• Le 4 février 2015, juste après l'accession d'Alexis Tsipras au poste de Premier ministre en Grèce, j'avais été recu à ma demande par le président de la République sur la situation européenne ouverte par l'élection grecque. J'ai, depuis, alerté régulièrement sur le coup d'État financier de la BCE, l'intransigeance du FMI et des autres créanciers ou encore l'arrogance du gouvernement allemand. Je suis donc naturellement signataire de cet appel interpelant Francois Hollande quant à la position de la France et à la nécessaire solidarité de la France avec la Grèce.

    Jean-Luc Mélenchon

     

    Monsieur le Président de la République,

    La crise grecque s'exacerbe de façon alarmante. Chaque jour qui passe peut, soit nous rapprocher d'un accord utile à toute l'Europe, soit d'une rupture dont personne ne peut prévoir les conséquences. L'intransigeance des principaux dirigeants européens peut nous conduire alors au bord de l'abîme. Il est aussi vital que pressant de sortir de ce piège. Le moment est crucial. La responsabilité de chaque acteur concerné est directement engagée. Il serait sordide – et au demeurant parfaitement vain – d'escompter une capitulation du gouvernement grec. La fidélité de celui-ci au mandat que lui a confié son peuple n'est pas un défaut mais un exemple à suivre. S'il refuse la compromission, il s'est, en revanche, montré prêt au compromis. Une solution à la fois digne et réaliste est donc à portée de la main. Le moment ultime est venu pour la concrétiser. 

C'est dans ce contexte que nous vous lançons un appel solennel : la France ne peut, dans un tel moment, apparaître inerte sinon suiviste des puissants. Son message ne peut se réduire à un rappel docile des « règles » à respecter quand la maison brûle. D'autant que ces règles sont aujourd'hui massivement récusées par les peuples et reconnues contre-productives par nombre de leurs anciens protagonistes eux-mêmes.

    Aujourd'hui, alors que la crise de confiance entre les citoyens et les institutions européennes est à son comble, c'est en se montrant capable d'entendre l'exigence de justice, de dignité et de souveraineté d'un peuple debout qu'un pays comme le nôtre sert la cause européenne bien comprise. A l'inverse, qui humilie la Grèce obère l'avenir de la construction européenne. Car le refus de l'austérité et l'aspiration démocratique sont aujourd'hui en Europe les attentes les plus partagées.

    C'est pourquoi nous attendons de vous, que vous preniez une initiative politique de nature à débloquer les négociations entre l'« Eurogroupe » et les autorités grecques. Nous n'évoquerons pas ici les transformations profondes à promouvoir en Europe qui font débat entre nous. L'acte urgent que nous vous demandons d'accomplir est de refuser de participer à la stratégie d'isolement de la Grèce, concernant en particulier le chantage financier et la nature des « réformes » exigées du gouvernement et du Parlement de ce pays. Apportez un soutien explicite aux mesures saines prises par les autorités grecques, telles que celles qui s'attaquent à la crise humanitaire en Grèce, ou qui permettent enfin de lutter contre l'évasion fiscale. Désolidarisez-vous en revanche nettement des exigences insoutenables de l'« Eurogroupe » en matière de dérégulation du marché du travail, de révision du système des retraites ou de privatisations. Acceptez enfin le principe d'une renégociation de la dette grecque, dont une large part est notoirement illégitime.

Cette situation est sans précédent dans l'Union européenne. La France doit prendre la place qui est la sienne dans l'Histoire, celle-ci est aux côtés du peuple grec et de son gouvernement.

    Les signataires :

