la part de D. Pujadas. Pourquoi se gêner ? Il y a longtemps déjà que les JTs des télévisions publiques mimétisent ceux des médias privés et recyclent les mêmes campagnes que les groupes comme Clarin ou Prisa ont lancées contre l’Argentine ou l’Equateur. Dès que des lois y ont démocratisé la répartition des ondes monopolisées par les grands groupes privés, Cristina Fernandez ou Rafael Correa ont été traités d’“ennemis de la liberté d’expression”. L’idéologie qui sous-tend ces campagnes est que la liberté d’expression est, et doit rester, la liberté d’entreprise. L’État ne peut être qu’un obstacle à cette « liberté » puisqu’il fait obstacle à la globalisation marchande de l’information.

    Le 3 février 2015, c’est au tour de Thomas Cluzel (Radio France-Culture) d’enfoncer un peu plus le service public dans Disneyworld et de nous convaincre, au cas où nous l’aurions oublié, qu’ “il est interdit d’informer au Venezuela” (4). Pour sa revue de presse, Cluzel a usé de sources particulièrement pluralistes : SLATE (États-Unis), Miami Herald (États-Unis), THE WASHINGTON POST (États-Unis), THE NEW YORK TIMES (États-Unis), FOREIGN POLICY (États-Unis), BBC (Royaume-Uni), El Universal et Tal Cual (deux journaux de la droite vénézuélienne), Reporters sans Frontières (5) sans oublier Courrier International, le produit off-shore du groupe Le Monde qui puise ses articles dans l’apparente diversité qu’offrent les grands groupes privés internationaux (6). Thomas Cluzel n’a pas eu le temps de demander l’opinion de médias alternatifs, citoyens, publics et encore moins celle du gouvernement du Venezuela. Nous pourrions donc nous arrêter ici. Mais s’agissant du service public financé par les impôts des citoyens, le cas Cluzel a valeur d’exemple et mérite une attention toute particulière.

    Pour la première moitié de son billet, Cluzel a choisi de recopier une anecdote amusée du Miami Herald (7). Ce journal, qui exprime bien la politique de Washington en Amérique Latine, y ridiculise la télévision latino-américaine de service public Telesur et les autorités du Venezuela à propos du contrôle d’identité d’un journaliste états-unien à la frontière avec la Colombie.

    Tout en concédant que la story du Miami Herald pourrait n’être qu’anecdotique, Cluzel en tire que la liberté d’expression est menacée au Venezuela. Or il vient d’être l’idiot utile d’une préparation. La veine comique du Miami Herald tenait moins du hasard que de l’anticipation. Dix jours plus tard, le 12 février 2015, le siège de la télévision Telesur où travaillent 800 personnes devait être bombardé lors d’une tentative de coup d’État (8). En outre, le président Maduro a révélé : « nous avons détecté et capturé des étatsuniens engagés dans des activités secrètes, notamment d’espionnage, essayant de recruter des gens dans les villages frontaliers avec la Colombie et sous influence paramilitaire. Ainsi, dans l’État du Táchira nous avons capturé un pilote d’avion étasunien d’origine latino-américaine, avec toute sorte de documents. Il est en train de faire des révélations » (9).

    Ignacio Ramonet : “Malgré toutes les preuves et tous les détails fournis par les plus hautes autorités de l’Etat vénézuélien, les médias internationaux (même en Amérique latine) ont accordé peu de crédibilité à cette tentative de coup d’Etat. Une telle « incrédulité » fait partie – depuis quinze ans – de la stratégie des grands médias dominants dans leur guerre contre la révolution bolivarienne, afin de discréditer les autorités bolivariennes” (10).

    JPEG - 53.8 ko
    « Je suis Telesur . Parmi les révélations sur le coup d’Etat déjoué le 12 février, on a appris que des militaires comptaient bombarder cette chaîne de télévision publique et latino-américaine basée à Caracas.
    Journalistes et employés (photo) ont reçu des messages de solidarité des mouvements sociaux de tout le continent.

    Et Cluzel de poursuivre : “Le pays s’apprête d’ailleurs à vivre un ultime épisode, pour le moins emblématique, de la pression exercée quasi quotidiennement par le gouvernement vénézuélien sur la presse nationale cette fois-ci. Le journal indépendant TAL CUAL vient en effet d’annoncer qu’il cessera de paraître d’ici quelques jours, le 27 février prochain très exactement.”

