• Le Front National ne cesse de se référer à un prétendu "coût" de l'immigration pour justifier ses propositions politiques et économiques discriminatoires (code de la nationalité, préférence nationale, suppression de diverses allocations et de la plupart des droits pour les immigrés, y compris en matière de santé etc).

    Ce bon vieux filon de l'exploitation du racisme et de la xénophobie ne repose pourtant sur aucune réalité économique : il s'agit d'un fantasme agité par l'extrême droite pour en faire ses choux gras électoraux (c'est tellement plus facile de croire que tous nos problèmes proviennent des immigrés, et qu'il suffirait donc qu'ils disparaissent pour que nos difficultés disparaissent avec eux...).

    Après l'étude qui nous montrait ici même que "la venue d’immigrés, et notamment des femmes, a un effet « positif et significatif » sur le PIB par habitant", en voici une autre, de l'OCDE, qui réduit à néant l'idée sur laquelle repose tout le discours du Front National.

     

    Sur Médiapart, 13 juin 2013

    par Carine Fouteau

    Tout compte fait, l’immigration, dans les pays riches, ne représente en moyenne ni un gain ni un poids significatif en matière de finances publiques. Telle est la conclusion d’une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publiée le 13 juin à l’occasion de la sortie de son rapport annuel sur les migrations internationales. De quoi apporter la contradiction aux représentants politiques, qui, à droite et à l’extrême droite en Europe, font la chasse aux immigrés au nom de leur supposé coût pour les sociétés d’accueil.

    Les données présentées, émanant de l’ensemble des pays européens de l’OCDE ainsi que de l’Australie, du Canada et des États-Unis, révèlent un impact fiscal global positif mais modeste. « Les immigrés sont donc semblables au reste de la population à cet égard », commentent les auteurs soucieux de mettre à mal les idées reçues et d’empêcher les récupérations politiques. « Le maintien des stéréotypes, regrettent-ils, reste l’objectif de certains groupes cherchant davantage à créer des remous politiques plutôt qu’à proposer des solutions concrètes aux problèmes économiques réels. » « Dans ce contexte, poursuivent-ils, il est essentiel de mieux comprendre les conséquences budgétaires de l’immigration et d’opposer aux préjugés des faits indiscutables. »

    Sur fond de crise économique et de hausse du chômage, les opinions publiques européennes sont, de fait, sensibles à cette question. En France, y compris hors période électorale, Marine Le Pen, la numéro un du FN, propose de supprimer les allocations familiales des étrangers, tandis qu’en Grande-Bretagne, pour contrer le parti nationaliste Ukip, le premier ministre conservateur David Cameron annonce la mise en place de restrictions aux droits sociaux des immigrés.

    Cette étude comparative, fondée sur les résultats des enquêtes sur la situation des ménages, est la première de l’OCDE et l’une des premières dans un champ que la science économique commence tout juste à défricher. Elle mesure, à un moment donné, les impôts et les cotisations de sécurité sociale des immigrés (définis comme les personnes nées à l’étranger) d’une part, et les transferts sociaux dont ils bénéficient d’autre part. Les résultats varient selon les hypothèses retenues, mais l’incidence fiscale de l’immigration est « généralement faible relativement au PIB » : elle dépasse rarement 0,5 % du PIB pour une année donnée dans un sens ou dans l'autre.

    Contribution moyenne des ménages en matière de fiscalité directe entre 2007 et 2009. ©OCDEContribution moyenne des ménages en matière de fiscalité directe entre 2007 et 2009. ©OCDE

    « Les craintes associées aux questions migratoires sont infondées en termes d’impact fiscal », résume Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales de l’OCDE, qui rappelle que la méthode choisie évalue l’impact de l’immigration qui s’est produite pendant les décennies récentes et donc pas celui des flux actuels.

    Une hausse des arrivées n’implique ainsi pas nécessairement un alourdissement de la dette publique. « Si les politiques des cinquante dernières années ont abouti à un impact budgétaire net quasiment neutre, une meilleure gestion des migrations de travail internationales, fondée sur les besoins du marché du travail et attentive à l’intégration, ne peut être que bénéfique », assurent les auteurs du rapport, qui observent, en 2011 et en 2012, une reprise des mouvements de population après quatre années successives de baisse assez forte.