    Dominique Adenot, PCF, président de l'ANECR, Maire de Champigny,
    Pouria Amirshahi, député PS
    François Asensi, député de Seine St Denis GDR, maire de Tremblay en France
    Eliane Assassi, Présidente du groupe CRC au Sénat
    Isabelle Attard, députée Nouvelle Donne
    Clémentine Autain, porte parole d'Ensemble
    Guillaume Balas, député européen PS
    Julien Bayou, porte parole EELV
    Michel Billout, Sénateur CRC
    Eric Bocquet, Sénateur CRC
    Jean-François Bolzinger, mouvement social
    Marie George Buffet, députée GDR
    Fanelie Carrey-Conte, députée PS
    André Chassaigne, Président du groupe GDR,
    Laurence Cohen, députée GDR
    Eric Coquerel, coordinateur général du PG
    Catherine Coutard, Vice présidente du MRC
    Karima Delli, députée europénne EELV
    Bernard Devert, mouvement social
    Jean Pierre Dubois, mouvement social
    Pascal Durand, député européen EELV
    Hervé Falcciani, mouvement social
    Elisabeth Gauthier, PCF, responsable Transform
    Liem Hoang Ngoc, socialiste affligé
    Frédéric Hocquart, conseiller PS de Paris
    Nordine Idir, secrétaire général Jeunes communistes
    Michel Jallamion, Convergences des Services Publics
    Eva Joly, députée européenne EELV
    Pierre Khalfa, mouvement social
    Pierre Larrouturou, Nouvelle Donne
    Jean-Luc Laurent, député MRC, maire de Krémlin Bicètre, Président du MRC,
    Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, président de la PGE
    Marie-Noelle Lienemann, Sénatrice PS
    Patrick Le Hyaric, député européen GUE, directeur de l'Humanité
    Emmanuel Maurel, député européen PS
    Gus Massiah, mouvement social
    Jean-Luc Mélenchon, député européen GUE
    Alain Obadia, PCF, Président fondation Gabriel Péri
    Younous Omarjee, député européen GUE
    Christian Picquet, Gauche Unitaire
    Barbara Romagnan, députée PS
    Anne Sabourin, PCF – responsable Europe
    Lydia Samarbakhsh, PCF, responsable international
    Laura Slimani, Présidente MJS
    Marie-Christine Vergiat, députée européenne GUE
    Francis Wurtz, PCF, député européen honoraire

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  •  

    Retrouvez les très nombreux hommages à notre camarade, disparu le 20 juin 2015 à l'âge de 44 ans :

    http://www.francoisdelapierre-hommages.fr/

     

    François

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  • La résolution de notre Conseil National du 7 avril à propos des élections régionales défendait la construction de rassemblements citoyens et de nouvelles alliances populaires. Nous proposions ainsi de contribuer à des appels en faveur de listes citoyennes, autonomes des partis du Gouvernement, tout en poursuivant des discussions avec toutes les forces qui pourraient s’inscrire dans ces démarches.
    Un premier bilan : des appels citoyens dans presque toutes les régions
    Deux mois après, nous nous réjouissons de l’existence de tels appels dans presque toutes les régions. S’ils en sont à des stades différents, nous constatons qu’ils regroupent déjà des milliers de citoyens, membres ou non de partis politiques ou de syndicats, engagés dans des associations ou luttes locales ou révoltés par la situation du pays. Toutes et tous partagent la volonté de s’organiser pour reprendre leurs affaires en main sans attendre les consignes pour cela.
    Après la victoire de Syriza, le succès des listes de convergences citoyennes aux élections municipales en Espagne (notamment à Barcelone et à Madrid) constitue évidemment un point d’appui essentiel.
    Il crédibilise ce que doit être notre ambition : gagner et ouvrir un nouvel horizon. Si aucune situation politique n’est transposable, il apporte des enseignements importants : l’implication citoyenne, la mise en place de nouvelles pratiques et l’exemplarité politique à travers des codes éthiques (non cumul des mandats, révocabilité…) permettent de créer un chemin d’espoir et de victoire.
    Ce succès démontre que l’articulation entre les démarches d’implication citoyenne et le rassemblement de forces politiques en soutien peut être féconde dès lors que les partis acceptent de se mettre au service d’une dynamique plus large.
    Il nous renforce dans notre conviction que là est la solution pour sortir le pays de l’impasse démocratique et faire émerger une alternative aux forces du système. Nous devons travailler avec soin pour que les élections régionales permettent de tels succès. Mais ces élections ne constituent pas une fin en soi mais bien une étape dans la construction de cette démarche en vue de l’insurrection civique en 2017.
    Les partis au service d’une démarche autonome et citoyenne
    Nous souhaitons donc créer les conditions de rassemblements citoyens et politiques à même de l’emporter dans les urnes. Nous affirmons pour cela notre détermination à ce que ces rassemblements soient soutenus par l’ensemble des forces politiques autonomes du Gouvernement défendant des valeurs d’écologie, de solidarité et de démocratie. Nous défendons ainsi la mise en place d’assemblées représentatives (où un homme/une femme égale une voix) associant les composantes (partis, collectifs, associations, …) qui le souhaitent. Nous voulons agir pour une lisibilité nationale de ces listes, à travers un label commun.
    Pour cela, des rencontres ont commencé à avoir lieu localement comme nationalement : avec le FDG, Nouvelle Donne, le NPA, les Décroissants, EELV, des socialistes en rupture. Le mois de juin devrait nous permettre de vérifier les possibilités d’engagement sur le plan national comme régional pour l’autonomie et le soutien de ces différentes forces aux rassemblements citoyens.
    Nous refusons les injonctions à nous positionner comme des forces d’appoint à des listes gouvernementales fortement délégitimées. C’est pourquoi, pour nous, le seul préalable pour ces rassemblements est l’indépendance par rapport à ces dernières. Nous refusons notamment tout engagement à participer à des « majorités » de gestion ou à des exécutifs que nous ne dirigerions pas.
    Nous ne voulons plus reproduire à nouveau la même chanson : éparpillement de premier tour, listes autocentrées sur les partis qui les constituent, échec et alliances de second tour pour sauver les meubles. Nous voulons renverser la table et c’est à ce niveau que se situe notre ambition. Par conséquent, nous n’accepterons aucun préalable à propos du 2nd tour. C’est dans le cadre des rassemblements citoyens que se prendront les décisions stratégiques de la campagne, en fonction des cas concrets qui se présenteront à nous. Chaque parti conservera bien sûr son libre choix mais cette décision ne pourra engager la liste dans son ensemble ni s’y substituer.
    Les élections régionales peuvent être l’occasion d’un sursaut citoyen. Ainsi, nous pourrons faire avancer l’égalité, la solidarité, l’écologie, la démocratie et la République, en contestant la réforme territoriale et en agissant pour le développement des services publics et pour la transition écologique.
    Ainsi, nous pourrons bousculer la donne.