    C’est faux. A l’origine hebdomadaire, Tal Cual avait tenté le pari de devenir quotidien mais n’a pas rencontré le lectorat espéré, d’où sa décision de revenir à sa formule originale. Le journal sort donc en kiosque tous les week-ends et maintient sa version quotidienne en ligne : http://www.talcualdigital.com/

    Loin d’être “le dernier journal social-démocrate qui disparaît au Venezuela” comme l’affirme aussitôt le très zélé Pablo Paranagua du Monde (11), Tal Cual est un journal économiquement libéral… et raciste. On comprend qu’une société métissée à 95 % et votant plutôt à gauche depuis seize ans, n’achète pas massivement un journal qui lui ressemble si peu. Le Venezuela a bien changé depuis que le directeur de Tal Cual, Teodoro Petkoff, ministre du président démocrate-chrétien Rafael Caldera (1996-1999), intervenait dans des clips télévisés pour convaincre la population pauvre à 80 %, refoulée dans les cerros de Caracas, des bienfaits des privatisations sous contrôle du FMI.

    Dire que Tal Cual ferme sous la pression du gouvernement vénézuélien est aussi sérieux que d’attribuer le fait que “Les ventes de tous les journaux quotidiens nationaux français ont reculé en 2014” … à des pressions du gouvernement français (12). Les arguments du “manque de papier” ou du “manque de publicité” par lesquels Petkoff tente de camoufler son échec commercial ne tiennent pas quand on sait que l’économie vénézuélienne est à 80 % aux mains du secteur privé (c’est ce secteur qui importe le papier journal qui n‘est pas produit sur place) et que les kiosques débordent de journaux critiques à tous les coins de rue. Un secteur privé florissant, qui a appris à spéculer grâce aux dollars préférentiels que lui accorde l’État pour ses importations et a largement profité des investissements en infrastructure du gouvernement bolivarien. Au dernier semestre de 2014, les télécoms ont connu un boom en engrangeant des bénéfices qui frôlent les 100 milliards de bolivars. On retrouve pas mal de ces entrepreneurs sur la liste “Venezuela” de Falciani/HSBC. En mars 2015 le magazine Forbes rappelle que le vénézuélien le plus riche, Gustavo Cisneros, propriétaire du groupe médias du même nom et ami de George Bush, a vu sa fortune grimper à 3,6 milliards de dollars.

    L’argument des “tracasseries judiciaires” ne tient pas davantage : les victimes de diffamation ont le droit d’agir en justice comme elles le font dans n’importe quel État de droit. Sauf que Tal Cual ne se contente pas de photos volées comme Closer ou Paris-Match mais traite fréquemment, sans avancer de preuves, des fonctionnaires ou politiques bolivariens d’assassins, de corrompus ou de narcotrafiquants. Sans oublier le racisme contre les mouvements sociaux. Le 16 mars 2012, Tal Cual publiait une caricature accusant le gouvernement bolivarien de distribuer de l’eau sale aux usagers.

    JPEG - 28.6 ko
    Dessin de Weil publié par le journal Tal Cual, Venezuela.

    Le dessin montre un homme coiffé d’un béret comme Hugo Chavez accompagné d’enfants et regardant l’eau jaillir d’un robinet sur lequel s’est posée une mouche. L’homme dit : “Assez de suprématie blanche, maintenant nous avons des eaux afrodescendantes” (13). On peut voir les autres caricatures que publie Weil dans Tal Cual sur son site : http://www.weil.com.ve/

    En montant le show de sa “fermeture”, le directeur de Tal Cual jouait gagnant d’avance. Depuis seize ans les médias internationaux ont positionné l’idée selon laquelle “le gouvernement bolivarien exerce une pression quasi quotidienne sur la presse”. Reproduit à l’infini par les grands groupes privés de médias, le mensonge est devenu vérité, selon l’adage goebbelsien.