    «Les politiques d'intégration représentent un bon investissement pour l'avenir»

    La contribution nette est déjà positive dans plusieurs pays. Elle est particulièrement élevée en Suisse et au Luxembourg (respectivement +2 % et +1,9 % du PIB), où les immigrés, qui proviennent essentiellement de pays à haut revenu, sont surreprésentés dans la population d’âge actif. Mais elle l’est aussi aux États-Unis, au Canada, en Norvège, en Italie, en Grèce, en Espagne et au Portugal, qui ont en commun, au-delà de la diversité de leurs situations, une immigration de travail plus importante qu’ailleurs.

    En France, en Irlande, en Allemagne et en Pologne, en revanche, la contribution est globalement négative. De peu dans l’Hexagone et outre-Rhin où cette situation s’explique par l’ancienneté d’une immigration plus familiale que professionnelle. Conséquence : les migrants âgés y sont surreprésentés parmi les bénéficiaires de pensions de retraite et les femmes immigrées de la première génération sont encore éloignées de l'emploi malgré des améliorations.

    Comparativement aux personnes nées sur place, les ménages immigrés rapportent moins aux finances publiques. Cet écart, insistent les auteurs, ne s’explique pas par une plus forte dépendance aux prestations sociales, mais par des niveaux d’impôts et de cotisations plus faibles, liés au fait qu’ils travaillent dans des conditions généralement plus précaires à des salaires inférieurs. « La plupart des immigrés ne viennent pas dans leur pays d’accueil pour pouvoir bénéficier des prestations sociales, soulignent les auteurs, mais pour trouver un emploi et améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille. Or, pour y parvenir, l’emploi est plus efficace que les allocations. »

    Dans certains pays, la situation est inversée : les immigrés contribuent proportionnellement plus que les « autochtones ». C’est le cas dans les pays du sud de l’Europe à immigration de travail récente et dans les pays où le taux d’emploi des immigrés est supérieur à celui des nationaux.

    D’où les recommandations des experts de l’OCDE de favoriser l’insertion dans le travail des immigrés, et notamment des femmes. Pour cela, ils préconisent la mise en place de politiques d’intégration et de lutte contre les discriminations. Ils estiment par ailleurs que les États n’ont pas intérêt à fermer leurs portes aux travailleurs peu qualifiés, qui présentent en moyenne une contribution budgétaire nette supérieure à celle de leurs collègues nés sur place. Pas plus qu’aux familles car, remarquent-ils, plus les immigrés arrivent jeunes, plus leurs carrières professionnelles sont longues et fructueuses. « Y compris en temps de crise, les gouvernements ne doivent pas faire l’impasse sur les politiques d’intégration, estime Jean-Christophe Dumont, celles-ci sont nécessaires pour la cohésion sociale, mais aussi pour l’économie : elles représentent un bon investissement pour l’avenir. »

    L’avenir, de toutes façons, ne peut se faire sans les migrants dans des pays où le vieillissement de la population va peser de plus en plus fortement sur les dépenses liées aux retraites, à la santé et aux soins de longue durée. En 2020, rappellent les auteurs, dans les pays de l’OCDE, en l’absence d’immigration, le nombre d’entrées sur le marché du travail serait inférieur de 30 % en moyenne à celui des sorties.

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  • A l'occasion du meurtre de Clément Méric, Marine Le Pen s'est défendue de tout lien ou même d'une quelconque proximité avec le mouvement d'extrême droite JNR. Avec un ensemble émouvant, les journalistes qui l'interrogeaient l'ont laissé dire. Alexis Corbière apporte les arguments que les journalistes soit ignoraient, soit ont gardé sous silence (et pour quelles raisons ?), qui révèlent le mensonge éhonté de Marine Le Pen.