     

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  •  Sur Regards.fr - 26 avril 2015

     

     

        

    Dans un article publié sur son blog, Yanis Varoufakis, le ministre grec de l’Économie, a exposé la position de son gouvernement à la veille d’une nouvelle réunion de ses homologues européens où ceux-ci ont campé sur leur volonté de faire plier les Grecs.

     Publié en Anglais sur le blog de Yanis Varoufakis, traduit de l’anglais par Martin Morel pour Project syndicate.

     

    Par Yanis Varoufakis

    Trois mois de négociations menées par le gouvernement grec auprès de nos partenaires européens et internationaux ont permis de faire émerger une importante convergence autour des mesures nécessaires au franchissement de plusieurs années de crise économique, ainsi qu’à l’apparition d’une reprise durable en Grèce. Pour autant, ces négociations n’ont produit aucun véritable accord. Comment l’expliquer ? Quelles sont les étapes nécessaires à l’élaboration d’un programme de réformes viable et mutuellement convenu ?

    Nos partenaires et nous-mêmes sommes d’ores et déjà en accord sur de nombreux points. Il est nécessaire que le système fiscal grec soit rénové, et que l’administration fiscale puisse être libérée de toute influence de la part des acteurs politiques et des entreprises. Le système des retraites est extrêmement mal en point. Les circuits de crédit de l’économie sont rompus. Le marché du travail est sorti dévasté de la crise, et se révèle profondément segmenté, tandis que la croissance de la productivité est au point mort. L’administration publique nécessite une modernisation urgente, les ressources publiques devant par ailleurs être utilisées plus efficacement. Un certain nombre d’obstacles considérables entravent la création de nouvelles entreprises. La concurrence sur les marchés des produits s’avère beaucoup trop restreinte. Enfin, les inégalités ont atteint des niveaux inacceptables, empêchant la société de s’unir derrière des réformes pourtant essentielles.

    Le piège de l’austérité

    Ce consensus mis à part, l’entente sur un nouveau modèle de développement pour la Grèce exige que soient surmontés deux obstacles majeurs. Tout d’abord, il nous faut nous entendre sur la manière d’approcher la consolidation budgétaire de la Grèce. Deuxièmement, nous avons besoin d’un programme de réformes complet et mutuellement convenu, permettant de sous-tendre cette consolidation, et d’inspirer confiance à la société grecque.

    S’agissant tout d’abord de la consolidation budgétaire, la problématique concerne précisément la méthode. Les institutions de la "Troïka" (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ont, au fil des années, recouru à une démarche de rétro-induction : elles fixent une date (par exemple l’année 2020) ainsi qu’un objectif de ratio dette nominal-revenu national (disons 120%), qui doit être atteint avant que les marchés monétaires soient censés être disposés à prêter à la Grèce à des taux raisonnables. Puis, selon des hypothèses arbitraires relatives aux taux de croissance, à l’inflation, aux recettes de privatisation etc., elles calculent, en remontant du futur vers le présent, quels sont les excédents budgétaires primaires nécessaires chaque année.