    En mai 2007, lorsque la concession hertzienne de la chaîne privée RCTV ne fut pas renouvelée pour être octroyée à une nouvelle chaîne de service public, une campagne mondiale affirma aussitôt qu’il s’agissait d’une “fermeture”. Le site ACRIMED démonta dans le détail ce concert de désinformation qui vit les médias français, soutenus par les maîtres-penseurs du microcosme médiatique et par RSF, reprendre en choeur le même refrain, résumé à merveille par le titre de l’éditorial du Monde : « Censure à la Chávez » (28 mai 2007) (14)

    Répondant aux critiques d’un lecteur en mai 2009, Jean-Pierre Langellier du Monde, disait sa crainte de voir Chavez fermer la chaîne privée Globovision… qui n’a jamais été fermée. Ce désir de “fermer” à tout prix des médias au Venezuela est d’autant intéressant que les deux seuls médias réellement fermés l’ont été… par l’opposition. VTV, la chaîne publique, considérée comme “une ordure” par le gouverneur pustchiste Enrique Mendoza fut fermée lors du coup d’État manqué d’avril 2002 contre Hugo Chavez (15). En 2003 la télévision communautaire Catia Tve fut fermée par le maire de droite de Caracas Alfredo Peña (16).

    Le procédé de Thomas Cluzel à propos de Tal Cual nous ramène aux campagnes contre Salvador Allende. RSF n’existait pas encore quand Armand Mattelard, analysant l’alliance des grands médias et de la SIP (groupe de propriétaires de médias) dans les préparatifs du coup d’État au Chili, expliquait : « L’enquête judiciaire sur l’administration du journal El Mercurio, accusé d’irrégularités fiscales, a servi de prétexte pour dénoncer de soi-disant mesures coercitives contre la « presse libre ». (…) Le message émis par la presse de la bourgeoisie chilienne revient à sa source, renforcé par l’autorité que lui confère le fait d’avoir été reproduit à l’étranger. (…) Nous sommes en présence d’une SIP tautologique. Sa campagne n’est qu’un immense serpent qui se mord la queue. »

    Thomas Cluzel sort l’artillerie lourde : “Dans un tel contexte, les propriétaires d’El Universal, le plus vieux quotidien du pays sont, eux, soulagés sans doute d’avoir été rachetés l’an dernier par un groupe espagnol. A cette nuance près, toutefois, que le dit groupe était de mèche en réalité avec le gouvernement. En clair, le quotidien a certes été sauvé de la ruine financière mais au prix de sa liberté d’expression. Le même modus operandi se répète d’ailleurs depuis plusieurs années déjà : l’étranglement financier des médias jusqu’à ce que les propriétaires soient contraints de vendre à un proche du pouvoir.”

    Un simple clic vers les principaux titres de la presse écrite vénézuélienne des 9 et 10 mars 2015 prouve qu’il s’agit d’un parfait mensonge. El Universal écrit que “La SIP déclare que le Venezuela est le pays qui restreint le plus la liberté de presse” avant d’expliquer dans la “route vers la victoire (de la droite)” que “Le gouvernement invente un coup d’État pour détourner l’attention de la crise économique” ; El Nacional insiste : « la SIP déclare que les gouvernements du Venezuela, de l’Équateur et de l’Argentine persécutent le journalisme, le harcèlent, le restreignent à travers la législation et établissent la censure ou obligent à l’autocensure parce qu’il n‘est plus possible de l’exercer » avant de faire la psychanalyse de Nicolas Maduro en tant que violateur des droits de l’homme, prolongeant l’éditorial du New York Times sur “Maduro et ses délires de conspiration” et de révéler que “Selon l’opposition, la vraie menace ce sont les politiques de Maduro”. Le Correo del Caroni rappelle que “La SIP dénonce la persécution de l’opposition”, que “Nicolas Maduro use le prétexte du décret Obama pour obtenir des pouvoirs spéciaux” et que “Les députés de l’opposition comptent sur l’église catholique comme médiatrice dans le cas des prisonniers politiques” ; Tal Cual évoque les menaces états-uniennes : “C’est Obama qui offre les pouvoirs spéciaux à Maduro” et “selon l’opposition, le but de Maduro est de cacher la crise” ; El Carabobeño titre “Reuters : les sanctions des États-Unis pourraient être la bénédiction que cherchait Maduro”. Ultimas Noticias (centre-droit) nous rassure : “selon la BBC c’est pour protéger le système financier états-unien qu’a été prise la décision d’Obama” Etc… (17)