    Sur le blog d'Alexis Corbière

    « Aucun rapport » disent-ils. « Aucun rapport » dit-elle. Depuis la mort criminelle de Clément Méric et l’écrasante responsabilité de militants liés à un groupe violent d’extrême droite nommé JNR, service d’ordre du groupe Troisième Voie, Marine Le Pen l’affirme, le répète, le martèle dans tous les micros qui se tendent vers elle : « Nous n'avons aucun rapport avec ces groupes, qui expriment d'ailleurs régulièrement leur désapprobation à notre égard ».

    15-MAI-2013.jpgSur I télé ou BFM TV, interrogée sur ce groupe d'extrême droite Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), que le gouvernement a décidé de dissoudre, Mme Le Pen a déclaré sans être contestée : « Je ne connais pas précisément ce groupe ». Chacun est prié de la croire sur parole. Les journalistes s’inclinent et ne la questionnent pas plus. Il faut lui faire confiance. Le « fact cheking » des journalistes, d’ordinaire si prompt à« répondre » au Front de Gauchea disparu la concernant. Le comble de la complaisance revient sans conteste à Christophe Barbier ce matin sur I-Télé qui après avoir laissé Mme Le Pen reprendre sa ritournelle affirmant que le Fn n’avait « aucun rapport »avec les JNR, ne l’a pas contre dit, puis l’a relancé… sur les élections municipales et le cas de Béziers (dans l’Hérault) où le Fn va précisément  soutenir le journaliste Robert Ménard. Quelle coïncidence de mauvais goût ! Pourtant, il y avait là un cas précis de lien assez net entre un candidat que va soutenir le FN et les JNR puisque Robert Ménarda jugé pertinent de tenir conférence le 15 mai dernier dans le lieu dit« Le Local » qui est le siège des JNR. J’y reviendrai plus loin. Que pense Marine Le Pen de cette conférence de M. Ménard devant les JNR ? Nous n’en saurons rien, cela n’intéresse pas les journalistes et cela n'a "aucun rapport".

    2008-07_MLP_au_Local_French_Pride.jpgUn journaliste curieux pourrait pourtant la questionner un peu plus. Marine Le Pen s’est déjà rendu elle-même dans le local des JNR pour une soirée organisée par la « réacosphère 100 % french pride» (voir photo ci après et cliquer ici) et manifestement elle ne le regrette pas. Difficile pour elle de dire qu’elle ne connaît pas précisément ce groupe : elle est déjà allé chez eux. Une fois sur place, il est difficile qu’elle n’ait rien remarqué de choquant.

    fresque_batskin_1.pngA cette occasion, elle a sans doute vu une fresque, accrochée au mur de ce Local, nommée « le Réveil » peinte par un homme d’extrême droite Baptiste Folliot à la demande du patron des lieux. Cette fresque représente les fantasmes les plus dingues de ces groupuscules et ne souffre d'aucune ambiguïté sur sa signification. Olivier Besancenot et Bertrand Delanoë y sont représentés décapités. Djamel Debouzze a le bras arraché. Yannick Noah se prend un coup de hache. Dominique Sopo, Marc-Olivier Fogiel brûlent dans les flammes. Bernard-Henry Levy, représenté dans la plus pure tradition des illustrations antisémites, est représenté comme un reptile, terrassé par un Serge Ayoub vêtu en tenue d’ange, une batte de base-ball à la ceinture.

    Le_local.png

    fresque_batskin_2.pngLa vue de cette fresque indigne n’a pas scandalisé plus que cela Marine Le Pen puisque quelques temps plus tard, elle a tenu à déjeuner avec le chef des JNR qui l’a soutenu discrètement dans son élection comme présidente du FN, car il voulait surtout empêcherBruno Gollnish de la battre (pour des raisons que seules les polémiques fumeuses du petit monde de l’extrême droite peuvent dénouer). Le patron des JNR a même par la suite salué l’élection de Marine Le Pen comme présidente du FN, de façon limpide : « C’est une bonne nouvelle pour la France. (…) Je suis particulièrement content que la locomotive qu’est le FN marche parce que les wagons suivront, d’autant plus quelle développe des thèses sociales, syndicales qui sont extrêmement proches des nôtres. Cela prouve que Troisième Voie est dans le sens du combat politique, dans le sens de la France » (Vidéo du 6 avril 2011).