    Le résultat de cette méthode, c’est ce que pense notre gouvernement, n’est autre que le "piège de l’austérité". Lorsque la consolidation budgétaire évolue autour d’un ratio de dette prédéterminé, qu’il s’agit d’atteindre à une date future elle aussi prédéterminée, les excédents primaires nécessaires pour atteindre ces cibles sont tels que l’effet engendré sur le secteur privé met à mal les taux de croissance estimés, et fait ainsi dérailler le cheminement budgétaire prévu. C’est en effet précisément la raison pour laquelle les plans de consolidation budgétaire antérieurs de la Grèce ont échoué de manière aussi spectaculaire à atteindre leur cible.

    Le piège de la "réforme"

    La position de notre gouvernement est que cette méthode retro inductive doit être abandonnée. À sa place, nous devrions élaborer un plan prospectif fondé sur des hypothèses raisonnables concernant les excédents primaires en cohérence avec les taux de croissance de la production, l’investissement net, et l’expansion des exportations susceptibles de stabiliser l’économie et le ratio dette de la Grèce. Si cela doit signifier un ratio dette-PIB supérieur à 120% en 2020, nous trouverons les moyens judicieux de rationnaliser, de redessiner, ou de restructurer la dette – en gardant à l’esprit l’objectif de maximisation de la valeur actualisée effective qui sera restituée aux créanciers de la Grèce.

    Outre la nécessité de convaincre la Troïka que notre analyse de la soutenabilité d la dette permettrait d’échapper au piège de l’austérité, il nous faut surmonter un second obstacle : le "piège de la réforme". Le précédent programme de réformes, que nos partenaires nous invitent avec tant de certitude à ne pas "replier", était fondé sur une dévaluation interne, une réduction des salaires et des retraites, une perte de la protection du travail, ainsi qu’une privatisation consistant à maximiser les prix des actifs publics.

    Selon nos partenaires, il s’agirait de laisser du temps au temps, afin qu’un tel programme puisse fonctionner. En cas de baisse supplémentaire des salaires, il faudrait s’attendre à ce que l’emploi augmente. En remède à l’agonie du système des retraites, il s’agirait précisément de réduire les prestations. Enfin, il serait nécessaire que les privatisations visent des prix de vente plus élevés, afin de rembourser une dette dont beaucoup conviennent (en privé) qu’elle est absolument intenable.

    Par opposition, notre gouvernement estime que ce programme a échoué, et alimenté une méfiance de la population vis-à-vis des réformes. Illustration parfaite de cet échec, malgré la baisse considérable des salaires et des prix, la croissance des exportations continue de stagner (l’élimination du déficit de la balance courante s’expliquant exclusivement par l’effondrement des importations).

    Les désaccords ne sont pas irréconciliables

    De nouvelles baisses des salaires ne sauraient venir en aide aux entreprises axées sur l’exportation, qui se trouvent dans une situation de crédit critique. De même, de nouvelles réductions des retraites ne sauraient s’attaquer aux véritables sources de difficulté du système en la matière (emploi en berne et important volume de travail non déclaré). De telles mesures ne pourraient qu’endommager encore davantage un tissu social grec d’ores et déjà éprouvé, le rendant incapable de conférer le soutien dont notre programme de réformes a si désespérément besoin.

    Les désaccords qui nous opposent actuellement à nos partenaires ne sont pas irréconciliables. Notre gouvernement est déterminé à rationaliser le système des retraites (par exemple en rehaussant l’âge de la retraite anticipée), à procéder à la privatisation partielle d’un certain nombre d’actifs publics, à résoudre le problème de ces prêts en défaut qui obstruent les circuits de crédit de notre économie, à créer une commission budgétaire pleinement indépendante, ainsi qu’à dynamiser l’entreprenariat. Les véritables divergences qui demeurent concernent la manière dont nous abordons la relation entre les différentes réformes et l’environnement macroéconomique.

    Rien de tout cela ne signifie que le bien commun ne saurait être atteint immédiatement. Le gouvernement grec aspire à un projet de consolidation budgétaire qui tienne la route, ainsi qu’à des réformes que toutes les parties prenantes considèrent importantes. Notre tâche consiste à convaincre nos partenaires du caractère non pas tactique mais stratégique de nos démarches, et à leur expliquer combien notre logique est saine. De leur côté, la tâche consiste à renoncer enfin à une approche dont il faut reconnaître qu’elle a échoué.

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  • 14 avril 2015 

    sur le site Reporterre

    par Jean-Luc Mélenchon, Corinne Morel Darleux, Martine Billard, Eric Coquerel, Mathieu Agostini   



    N’hésitant devant aucune provocation, le PS - favorable à Notre-Dame-des-Landes, soutenant l’agriculture industrielle, exportateur d’EPR - essaye de s’approprier le concept d’écosocialisme. Les leaders du Parti de gauche réagissent avec indignation.  