    Revenons un instant sur l’affirmation de Cluzel selon laquelle le rachat de El Universal par un groupe espagnol “qui était de mèche en réalité avec le gouvernement” s’est faite “au prix de sa liberté d’expression”. Non seulement ce groupe n’est pas lié au gouvernement bolivarien (18) mais une étude réalisée du 2 au 8 août 2014 (19), après ce rachat, montre la proportion écrasante de termes négatifs (87 %) par rapport aux termes positifs (13%) dans le traitement des politiques du gouvernement Maduro :

    JPEG - 63.5 ko
    El Universal, août 2014. Traitement des politiques gouvernementales : 87 % de termes négatifs, 13 % de termes positifs

    Le journaliste et historien des médias Eleazar Díaz Rangel a dirigé la Faculté de communications sociales de l’Université Centrale du Venezuela de 1983 à 1986. Prix National de Journalisme, président de l’Association Vénézuélienne des Journalistes et chef de rédaction du journal de centre-droit Últimas Noticias depuis 2001, il n’a pas oublié la répression qu’exerçaient contre son métier les régimes d’avant Chavez : «  les journaux actuels font leur travail sans la moindre pression alors que ces pressions étaient fréquentes par le passé. Je ne crois pas qu’il y ait de pressions sur tous ces médias privés qui ne publient que des informations contre le gouvernement et rien en sa faveur, comme beaucoup le font depuis des années sans changement. La majorité des journaux de l’intérieur du pays, entre 70 et 80 journaux, suivent la même ligne éditoriale » (entrevue de février 2015 (20).

    Une étude réalisée en juin 2014 sur les messages des chaînes de télévision les plus regardées au Venezuela (Venevision, Televen et Globovision) montre une réalité semblable (21) :

    JPEG - 47.2 ko
    Venevisión, Televen et Globovisión n’ont consacré que 33 minutes de couverture à Nicolás Maduro et ont employé 97% de termes négatifs contre lui
    JPEG - 21.6 ko
    Audience comparée des médias radio et TV au Venezuela (2014). Ce graphique ne rend pas compte des sites internet, médias internationaux (satellite) et presse écrite locale qui sont eux aussi en majorité opposés aux mesures de la révolution bolivarienne

    Une hégémonie attestée dans le temps par les études des parts de marché télévisuel (22).

    Même paysage en ce qui concerne la radio, essentiellement aux mains de grands circuits privés comme Union Radio : “Les sanctions contre le gouvernement de Maduro ne visent qu’à changer sa conduite, explique l’administration Obama” (23).

    Si nous élargissons le cercle, rappelons qu’en avril 2014 trois grands groupes privés latino-américains se sont mis d’accord pour écrire une page quotidienne contre le Venezuela dans chacun de leurs 82 journaux affiliés. Il s’agit du GDA (Groupe Diarios de las Américas), de ANDIARIOS (Asociación de Editores de Diarios y Medios Informativos) et de PAL (Groupe Periódicos Asociados Latinoamericanos) (24).

    A l’échelle mondiale, il suffit de taper les mots-clefs “Maduro” ou “Venezuela” sur Google pour voir déferler une avalanche de centaines de pages parlant de “répression”, “dictature”… avant de voir apparaître la moindre dissidence.

    Il est donc vrai qu’il n’y a pas de liberté d’expression au Venezuela : l’hégémonie des grands groupes privés, agences (AFP, AP, Reuters) et médias privés nationaux, régionaux, locaux (radio, presse écrite, télévision, pages Web et réseaux sociaux) qui font quotidiennement campagne contre le socialisme bolivarien empêche tout équilibre démocratique par rapport à l’audience trop faible des médias publics et associatifs.

    L’écrivain et universitaire Luis Britto Garcia s’interroge : “La censure existe-t-elle au Venezuela ? Oui, en effet. Celle d’une grande partie des médias nationaux et internationaux qui occultent ce qui en réalité se passe dans le pays et font l’impasse absolue sur tout ce qui a trait aux avancée sociales, au développement de la démocratie participative ; privant ainsi de son droit à l’information l’immense majorité silencieuse dans le monde entier. Une dictature règne-t-elle au Venezuela ? Oui, en effet. Une dictature médiatique qui prétend imposer des tyrans du style de Carmona Estanga (chef du patronat putschiste qui avec l’appui de militaires de droite déposa Chavez brièvement en 2002)” (25).