     

    Christian-Bouchet-chez-Ayoub.jpgTout cela n’est pas de l’histoire ancienne. Au risque de me répéter, j'insiste. Le journaliste Robert Ménard, qui sera donc soutenu à Béziers par le FN, a bien tenu une conférence le 15 mai dernier dans« Le Local » à l’invitation des JNR sans que cela ne pose de problèmes à la direction du FN. Au contraire, elle lui a réaffirmé son soutien le week-end dernier en la présence de Louis Alliot, vice président du FN. A Nantes, le Fn vient d’investir comme tête de liste Christian Bouchet (cliquer ici) qui est un ancien de Troisième Voie et qui encore récemment tenait conférence lui aussi dans « Le Local » à propos de la Syrie (voir affiche à droite qui atteste de cette conférence sur le "Parti social nationaliste syrien") , sans que cela n’inquiète non plus la direction du parti de Mme Le Pen. Mais, bien sûr, le Fn n’a « aucun rapport » avec ces gens là.Depuis quelques jours, dans de nombreux sites antifascistes, particulièrement vigilants dans la lutte contre l’extrême droite, on peut voir des photos qui attestent que le Fn utilisait encore récemment les services de militant JNR pour leur service d’ordre. Mais, bien entendu, il faut continuer à penser qu’il n’y a « aucun rapport » entre eux. On aurait aussi pu demander à Marine Le Pen comment elle explique que les JNR sont venus diffuser un tract anti PS sur le marché d’Hénin-Beaumontdurant la campagne législative, alors que ce groupuscule n’y présentait par de candidat, et qu’à cette occasion sous les yeux des journalistes présents et des militants du Front de Gauche, la présidente du Fn a salué avec politesse le dénommé Serge Ayoub. Mais, cette question pour de nombreux journalistes, n’a sans doute « aucun rapport ».

    Pourtant, tout cela est facilement vérifiable. Il suffit de faire des recherches assez sobres en fait. De nombreux journalistes, souvent de la presse écrite, ont déjà rendu public ces éléments. Je pense aux articles de Caroline Monnot ou Abel Mestre du Monde, ou encore à l’ouvrage biographique de Fiammetta Venner et Caroline Fourest sur Marine Le Pen. A la lumière des ces éléments, comment donc est-il possible que différentes chaînes de télévision aient donné la parole à Serge Ayouble lendemain de la mort de Clément Méricafin « qu’il donne sa version »comme on l’aurait fait pour n’importe quel responsable politique ? La famille de Clément à l’inverse elle, n’a même pas eu droit à la parole, sans doute car, écrasée par la douleur, elle ne voulait pas s’exprimer. Ainsi va la société du spectacle.

    Relations-FN-JNR.jpgComment est-il possible que ces éléments attestant de liens, directs ou indirects, entre FN et JNR ne soient pas mis sous le nez de Marine Le Pen pour qu’elle explique au public attentif pourquoi elle a jugé bon de déjeuner avec un néo nazi, antisémite dont les prises de parole publiques commencent avec le couplet antisémite du chant fasciste des Lansquenets. Pour ceux qui l'ignorent, le voici : « Demain nous irons au combat, faïlala, La croix celtique guidera nos pas, faïlala, Que crèvent les marxistes, les juifs capitalistes, Au rythme des hauts tambours des lansquenets. » Que pensent les dirigeants du FN de ces chants antisémites, scandés en plein Paris ? Cela devrait entrainer des actes, non ? Les discours des JNR se terminent aussi par des cris :« France ! France ! », accompagnés d’un salut fasciste éloquent. Toutes ces images sont facilement visibles sur internet, depuis longtemps, mais cela n’a pas coupé l’appétit à Marine Le Pen quand elle a diné avec le leader de ces fascistes. Mais, cela n'a "aucun rapport", elle n'a avec ce petit Mussolini que des relations culinaires. Bien sûr.