    Dans éco-socialisme, il y a « éco » et « socialisme ». Quelle ne fut donc pas notre surprise de voir ce terme apparaitre dans la motion dite « mastodonte » du PS, soutenue par M. Cambadélis et ses amis. Car certes, si les jeunes socialistes utilisent ce terme depuis 2012, le parti du même nom s’applique lui à le détruire depuis la même date, celle de son arrivée au pouvoir.

    Tout affairés à la préparation de leurs enjeux internes de Congrès et à la nécessité d’appâter quelques écologistes aventuriers, les solfériniens ont décidément oublié jusqu’au sens des mots. Car sinon comment diable MM. Cambadelis et Valls pourraient-ils se réclamer de l’écosocialisme ?

    Ceux-là même qui au gouvernement mènent de manière systématique une politique de l’offre, prônent la croissance du PIB pour seule issue, exportent EPR et nucléaire, défendent le barrage de Sivens, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la ligne à grande vitesse Lyon-Turin.

    Ceux-là même qui ont tôt fait d’abandonner toute réforme fiscale une fois arrivés au pouvoir et ont remplacé la limitation des très hauts revenus par la soumission aux lobbies et à la finance.

    Ceux-là même qui proclament à la FNSEA qu’ils feront assouplir la directive européenne sur les nitrates, qui criminalisent les lanceurs d’alerte, promeuvent l’agriculture industrielle synonyme de mal bouffe et de disparition de la paysannerie, offrent des milliards de crédit impôt compétitivité sans aucune contrepartie ni sociale ni environnementale !

    La liste est longue, interminable, des renoncements de ces « socialistes » sur les plans social, environnemental et démocratique, les trois piliers de l’écosocialisme.

    En somme, M. Cambadelis qui proclame avec force trémolos et revers de manche au « Grand rendez-vous » Europe 1/Le Monde/iTÉLÉ ne pas vouloir d’un PS « mélenchonisé » vient en réalité piocher au Parti de Gauche ses éléments de langage et ses mots-clés, de l’alliance populaire à l’écosocialisme.

    En bon politicien cynique, expert de l’oxymore politique, le PS veut utiliser le mot sans y mettre le contenu de la politique, et tente de le dénaturer. Reconnaissant que le PS a perdu la bataille idéologique face à la droite, il essaie d’entraîner tout le monde dans leur chute en ajoutant à la confusion. C’est un nouveau coup bas, que nous ne pouvons laisser passer, tant il mettrait à mal la perspective d’un renouveau politique dans notre pays et ajouterait à la confusion dramatique qui détourne nos concitoyens des urnes.

    Nous travaillons depuis des années, avec d’autres, à l’élaboration de ce projet et à sa mise en œuvre politique, dans la lignée des travaux menés avant nous depuis les années 70, du Club de Rome à la déclaration de Bélem. Nous avons relancé la construction de ce projet alternatif par des assises nationales en décembre 2012 et coordonné la rédaction collective du Manifeste pour l’écosocialisme en dix-huit thèses.

    Celui-ci a été traduit en douze langues : grec, allemand, espagnol, japonais, italien, portugais, anglais, russe, polonais, néerlandais, turc et suédois.Il a été présenté en Espagne, au Maroc, en Algérie, Tunisie, Angleterre, Belgique, Portugal, Équateur, Italie, Hongrie, Turquie, Allemagne, Japon et Danemark, et fait l’objet de dizaines d’assises décentralisées à travers le pays depuis trois ans.

    L’écosocialisme est un espoir neuf, désirable et possible, au potentiel considérable. Nous ne laisserons pas les caciques du PS le polluer de leurs renoncements. Nous ne les laisserons pas une fois de plus détruire une des seules alternatives politiques crédibles aujourd’hui. Qu’ils assument ce qu’ils sont désormais.

    Il suffit d’avoir dévoyé la gauche et le socialisme. Il suffit que la droite s’apprête à s’accaparer la République en changeant le nom de l’UMP. Des écosocialistes il y en a sans doute encore, égarés au PS, mais une chose est sûre : le PS lui n’est pas écosocialiste. Alors n’ajoutons pas encore au malheur du monde en nommant mal les choses, comme le disait Albert Camus.

    Messieurs Valls et Cambadelis, vous en avez suffisamment fait. Ne touchez pas aux belles idées. La politique que mène aujourd’hui le PS au gouvernement n’est ni écologiste, ni socialiste. Elle est tout l’inverse de l’écosocialisme. Choisissez les mots qui vont avec votre politique : austérité, libéralisme, oligarchie, et laissez-nous faire fleurir l’alternative en paix.


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