    JPEG - 96.4 ko
    Scène de la vie quotidienne sous la dictature bolivarienne : la dirigeante d’extrême droite Maria Corina Machado, impliquée dans plusieurs tentatives de coup d’État depuis 2002, explique aux médias "baillonnés" qu’il n’y a pas de liberté au Venezuela et que plutôt que d’attendre des élections, il faut relancer les confrontations "non-dialogantes" (sic) pour forcer le président élu à partir.

    Il aura suffi, en janvier 2015, d’une rumeur propagée par les partis de droite via leurs médias et les réseaux sociaux (26) évoquant l’imminence d’une grève nationale – qui n’eut jamais lieu – pour que 18 millions de Vénézuéliens achètent fébrilement en quatre jours l’équivalent de ce qu’ils auraient consommé en un mois et demi. En cas de réussite du coup d’État du 12 février 2015, le communiqué des militaires putschistes allait être diffusé simultanément par CNN et par la télévision privée vénézuélienne Televen (27).

    Thomas Cluzel arrive au bout de ses cinq minutes. Laissons-le conclure son billet : “Au total, depuis 2009, ce ne sont pas moins de 300 chaînes de radio qui ont également été fermées. “

    C’est faux. Même si au Venezuela, en France (28) et partout ailleurs, les intérêts des groupes privés déterminent constamment l’ouverture et la fermeture d’entreprises de presse, le nombre de médias privés vénézuéliens a augmenté en seize ans de révolution.

    Luis Britto Garcia : « En 2014, pas moins de 2896 médias opèrent au Venezuela. 2332 d’entre eux sont des entreprises privées, soit 80% ; 16,5 % dépendent du secteur communautaire mais restent confinés à une transmission locale ; à peine 3,22% de l’ensemble ressortissent au service public. »

    Dans le domaine de la radio-diffusion, 1598 émetteurs appartiennent au secteur privé, 654 dépendent du secteur communautaire et à peine 80 d’entre eux relèvent du service public. Quant aux chaînes de télévision, 55 appartiennent aux groupes privés, 25 au secteur communautaire (avec une diffusion locale seulement) et 8 d’entre elles seulement sont publiques… La quasi totalité des médias privés se situent dans l’opposition. Par conséquent, prétendre que l’Etat en serait à exercer son hégémonie dans le domaine de la communication, en s’appuyant sur les faibles moyens dont il dispose, est une affirmation infondée qui suffit à disqualifier celui qui la propage. » (29)

    Guerre des grands médias contre la démocratie… et contre le service public.

    Le 14 mai 2013 Noam Chomsky, Greg Grandin, Michael Moore, Oliver Stone et une douzaine d’experts états-uniens écrivaient à Margaret Sullivan, « Public Editor » au New York Times, pour lui demander pourquoi ce journal présentait Chavez comme un “dictateur” alors que le président du Honduras avait droit à un lexique neutre ou positif : “Dans les seize dernières années le Venezuela a organisé 19 élections ou référendums qualifiés de libres et équitables par les principaux observateurs internationaux (UE, OEA, Centre Carter, etc..). Jimmy Carter a fait l’éloge des élections au Venezuela, parmi les 92 scrutins observés par le Carter Center, comme un “système de vote vraiment extraordinaire.” Il a conclu que “le processus électoral au Venezuela est le meilleur du monde.” (30)

    Mais le trait principal de ce pays enfin sorti de l’apartheid social et racial est sa démocratie participative : communes, conseils communaux, mouvements sociaux écrivent chaque jour l’histoire invisibilisée par les médias d’une économie et d’une politique cogérées par les citoyen(ne)s.

    Par le biais de la propagande quotidienne, les grands médias ont réussi ce tour de force inouï : transformer une démocratie en “dictature” ! Dans leur réalité virtuelle, ils ont plongé des millions de citoyen(ne)s du monde, privé(e)s de la possibilité d’aller sur place ou d’accéder à une information alternative.

    Ces médias ignorent les décisions des électeurs vénézuéliens qui optent pour les politiques de transformation sociale. De ce fait, ils encouragent ceux qui refusent de se soumettre aux urnes. Si les émules vénézuéliens d’Aube Dorée organisent des violences avec l’aide matérielle des paramilitaires colombiens, laissent des dizaines de cadavres à chaque appel à “laisser sortir toute notre rage dans la rue”, si des leaders d’extrême droite sont arrêtés non pas pour leurs opinions mais parce qu’ils sont en train d’organiser un coup d’État, ils deviennent automatiquement des “prisonniers politiques”.