    Capture_d_ecran_2012-01-08_a_10.55.34.pngComment alors est-il pensable que l’on donne la parole, toute la journée de jeudi dernier, devant des millions d’auditeurs, au chef de ce groupuscule à l’identité politique assez évidente qui représente au mieux une dizaine de crâne rasés ? Les chaînes de Tv qui l’invitent ignorent-elles ce que sont les JNR ? Faut-il qu’on le leur explique encore ? Elles auraient pu s'indigner que l'affiche d'inauguration du "Local" où le chef des JNR a tenu conférence de presse utilisait une photo d'Adolf Hitler. Mais, sans doute est-ce de l'humour nazi qu'il faut prendre à la légère. Ach ! Rire un bon coup avec Adolf, c'est bon pour la santé, non ? Autre exemple, datant d’il y a quelques années. Dans l’une des anciennes publications de JNR, Pour le Prix d’une bière, on pouvait lire « Un stade sans supporters c’est comme un camp sans juif. Tout se perd ».Hilarant, non ? Plus loin, le même torchon antisémite proposait des quizz éducatifs : « ‘Four’ cela vous fait penser à : A) votre boulanger, B) un juif », « Le lieu de villégiature de vos rêves : A) Sarcelles, B) Auschwitz ». Toujours de l'humour nazi, sans doute ? Faut-il d’autres exemples pour illustrer combien les micros tendus vers ces gens là sont irresponsables et indignes ?  

    Au-delà de l’horreur que représente la mort du jeune Clément, le traitement médiatique de ce crime est aussi une sombre leçon de choses pour l’avenir. Le problème vient de loin. Les causes en sont multiples et profondes. Mais, la « dédiabolisation »du FN, voulu par la plupart des média depuis janvier 2011, diffuse patiemment son poison intellectuel depuis deux ans dans la société française. Désormais, l’extrême droite est quasiment devenu un courant de pensée comme un autre et militants fascistes ou antifascistes sont mis sur le même plan. Le bourreau et la victime sont comparés avec un relativisme inquiétant. La parole d’un fasciste est diffusée à une heure de grande écoute pour qu’il explique ce qu’il pense d’un crime où les militants de son groupuscule sont mêlés. Ceux qui diffusent une parole antisémite sont mis à égalité de ceux qui entretiennent la mémoire du combat antifasciste. Et certains vont même jusqu’à chercher la responsabilité de la mort de Clément dans le Front de Gauche (lire le blog de mes amis du Cri du Peuple) ou l’activité des antifascistes.

    Et nous, depuis mercredi, nous pleurons la mort d’un camarade de 18 ans. Mais, il n’y a « aucun rapport ».

    Post scriptum (rédigé à O1h00 du matin):

    Le Monde publie ce soir une demi-page consacrée à Serge Ayoub dont la lecture me sidère. "Charisme", "belle gueule", "intelligent""son aura", etc ... la liste de tous les adjectifs positifs contenus dans ce portrait, qui se voulait peut être sulfureux au départ, imposent finalement à la lecture un personnage haut en couleurs, presque héros de roman.. J'en suis abasourdi. Je ne comprends pas pourquoi la journaliste qui signe ce papier, pourtant fine spécialiste de l'extrême droite, ne fait par exemple aucune mention de la rencontre de cet homme avec Marine Le Pen. La même y avait pourtant consacré quatre pages dans un livre fort bien documenté qu'elle avait publié en 2011. Ces derniers jours, c'est pourtant une info utile a rappeler, puisque la présidente du FN dit l'inverse, non ?

    3427113_3_46e1_depuis-trente-ans-serge-ayoub-le-fondateur_6f2f08995816c1e653b356b2c490f4ef.jpgUn autre détail attire mon attention. La photo illustrant le papier utilisée sur le site du Monde.fr montre un Ayoub assis sur une banquette devant la fresque décrite plus haut. C'est sur cette banquette que manifestement notre homme a tenu conférence de presse ces derniers jours. Je reconnais les images vues à la TV. Je réalise alors que des dizaines de journalistes sont venus dans son Local (situé dans le 15e arrondissement), l'ont interrogé, filmé, photographié, et aucun n'a mentionné l'existence de cette fresque délirante pleine de clichés antisémites et violents. Est-ce un "détail" insignifiant que la fresque à quelques centimètres au dessus de la tête de la personne interviewée représente une Simone Veil avec des cornes de diable, brûlant dans les flammes en train de faire bouillir des petits enfants (voir image plus bas). Chacun mesure la lourde charge antisémite et délirante de ces images. Je demande que l'on m'explique le silence des journalistes.

    Capture_d_ecran_2011-04-26_a_00.57.08.pngEnfin, pourquoi les mêmes nombreux journalistes spécialistes du FN qui avaient consacré des pages si intéressantes sur les nombreuses société de sécurité et de vigiles dirigées par des militants d'extrême droite pour embaucher des sympathisants, ne se sont pas intéressés à ce drôle de témoignage de l'agent de sécurité présent dans cette vente privée, lors du crime de Clément ? Son témoignage anonyme chargeant les jeunes militants antifascistes a tourné en boucle sur la plupart des chaines d'infos. Il méritait vérification. Selon ce vigile Clément et ses amis ont commencer à "chambrer" des skinheads pacifiques... Mais, selon d'autres témoignages, c'est la vue d'armes de poings dans les sacs des skins et des tatouages comme "White power" ou "Blood and honor" sur leurs bras qui ont provoqué l'indignation des antifascistes.

    Quelle conscience généreuse et attachée aux idées des Lumières n'aurait pas fait de même ? Pour cela, il fallait du courage, et Clément en avait. Il en est mort.

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  • Le Front National se présente à chaque occasion comme un parti qui défendrait les petites entreprises et les travailleurs contre la finance mondialisée. Ce beau discours est complaisamment relayé par la plupart des grands médias, accréditant ainsi l'idée que Marine LePen et son parti prendraient la défense des pauvres contre les riches, des "petits" contre les "gros"...

    Destinées à ramasser les voix des classes populaires broyées par la mondialisation libérale, ces belles paroles se fracassent pourtant contre la réalité des actes : de même que dans son programme, Marine Le Pen propose l'annulation des conventions fiscales avec les paradis fiscaux, alors qu'elles permettent de lutter contre la fraude internationale (voir ici notre article), voila maintenant que Marion Maréchal-Le Pen, députée, présente un amendement qui sert les intérêts des grands prédateurs financiers internationaux. Cest ce que nous raconte Alexis Corbière dans ce billet extrait de son blog.

     

    Le blog d'Alexis Corbière - 16 mai 2013

    Capture-decran-2013-04-10-a-16.jpeg« La finance n’a pas de visage » parait-il ? Faux. A l’Assemblée nationale, il en a plusieurs, dont celui de Marion Maréchal - Le Pen, députée et membre du Bureau politique du Front national.

    A l’occasion de la discussion, ce jour, de la proposition de Loi « Pour l’interdiction des licenciements boursiers » initiée par le groupe Front de Gauche,Marion Maréchal Le Pen a déposé neuf amendements dont chacun est directement inspirés par la finance et le monde des affaires.

    Elle propose par exemple de maintenir la possibilité de licencier dans les entreprises non-cotées ayant été achetées selon le mécanisme LBO, (Levereged Buy-Out), bien connu pour avoir l’effet de donner tout pouvoir à la finance plutôt qu’aux productifs au sein d’une entreprise (cf. son amendement n°10 )

    Selon elle, « Dans ce schéma [LBO], le versement et la remontée des dividendes est une condition de la viabilité du montage, en finançant le rachat de la cible par la holding qui a contracté l’emprunt. Il n’est donc pas souhaitable d’en faire un élément présumant que les licenciements économiques sont sans cause réelle et sérieuse ».

    Concrètement, s’il faut choisir entre maintenir des emplois en France ou payer les dividendes à la holding, Marion « Parisot-Le Pen » préfère payer les dividendes à la holding. Ce type d’amendement est rédigé d’une plume directement trempée dans l’encre du Medef.

    Honte à la députée Le Pen qui préfère défendre les intérêts de la finance, plutôt que ceux des salariés. Honte aussi à tous ceux qui répètent, sans jamais vérifier ce que propose le FN, que ce parti d’extrême droite serait « social ».

    A l’Assemblée nationale, Marion Maréchal- Le Pen c’est « la finance d’abord » !

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  • Chacun fait chaque jour l'expérience de lire sur les réseaux sociaux, dans les forums et dans les commentaires d'articles sur internet, des propos reprenant de façon stéréotypée des discours mettant en avant "le problème des immmigrés", "l'islamisation de la France",  ou "le racisme anti-blanc".

    En fait, il s'agit là souvent du travail de militants qui cherchent à façonner l'opinion en mettant en oeuvre des techniques éprouvées.

    Ce témoignage d'un militant repenti d'une organisation politique de l'ultra-droite nous éclaire sur le travail de manipulation méthodique et réféchi auquel se livrent les divers groupes et mouvements d'extrême droite , dont le Front National, et dont il dit : "Ils ont des méthodes analogues, l’essentiel de celles que nous utilisions venaient d’ailleurs de leur fascicules de formation des militants."

    Après avoir lu ce récit, vous comprendrez mieux comment les thèses racistes et xénophobes sont diffusées délibérément dans les esprits, poison qui cherche par la ruse à se faire passer pour un médicament.

      

    Article du Midi-Libre  - 08/10/2012

    Un militant repenti balance les secrets de l’ultra-droite

     

      
     

    Damien (1) a été, pendant quatre ans, membre d'une petite organisation politique d'extrême-droite proche du Bloc Identitaire. Originaire d'un petit village dans l'Aude, il a côtoyé pendant une dizaine d'années un groupe de militants de la région dont le but était de « réveiller les consciences nationales » comme il le dit, en agissant principalement sur internet. Rangé des voitures, il a souhaité témoigner de cette période de sa vie et de ses dérives.

    Comment êtes-vous entré en politique ?

    Au départ c’était par le rock. On était plusieurs jeunes du village à écouter Vae Victis, Insurrection, tout ça. Les paroles nous touchaient et en cherchant on a rencontré des militants d’Unité Radicale (UR) qui étaient à Bédarieux. Ca a tout de suite collé. Dire enfin tout haut que les étrangers venaient coloniser le pays, que les vrais Français des villages comme nous étaient des citoyens de seconde zone, tout ce qu’ils disaient semblait évident à l’époque.

    Vous dites « semblez ». Vous n’êtes plus aussi certain d’avoir raison ?

    Ma vie a changé. Je suis en train de terminer un master II à Montpellier et j’ai mis de l’eau dans mon vin. La façon de penser des identitaires m’a empêché d’avancer, si j’avais continué comme ça je serais resté dans mon bled à détester la terre entière.

    Combien étiez-vous ?

    Il y a eu pas mal de changement à UR, et le petit groupe auquel j’ai appartenu après sa dissolution revendiquait une cinquantaine de membres dans toute la France. Et sept dans l’Aude, plusieurs d’Olonzac, de Narbonne et un de Coursan. Nous nous réunissions une fois par semaine chez l’un ou chez l’autre, mais l’essentiel des messages passait par internet.

    Quels étaient vos buts ?

    On partait du principe que notre rôle était de « réveiller les consciences nationales », de dire la vérité aux Français, qui étaient anesthésiés par les politiques et les médias. Nous considérions que les médias mentaient tous, que nous vivions dans un Etat « ripoublicain », corrompu par des élites mondialistes, que la race blanche était en danger, tout ça. Et comme on était peu nombreux, on a surtout utilisé internet. C’était pratique pour faire passer nos messages, et ça ne coûtait pas d’argent.

    Je sais qu’au Bloc (Bloc identitaire, NDLR) et au FN ils ont des méthodes analogues, l’essentiel de celles que nous utilisions venaient d’ailleurs de leur fascicules de formation des militants.

    Comment procédiez-vous ?

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  • Par le Parti de Gauche

    Loin d'affronter l'oligarchie financière, la famille Le Pen en applique les méthodes. C'est un proche conseiller de Marine Le Pen qui a ouvert le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac. Et Jean-Marie Le Pen a été condamné pour fraude fiscale. Ces pratiques sont aussi cohérentes avec les orientations du programme du FN en faveur de la finance.

    Marine Le Pen veut accélérer le remboursement de la dette aux banques

    Marine Le Pen propose de rembourser de manière anticipée « la moitié de la dette d’ici 2025 ».
    Cela représente 65 milliards d’euros supplémentaires par an à rembourser aux banques pendant 13 ans.
    C’est prés de deux fois les plans d’austérité Hollande / Cahuzac pour 2013 (37 milliards).

    Marine Le Pen défend le pouvoir des actionnaires contre les salariés

    Dans son projet de « capitalisme populaire », Marine Le Pen propose une « réserve légale d’actions » pour les salariés dans les entreprises, mais « sans droit de vote » comme les autres actionnaires.
    Ce serait une régression par rapport à l’épargne salariale actuelle et un pouvoir supplémentaire donné aux actionnaires non salariés !

    Le FN défend les fonds de pension

    Lors de la réforme des retraites de 2010, le FN s’est prononcé pour « le développement de régimes de retraite complémentaire par capitalisation ouverts à tous et dont les versements, auprès d’organismes agréés par l’État, seront déductibles des revenus imposables ». Cela conduirait à subventionner le développement des fonds de pension comme dans les pays anglo-saxons, au détriment de la retraite par répartition.

    Le « franc FN » encore plus soumis aux marchés financiers que l’euro

    Le premier économiste cité par le FN dans la présentation de ses grandes orientations économiques d’avril 2011 est le libéral américain Milton Friedmann qui est vanté par le FN à l’appui de sa critique de l’euro. Le parti frontiste ne tarit pas d’éloges sur le théoricien du monétarisme : « le prix nobel américain Milton Friedman avait dés le départ prédit l’échec de l’euro, la crise qui allait se produire, démontré les vertus indépassables de la liberté monétaire ». Or, sous le nom trompeur de liberté monétaire, Friedmann prône des politiques monétaires restrictives et nient tout pouvoir efficace de la politique monétaire pour soutenir l’activité. L’économiste vanté par le FN en matière monétaire considérait ainsi que l’Etat devait s’abstenir d’intervenir discrétionnairement dans la politique monétaire mais aussi dans la politique de changes. Friedman allait ainsi jusqu’à prôner la disparition des banques centrales comme institutions politiques en les remplaçant par des mécanismes automatiques d’ajustement de la masse monétaire. La BCE en pire en quelque sorte !

    Le FN préfère la dépense privée à la dépense publique

    Dans ses grandes orientations économiques d’avril 2011 le FN explique qu'« une dépense publique massive et nocive prospère comme jamais »

    Conformément à cette logique, les députés FN soutiennent l'austérité et pronent même l'aggravation des coupes dans les dépenses publiques.
    La députée FN Marion Maréchal-Le Pen a par exemple expliqué dans le débat sur le Traité budgétaire européen TSCG, le 2 octobre 2012 à l'Assemblée nationale, en accord avec le PS et l'UMP : "il existe une véritable nécessité d’arrêter la folie du déficit. Je suis d’accord avec vous, il faut arrêter de subir le poids écrasant des intérêts de la dette. Je me considère d’autant plus fondée à le dire que c’est ma génération qui paiera les errances et les folies des gouvernements successifs".

    Marion Maréchal-Le Pen a même plaidé pour un renforcement de l'austérité le 20 février 2013 à l'Assemblée nationale en demandant la baisse des budgets des collectivités locales : "n’en déplaise à la gauche, dans un pays où le rapport dépenses publiques-PIB atteint cette année encore des records, il va falloir s’accoutumer à ce que les budgets des collectivités ou des administrations ne progressent pas éternellement plus vite que la croissance, mais, au contraire, diminuent en valeur, voire en volume."

    Pour aller plus loin dans le démontage du programme antisocial du FN, voir le livre "Les cinq mensonges du Front National".

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