    La récente mission à Caracas de l’UNASUR, organisme qui regroupe tous les gouvernements d’Amérique du Sud, a conclu ses travaux en rejetant l’ingérence extérieure. Elle a recommandé à l’opposition de jouer le jeu électoral et de renoncer à la violence.

    Chuo Torrealba, secrétaire général de la coalition des partis de droite “MUD” (photo) lui a répondu à travers les médias : “Samper (ex-président colombien et président de l’UNASUR, NdT) est venu provoquer l’opposition, c’est un piège”. (31)

    Qu’y puis-je ? répondent les Thomas Cluzel du monde entier, aller à contre-courant, faire preuve d’indépendance d’esprit ? Et pourquoi moi ? Bien au chaud sous le parapluie de la vulgate mondiale, il vaut mieux passer pour un “défenseur de la liberté d’expression au Venezuela”.

    Il ne reste au président Obama qu’à habiller du vernis de “la répression des opposants et de la fermeture de médias au Venezuela” son décret présidentiel du 9 mars 2015 qui proclame “l’état d’urgence aux États-Unis face à la menace inhabituelle et extraordinaire pour notre sécurité nationale et notre politique extérieure, qu’est le Venezuela” (sic). Les médias se chargeront du service après-vente en présentant Maduro comme le provocateur et Obama comme celui qui offre des cadeaux aux enfants à Noël avant de retourner bosser consciencieusement dans son bureau ovale.

    Rafael Correa rappelait le 1er mars 2015 depuis Montevideo que cette ingérence « ne débouchera pas forcément sur ce qui est arrivé à Allende. Il n’en demeure pas moins que nous sommes confrontés chaque jour aux tentatives de déstabilisation de gouvernements démocratiques et progressistes d’Amérique latine, par la guerre économique, et à la manipulation mondiale en matière d’information ». (32)

    Ce jeudi 12 mars, Radio-France (dont Thomas Cluzel est un des salariés) se met en grève pour vingt-quatre heures avec pour slogan “Défendons nos emplois”. Les syndicats CFDT, SNJ et UNSA s’inquiétent de « la menace d’une réduction drastique des effectifs » de l’entreprise publique, qui a annoncé en janvier un « plan de retour à l’équilibre ». Les syndicats disent « redouter des arbitrages dramatiques pour leurs missions et leurs conditions de travail » (33).

    Comment ne pas voir que si la globalisation marchande signifie la mort du journaliste public comme historien du présent (Lacouture) avec son travail d’enquête, son temps passé sur le terrain, sa culture historique et sa mise en perspective de sources contradictoires, les gouvernements progressistes latino-américains représentent, au contraire de ce que martèle Thomas Cluzel, une alternative ? En diversifiant un champ médiatique asphyxié et discrédité par les logiques du monopole privé, en créant des universités publiques et gratuites pour redémocratiser l’enseignement des communications sociales, en créant ou en renforçant des services publics comme la chaîne latino-américaine Telesur ?

    Renoncer à faire vivre l’identité du service public comme résistance à la doxa, n’est-ce pas contribuer à sa destruction ? Ne dit-on pas dans les écoles de commerce que “le client préfère toujours l’original à la copie” ?

    Thierry Deronne, Caracas, le 12 mars 2015

    En prime, offert par LGS

    »» https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/12/thomas-cluzel-ou-linte...

    Notes :

    (1) Voir le documentaire d’Oliver Stone : http://youtu.be/tvjIwVjJsXc

    (2) Pour tout savoir sur ce réglement légal, le spectre radio-électrique vénézuélien, le cadre légal, le travail de la Commission Nationale des Telecommunications (y compris en faveur des fréquences associatives) : http://www.conatel.gob.ve/

    (3) La loi francaise n° 86-1067 du 30 septembre 1986 modifiée et complétée, relative à la liberté de communication (et qu’on aimerait voir appliquée) dit : ARTICLE 29 : … Le CSA veille, sur l’ensemble du territoire, à ce qu’une part suffisante des ressources en fréquences soit attribuée aux services édités par une association et accomplissant une mission de communication sociale de proximité, entendue comme le fait de favoriser les échanges entre les groupes sociaux et culturels, l’expression des différents courants socioculturels, le soutien au développement local, la protection de l’environnement ou la lutte contre l’exclusion…

    (4) « Interdiction d’informer au Venezuela » par Thomas Cluzel, http://www.franceculture.fr/emission-revue-de-presse-internationale-in...

    (5) Exemple parfait de l’abîme entre le réel vénézuélien et la Caverne de Platon médiatique, l’ONG française Reporters Sans Frontières. Un de ses fondateurs (Robert Ménard, aujourd’hui maire d’extrême-droite) avait dans sa revue « Médias » cosigné un long article sur le thème « La guérilla des altermondialistes contre l’info » : « Les “alters” ont toutes les indulgences pour l’ex-putschiste Hugo Chavez, ce caudillo d’opérette qui ruine son pays mais se contente – pour l’instant ? – de discours à la Castro sans trop de conséquences réelles pour les libertés de ses concitoyens ». Robert Ménard reprochait ensuite à Ignacio Ramonet de « passer sous silence les discours virulents d’Hugo Chavez contre la presse, les débordements et les réactions de ses partisans, l’impunité dont ils bénéficient ». Une position critiquée par l’ex-président et cofondateur de RSF, l’éditeur et journaliste Jean-Claude Guillebaud (Prix Albert Londres) : “Je trouve que sur certains sujets, RSF a été assez imprudent, même si le régime de Chavez n’est pas parfait, je les ai trouvés beaucoup trop proches de la presse anti-Chavez au Venezuela. Il aurait sans doute fallu être plus prudent. Je trouve qu’on les entend très peu sur les Etats-Unis.” La journaliste Naomi Klein s’était elle aussi étonnée que RSF fasse du gouvernement Chavez une menace pour la liberté d’expression alors que le Venezuela est un des rares pays au monde à avoir légalisé les médias associatifs, tout en subissant l’hégémonie de médias privés capables de participer aux tentatives de coup d’État. Rappelons que l’idéologie de RSF est celle des grads groupes privés : la liberté d’expression est, et doit rester, la liberté d’entreprise. L’État ne peut être qu’un obstacle à cette « liberté » puisqu’il fait obstacle à la globalisation. C’est pourquoi RSF valide les versions des médias privés sans critiquer leur participation aux coups d’État contre des gouvernements démocratiquement élus. Voir l’analyse de Luis Alberto REYGADA Lettre ouverte au responsable du Bureau Amérique de Reporters Sans Frontières. Sans oublier l’indispensable enquête de Maxime VIVAS qui décrit les financements de RSF par le milieu anti-castriste de Miami : La face cachée de Reporters sans frontières.

    (6) Voir “Courrier International, le produit off-shore du Monde”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/02/18/courrier-international...

    (7) Historiquement, leMiami Herald a fait ses comptes : pour des raisons économiques, il n’a aucun intérêt à se mettre à dos l’extrême droite cubaine. Compte tenu de l’évolution de l’opinion publique, il met un peu d’eau dans son rhum et rend au moins compte des débats qui traversent la communauté cubano-américaine. Sa traduction en espagnol, le Nuevo Herald, en revanche, ne change pas. Edulcorant, censurant même certains articles de la maison mère, il publie ce qui s’apparente plus à un tract qu’à un quotidien et sert objectivement de porte-parole à l’extrême droite latino-américaine. Publie des « intellectuels » – tel Andrés Oppenheimer – qu’on retrouve également dans les colonnes du quotidien espagnol « de centre gauche » !! El Pais…

    (8) Lire “La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela”, par Ignacio Ramonet, 7 mars 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/07/la-tentative-de-coup-d...

    (9) Lire “Le Venezuela répond à la tentative de coup d’État”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/01/renforcement-du-pouvoi...

    (10) La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela, par Ignacio Ramonet, op. Cit.

    (11) Voir le site personnel de Paulo Paranagua, très riche en information : https://agentparanagua.wordpress.com/a-propos/

    (12) “En France en 2014 toutes les ventes des quotidiens nationaux ont baissé sauf les Echos”, http://rfi.my/1wYGrvV

    (13) Lire “Afrique, mère patiente de la révolution bolivarienne”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2012/05/26/afrique-mere-patiente-...

    (14) “Fin de la concession attribuée à RCTV : Concert de désinformation à la française”, http://www.acrimed.org/article2639.html.

    (15) Sur la fermeture de VTV : http://www.acrimed.org/article1899.html

    (16) Sur la fermeture de Catia TVe : http://www.acrimed.org/article1175.html.

    (17) El Universal : http://www.eluniversal.com/nacional-y-politica/150309/sip-senala-a-ven... et http://www.eluniversal.com/opinion/150310/camino-a-la-victoria ; El Nacional : http://www.el-nacional.com/mundo/SIP-alerta-control-gobierno-Venezuela..., http://www.el-nacional.com/angel_oropeza/Maduro-Freud-doble-banda_0_58... et http://www.el-nacional.com/politica/MUD-Venezuela-amenaza-politicas-go...;; El Correo del Caroni : http://www.correodelcaroni.com/index.php/mas/comunicacion/item/28489-s... et http://www.correodelcaroni.com/index.php/nacional-2/item/28582-maduro-... et http://www.correodelcaroni.com/index.php/nacional-2/item/28548-diputad...;; Tal Cual : http://www.talcualdigital.com/Nota/visor.aspx?id=114040&tipo=AVA ; El Carabobeño : http://www.el-carabobeno.com/portada/articulo/100467/reuters-sanciones...;; Últimas Noticias : http://www.ultimasnoticias.com.ve/noticias/actualidad/mundo/que-signif...

    (18) Pour plus détails sur la nouvelle société propriétaire de “El Universal”, lire : http://misionverdad.com/la-guerra-en-venezuela/quienes-son-los-nuevos-...

    (19) Étude de contenus de El Universal, http://misionverdad.com/matrices/censura-la-linea-de-el-universal-no-h...

    (20) Entrevue de Eleazar Diaz Rangel, février 2015, http://globovision.com/diaz-rangel-no-se-puede-hablar-de-presion-guber...

    (21) Lire “Evo Morales et Rafael Correa dénoncent le siège du Venezuela par les médias privés”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/06/20/evo-morales-et-rafael-...

    (22) Lire “Venezuela : qui étouffe qui ?”, http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-12-14-Medias-et-Venezuela

    (23) Groupe Union Radio, http://www1.unionradio.net/actualidadur/Nota/visorNota.aspx?id=196090&...

    (24) Sur cette cartélisation de 82 journaux contre le Venezuela, http://www.kienyke.com/noticias/presentan-iniciativa-por-la-libertad-d...

    (25) Lire “Vénézuéla, médias et terrorisme”, de Luis Britto Garcia, https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/04/13/venezuela-medias-et-te...

    (26) Sur les campagnes de la droite via les réseaux sociaux, voir : “55 cas récents de de manipulations de l’opposition vénézuélienne” (photos) http://www.rebelion.org/noticia.php?id=196246 et de Romain Migus, “Venezuela, coup de projecteur sur les zones d’ombre médiatiques” (photos), https://venezuelainfos.wordpress.com/2014/02/18/venezuela-coup-de-proj...

    (27) Lire “La tentative de coup d’Etat contre le Venezuela”, par Ignacio Ramonet, 7 mars 2015, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/07/la-tentative-de-coup-d...

    (28) Lire “la presse quotidienne régionale se regroupe sur un air de trust”, http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2013/03/20/la-pqr-se-regroupe-sur-u...

    (29) “Vénézuéla, médias et terrorisme”, de Luis Britto Garcia, op.cit.

    (30) “Noam Chomsky, Greg Grandin, Michael Moore, Oliver Stone et une douzaine d’experts états-uniens demandent au New York Times d’enquêter sur sa désinformation quotidienne à propos du Venezuela”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/15/noam-chomsky-greg-gran...

    (31) A lire sur le site “La Patilla” (site d’opposition) : http://www.lapatilla.com/site/2015/03/06/jesus-chuo-torrealba-samper-v...

    (32) Lire “L’Amérique Latine défend le Venezuela face au décret du président Obama”, https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/03/10/lamerique-latine-defen...

    (33) Pour en savoir plus sur cette lutte, voir le site du SNJ Radio France : http://www.snj-rf.com/Defendons-nos-emplois_a1517.html

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique