• Par le Parti de Gauche

    Loin d'affronter l'oligarchie financière, la famille Le Pen en applique les méthodes. C'est un proche conseiller de Marine Le Pen qui a ouvert le compte en Suisse de Jérôme Cahuzac. Et Jean-Marie Le Pen a été condamné pour fraude fiscale. Ces pratiques sont aussi cohérentes avec les orientations du programme du FN en faveur de la finance.

    Marine Le Pen veut accélérer le remboursement de la dette aux banques

    Marine Le Pen propose de rembourser de manière anticipée « la moitié de la dette d’ici 2025 ».
    Cela représente 65 milliards d’euros supplémentaires par an à rembourser aux banques pendant 13 ans.
    C’est prés de deux fois les plans d’austérité Hollande / Cahuzac pour 2013 (37 milliards).

    Marine Le Pen défend le pouvoir des actionnaires contre les salariés

    Dans son projet de « capitalisme populaire », Marine Le Pen propose une « réserve légale d’actions » pour les salariés dans les entreprises, mais « sans droit de vote » comme les autres actionnaires.
    Ce serait une régression par rapport à l’épargne salariale actuelle et un pouvoir supplémentaire donné aux actionnaires non salariés !

    Le FN défend les fonds de pension

    Lors de la réforme des retraites de 2010, le FN s’est prononcé pour « le développement de régimes de retraite complémentaire par capitalisation ouverts à tous et dont les versements, auprès d’organismes agréés par l’État, seront déductibles des revenus imposables ». Cela conduirait à subventionner le développement des fonds de pension comme dans les pays anglo-saxons, au détriment de la retraite par répartition.

    Le « franc FN » encore plus soumis aux marchés financiers que l’euro

    Le premier économiste cité par le FN dans la présentation de ses grandes orientations économiques d’avril 2011 est le libéral américain Milton Friedmann qui est vanté par le FN à l’appui de sa critique de l’euro. Le parti frontiste ne tarit pas d’éloges sur le théoricien du monétarisme : « le prix nobel américain Milton Friedman avait dés le départ prédit l’échec de l’euro, la crise qui allait se produire, démontré les vertus indépassables de la liberté monétaire ». Or, sous le nom trompeur de liberté monétaire, Friedmann prône des politiques monétaires restrictives et nient tout pouvoir efficace de la politique monétaire pour soutenir l’activité. L’économiste vanté par le FN en matière monétaire considérait ainsi que l’Etat devait s’abstenir d’intervenir discrétionnairement dans la politique monétaire mais aussi dans la politique de changes. Friedman allait ainsi jusqu’à prôner la disparition des banques centrales comme institutions politiques en les remplaçant par des mécanismes automatiques d’ajustement de la masse monétaire. La BCE en pire en quelque sorte !

    Le FN préfère la dépense privée à la dépense publique

    Dans ses grandes orientations économiques d’avril 2011 le FN explique qu'« une dépense publique massive et nocive prospère comme jamais »

    Conformément à cette logique, les députés FN soutiennent l'austérité et pronent même l'aggravation des coupes dans les dépenses publiques.
    La députée FN Marion Maréchal-Le Pen a par exemple expliqué dans le débat sur le Traité budgétaire européen TSCG, le 2 octobre 2012 à l'Assemblée nationale, en accord avec le PS et l'UMP : "il existe une véritable nécessité d’arrêter la folie du déficit. Je suis d’accord avec vous, il faut arrêter de subir le poids écrasant des intérêts de la dette. Je me considère d’autant plus fondée à le dire que c’est ma génération qui paiera les errances et les folies des gouvernements successifs".

    Marion Maréchal-Le Pen a même plaidé pour un renforcement de l'austérité le 20 février 2013 à l'Assemblée nationale en demandant la baisse des budgets des collectivités locales : "n’en déplaise à la gauche, dans un pays où le rapport dépenses publiques-PIB atteint cette année encore des records, il va falloir s’accoutumer à ce que les budgets des collectivités ou des administrations ne progressent pas éternellement plus vite que la croissance, mais, au contraire, diminuent en valeur, voire en volume."

    Pour aller plus loin dans le démontage du programme antisocial du FN, voir le livre "Les cinq mensonges du Front National".

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    Les politiques d’austérité aussi injustes qu'inefficaces, les comportements de dirigeants qui ne respectent ni le peuple qui les a élus, ni le mandat pour lequel ils ont été élus, soulèvent aujourd’hui un mécontentement massif.

    La cinquième République est à bout de souffle et ses institutions ne permettent pas l’expression démocratique de la volonté populaire.

    Dés aujourd’hui, nous proposons de lancer le Comité Dordogne pour une 6ème République et de relayer une campagne de masse pour faire entendre nos voix : Le Peuple veut le changement !

    Le 5 mai, nous allons exiger un nouveau contrat social qui fonde la 6ème République.

    Le 5 mai, nous allons exiger qu'une Assemblée constituante, élue au suffrage universel, élabore une nouvelle Constitution pour répondre à nos attentes : une République démocratique, sociale et écologique !

    Le 5 mai, nous allons reconquérir notre dignité et notre souveraineté.

    Nous appelons à créer, sans attendre, une majorité alternative avec les écologistes et les socialistes de gauche, pour répondre à l’attente populaire !

    C'est au peuple de décider ce qui est bien pour lui et nous savons ce que le peuple veut, parce que le peuple, c'est nous !

    ****************************

    Les premiers signataires : Laure Zudas, Philippe Chadefaud, Margaret Méchin, Thierry Stomboli, Monique Thirault, Jacques Martin-Gomez, Colette Lescure, Marie-Claude Martin-Gomez, Michel Cardeillat, ...

    Pour signer cet appel et rejoindre le comité : répondez à ce mail en envoyant votre Nom et Prénom et "je signe l'appel."

    Pour suivre l'actualité du comité : http://6emerepublique24.fr/ (en cours de construction) : il relayera toutes les actualités locales et nationales à propos de la Marche du 5 mai pour une 6ème République (moyen de transports, tarifs, pré-inscriptions, appels...), il recueillera vos contributions écrites et centralisera toutes les informations locales et nationales pour l'appel à une 6ème république (réunions locales, articles de presse, contributions...)

      
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    Sur le blog de Jean Gadrey, d'Alternatives économiques

    Les liaisons moins visibles mais lourdes de conséquences

    S’il existe des lieux visibles de rencontres et de « complicité amicale » entre le monde des affaires et certains politiques (je répète : pas tous, une minorité, mais souvent haut placée), d’autres modalités bien moins visibles sont probablement plus efficaces pour servir la carrière politiques des uns et les intérêts lucratifs des autres, au risque de conflits d’intérêts voire de l’enrichissement personnel illégal de quelques élus de la Nation. 

    Je mettrai l’accent sur une de ces modalités : la façon dont les hauts responsables politiques s’entourent d’amis, conseillers ou membres de leurs cabinets appartenant au monde des affaires ou naviguant avec bonheur entre hautes responsabilités privées et publiques au gré des alternances ou des opportunités.

    Les cas les plus documentés et sans nul doute les plus nombreux concernent la droite. Au cours de la dernière décennie, Nicolas Sarkozy a été la figure emblématique de ce qui n’est plus une dérive mais une constante. Le livre « Le président des riches » des Pinçon-Charlot constitue une remarquable enquête sociologique sur cette consanguinité du fric et de la politique, dans tous les domaines. Depuis Neuilly jusqu’aux grands dossiers publics, en passant par le contrôle des médias et mille autres manifestations de « l’oligarchie au pouvoir », avec un chef de file capable de hausser le ton en disant « les paradis fiscaux, c’est ter-mi-né » tout en les laissant prospérer en toute quiétude : le film préféré de l’oligarchie c’est « nous irons tous aux paradis ».

    Les invités du Fouquet’s donnent une bonne idée de l’entourage de l’ex-président, dans une situation où il s’entoure, mais où il est encerclé, de plein gré. Voici quelques-uns de ces amis, invités pour célébrer l’élection de leur champion, et qui veilleront par la suite à ce que tout se passe bien pour eux et pour leurs actionnaires, un objectif parfaitement rempli au cours du quinquennat, même en pleine crise : Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Bernard Arnaud, Serge Dassault, Jean-Claude Decaux, le belge Albert Frère (arrivé dans la journée de Marrakech en jet privé), le banquier Antoine Bernheim, Alain Minc, pour ne parler que des grands de ce petit monde.

    Par la suite, le livre démontre le rôle décisif du banquier Michel Pébereau dans les grandes décisions prises par l’Élysée pour « sauver les banques » en faisant payer la facture aux citoyens, l’État organisant sa propre insolvabilité. Il mentionne également le va-et-vient de Patrick Ouart, numéro deux de LVMH à l’époque, parti à l’Élysée entre 2007 et 2009, de retour à LVMH ensuite.

    Mais il se trouve que nous avons aujourd’hui un gouvernement de gauche et que la question se pose : ces proximités incestueuses existent-elles aussi à gauche ? Je n’ai aucun indicateur synthétique permettant de mesurer ce degré de proximité pour l’ensemble d’un gouvernement (on devrait pouvoir en construire). Je reste convaincu que les choses n’atteignent pas avec la gauche le niveau de complicité que l’on a connu avec les gouvernements de droite. Mais la pratique qui consiste pour certains ministres de gauche à s’entourer PRIORITAIREMENT (SOUVENT COMME CHEFS DE CABINET) de gens qui font manifestement partie du monde des affaires, ou qui pratiquent l’alternance (le pantouflage), n’est pas absente.

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  • Publié le 19 avril 2013

    Plus de 60 économistes se prononcent pour une 6ème République et soutiennent la marche du 5 mai. Dénonçant une « République à bout de souffle », ils en appellent à « une tout autre politique économique tournée vers la satisfaction des besoins sociaux et la transition écologique ». Parmi les signataires, on retrouve notamment : Frédéric Boccara, Marc Bousseyrol, Laurent Cordonnier, Guillaume Etievant, Bernard Friot, Jean Gadrey, Jacques Généreux, Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Sabina Issehnane, Pierre Khalfa, Dany Lang, Philippe Légé, Christiane Marty, François Morin, Dominique Plihon, Jean-Paul Pollin, Christophe Ramaux, Jacques Rigaudiat, Catherine Samary, Dominique Taddéi, Stéphanie Treillet, Sébastien Villemot, etc ..

    L’affaire Cahuzac est révélatrice d’une République à bout de souffle. La défiance vis-à-vis des institutions et la conviction que les responsables politiques sont devenus impuissants face à la crise – quand ils ne sont pas corrompus – minent le régime et conduisent un nombre croissant de nos concitoyens à se réfugier dans l’abstention, voire, pour une partie, à rechercher des boucs émissaires et à adopter les discours ethnicistes de l’extrême droite. Les racines de cette situation touchent à la fois à la soumission des gouvernements à la logique du capitalisme financiarisé, à leur adhésion à une construction européenne qui se fait contre les peuples, à la nature antidémocratique des institutions de la cinquième République et à l’endogamie entre les milieux d’affaires et les hauts responsables au pouvoir. Aussi, le basculement de certains de ces responsables politiques dans la délinquance financière ou fiscale n’est pas la dérive personnelle de quelques moutons noirs, mais bien le prolongement logique du sentiment d’irresponsabilité et de toute-puissance qui habite cette nouvelle oligarchie politico-financière. Les appels à la morale individuelle et à plus de transparence ne seront donc qu’un emplâtre sur une jambe de bois si des mesures à la hauteur de la situation ne sont pas prises.

    Sur le plan économique, la première est d’arrêter les politiques d’austérité : désastreuses socialement, elles sont stupides économiquement, étant incapables même de répondre à l’objectif qu’elles se sont fixé, la réduction des déficits. La deuxième est d’en finir avec la domination des marchés financiers sur la vie économique et sur la société, ce qui passe par un contrôle social des banques, la séparation organisationnelle stricte entre banques d’affaires et banques de dépôts, l’interdiction des produits financiers à risque et des activités spéculatives (en particulier l’interdiction des transactions financières avec les paradis fiscaux) et la création d’un pôle public financier. Il s’agit aussi d’engager une répartition plus égalitaire du revenu national par une augmentation de la part des salaires dans la valeur ajoutée, et une réforme fiscale d’ampleur redonnant en outre des marges de manœuvre à la puissance publique. Bref, c’est une tout autre politique économique tournée vers la satisfaction des besoins sociaux et la transition écologique qu’un gouvernement de gauche se devrait de mettre en œuvre.

    Elle devrait s’accompagner d’une bataille à l’échelle européenne pour la refondation de l’Europe. La sacralisation de la liberté de circulation des capitaux et l’interdiction pour la BCE de financer les États ont donné aux marchés financiers un véritable pouvoir de veto sur les décisions des institutions démocratiquement élues, pouvoir qu’ils exercent via les attaques spéculatives et le chantage à la délocalisation. En finir avec cette situation et donner aux peuples d’Europe la maîtrise de leur destin doit être l’objectif de tout gouvernement de gauche. Nul doute qu’un gouvernement qui engagerait un tel processus aurait un écho considérable et trouverait nombre d’alliés parmi les peuples étranglés par les politiques actuelles.

    En France, il s’agit d’en finir avec les institutions de la cinquième République et de redonner du pouvoir aux citoyens et aux citoyennes dans tous les domaines de la vie politique et économique. Face à la profondeur de la crise politique, économique et écologique, la perspective du passage à une sixième République – par le biais d’un processus constituant impliquant tous les citoyens – est à l’ordre du jour. La démocratie à tous les niveaux de décisions, voilà l’essence de la sixième République. Elle devra, notamment, permettre à la souveraineté populaire de franchir la porte des entreprises. Aujourd’hui, les actionnaires sont les seuls à décider de la conduite des entreprises, alors que ce sont les travailleurs qui créent la richesse. Pour rompre avec cette situation, il faut donc étendre de manière très importante les droits des salarié-es, notamment donner au Comité d’entreprise un droit de veto sur les décisions stratégiques et créer un statut du salarié qui permettra la mise en place d’une sécurité sociale professionnelle. Et, pour les secteurs de l’économie qui relèvent directement de l’intérêt général, l’arme de la nationalisation sous contrôle démocratique pourra et devra être utilisée.

    Le manque d’indépendance et de pluralisme dans le traitement médiatique de l’information économique est un obstacle à la réappropriation par le peuple de la politique économique. L’idéologie néolibérale étouffe toute possibilité de débat démocratique éclairé et argumenté. Dans l’enseignement et la recherche, la domination de l’école de pensée néoclassique a été instituée, en contradiction fondamentale avec l’esprit scientifique qui suppose la possibilité de remise en question des théories. Alors qu’il est de plus en plus évident que les politiques néolibérales nous conduisent à la catastrophe économique et écologique, il devient d’autant plus urgent de permettre l’épanouissement des recherches qui se placent hors du cadre de pensée de l’orthodoxie actuelle.

    Pour toutes ces raisons, nous, économistes, soutenons la marche citoyenne du 5 mai 2013 pour une sixième République, contre la finance et l’austérité.

    Signataires

    Louis Adam, commissaire aux comptes
    Daniel Bachet, université d’Evry;
    Philippe Batifoulier, université Paris ouest;
    Nicolas Beniès, université populaire de Caen;
    Mathieu Béraud, université de Lorraine;
    Eric Berr, université Bordeaux IV;
    Jacques Berthelot, ex INP de Toulouse;
    Pierre Bezbakh, Paris Dauphine;
    Boris Bilia, statisticien-économiste;
    Pierre Bitoun, INRA;
    Frédéric Boccara, université Paris XIII;
    Marc Bousseyrol, Sciences Po Paris;
    Mireille Bruyère, université Toulouse 2;
    Claude Calame, EHESS;
    Christian Celdran, Economistes atterrés;
    Gabriel Colletis, professeur de sciences économiques université de Toulouse 1;
    Pierre Concialdi, économiste-sociologue;
    Laurent Cordonnier, université Lille 1;
    Jacques Cossart, économiste du développement;
    Jean-Paul Domin, université de Reims;
    Guillaume Etievant, expert auprès des CE;
    Bernard Friot, IDHE Paris Ouest;
    Maryse Gadreau, professeur émérite à l’université de Bourgogne;
    Jean Gadrey, université Lille I;
    Véronique Gallais, économiste;
    Jacques Généreux, Sciences Po Paris;
    Patrick Gianfaldoni, UAPV;
    Jean-Pierre Gilly, professeur émérite université de Toulouse;
    Pierre Grou, université Versailles Saint-Quentin;
    Alain Guery, EHESS;
    Bernard Guibert, administration économique;
    Jean-Marie Harribey, université Bordeaux 4;
    Michel Husson, économiste;
    Sabina Issehnane, université Rennes 2;
    Andrée Kartchevsky, URCA;
    Pierre Khalfa, syndicaliste, membre du Conseil économique, social et environnemental;
    Dany Lang, université Paris 13;
    Pierre Le Masne, université de Poitiers;
    Philippe Légé, université de Picardie;
    Marc Mangenot, économiste;
    Jonathan Marie, maître de conférences, université Paris 13;
    Christiane Marty, économiste;
    Pierre Mascomere, actuaire consultant;
    Gustave Massiah, économiste, école d’architecture de paris La Villette;
    Jérôme Maucourant, économiste;
    Thierry Méot, statisticien;
    François Morin, professeur émérite;
    Nolwenn Neveu, professeure agrégée de sciences économiques et sociales;
    Gilles Orzoni, Ecole polytechnique;
    Jean-Paul Pollin, université d’Orléans;
    Dominique Plihon, université Paris 13;
    Nicolas Prokovas, université Paris 3;
    Christophe Ramaux, université Paris I;
    Gilles Raveaud, Institut d’Etudes Européennes, université Paris 8 St-Denis;
    Jacques Rigaudiat, ancien conseiller social des Premiers ministres Rocard et Jospin;
    Gilles Rotillon, université Paris-Ouest;
    Jean-Marie Roux, économiste;
    Robert Salais, Ecole normale supérieure de Cachan;
    Catherine Samary, université Paris Dauphine;
    Dominique Taddéi, ancien président d’université, ancien Président de la Caisse des dépots et consignations;
    Bernard Teper, Réseau Education Populaire;
    Stéphanie Treillet, économiste;
    Sébastien Villemot, économiste;
    Philippe Zarifian, professeur Université Paris Est

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  • | Par Carine Fouteau

    Au moment où le gouvernement entend améliorer l’attractivité de la France à l’égard des travailleurs qualifiés et des étudiants étrangers, la publication des travaux de trois économistes sur les liens entre immigration et PIB tombe à point nommé. Mises en ligne par le Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap) et le Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi), leurs conclusions pourraient alimenter le débat prévu sur le même thème au Parlement et, en partie, le réorienter.

    La séance initialement programmée à l’Assemblée nationale le 16 avril a été reportée en raison des modifications d’agenda liées à l’examen du projet de loi sur le « mariage pour tous », celle au Sénat devrait avoir lieu le 24 avril. Ce qui laisse le temps, aux parlementaires et aux ministres concernés, de mouliner les nouvelles données.

    Dans un article intitulé « Immigration et croissance économique en France entre 1994 et 2008 » (à lire ici dans son intégralité), Hippolyte d’Albis, professeur à l’École d’économie de Paris et à Paris I, Ekrame Boubtane au Cerdi de l’Université d’Auvergne et Dramane Coulibaly au laboratoire EconomiX-CNRS de l’Université Paris-Ouest montrent que la venue d’immigrés, et notamment des femmes, a un effet « positif et significatif » sur le PIB par habitant et qu’inversement une croissance soutenue attire les immigrés.

    Évolution de la délivrance des titres de séjour d'au moins un an aux ressortissants de pays extra-communautairesÉvolution de la délivrance des titres de séjour d'au moins un an aux ressortissants de pays extra-communautaires

    La méthode adoptée est économétrique au sens où, purement statistique, elle consiste à évaluer quantitativement la relation entre immigration et croissance sans a priori ni hypothèses théoriques. Elle ne cherche pas à valider un scénario, elle est sans arrière-pensées politiques, elle se contente de mesurer l’interaction de séries de chiffres.

    Trois types de données administratives sont utilisées : le PIB par habitant, le taux de chômage et le taux de migration (obtenu en divisant le nombre de premiers titres de séjour d’une durée de validité d’au moins un an par le nombre de résidents en France métropolitaine). Leur caractéristique est d’être exhaustives (elles ne sont pas issues d’un échantillon) et évolutives (mensuelles, elles couvrent une période allant de 1994 à 2008). Ne sont prises en compte que les arrivées d’étrangers de pays tiers à l’UE, les ressortissants européens ayant accès au marché du travail sans autorisation. Les travailleurs temporaires et les personnes en situation irrégulière sont exclus du champ de l’étude.

    La simulation révèle que « l’élasticité du PIB par habitant par rapport au taux de migration est de 0,017 ». Autrement dit qu’une augmentation de 1 % du taux de migration a pour conséquence d’accroître la richesse par personne et par an (évalué à 30 143 euros en 2008) d’environ 5 euros, soit une hausse du PIB total de 318,4 millions d’euros, compte tenu que la même année la population en France métropolitaine avoisinait 62,1 millions.

    À titre d’indication, le taux de migration observé en 2008 a été de 0,25 %, 160 000 titres de séjour ayant été délivrés. Autre remarque : la hausse du PIB par tête signifie que la contribution de la population immigrante est supérieure à la contribution moyenne.

    Répugnant à mettre en vis-à-vis des chiffres et des personnes, Hippolyte d’Albis, qui a reçu en 2012 le prix du meilleur jeune économiste pour ses travaux d’économie démographique, souligne que les tendances importent plus que les traductions en euros. « Contrairement à une idée parfois commune (…), écrivent les économistes, la plupart des études empiriques ne permettent pas de conclure à un effet négatif de l’immigration sur l’économie du pays d’accueil. L’étude du cas de la France entre 1994 et 2008 va au-delà. Bien que la majorité des bénéficiaires de titres de séjour de plus d’un an soit venue pour raisons familiales, les immigrés en provenance de pays tiers ont significativement contribué à la croissance du PIB par habitant. Ils ont donc participé à l’amélioration des conditions de vie moyennes des autochtones. »

    «Les femmes immigrées contribuent deux fois plus»

    Les résultats sont dépliés par catégorie d’immigration (travail, famille, études, etc.). De manière contre-intuitive, la réaction de la croissance à l’immigration familiale, principalement composée de femmes rejoignant leur mari français ou étranger, est la plus nette. Pourquoi ? Le modèle ne renseigne pas sur les raisons. Mais Hippolyte d’Albis avance une hypothèse plausible : « Nos résultats montrent que les femmes venues en France pour rejoindre leur époux contribuent beaucoup et très positivement. Cela prouve que ces femmes travaillent le plus souvent et qu’en travaillant, elles permettent à d’autres personnes de travailler. Par exemple, elles sont très présentes dans les métiers de garde d’enfant. Ce faisant, elles libèrent le temps des parents qui restaient auparavant à la maison au profit d’emplois qualifiés. Leur travail a un effet multiplicateur. On pourrait dire qu’elles contribuent deux fois. »

     

     

    Les entrées par motifs d'immigrationLes entrées par motifs d'immigration

     

     

    Plusieurs interprétations coexistent pour expliquer la corrélation entre immigration et enrichissement. Dans une économie complexe, la complémentarité des compétences est déterminante. « Les migrants avec leur passé, leur volonté, leurs différences sont un plus », indique Hippolyte d’Albis, en se référant à des travaux évaluant l’effet de la diversité des origines des migrants sur la compétitivité des pays d’accueil. Comme n’importe quel individu, les migrants sont eux-mêmes des consommateurs : ils achètent de quoi se nourrir, se vêtir, se divertir. En raison de leur relativement jeune âge, ils viennent compenser (en partie seulement) le vieillissement démographique. Actifs, ils arrivent en général dans la force de l’âge et, de ce fait, coûtent moins cher à la collectivité que les personnes âgées et les enfants. Prêts à l’emploi, ils n’ont pas occasionné de dépenses en matière de formation. Employés le plus souvent à des niveaux inférieurs à leurs qualifications, ils peuvent, en termes macroéconomiques, être considérés comme particulièrement “rentables”. Et ce d’autant plus qu’ils sont présents dans des secteurs en plein boom comme les services à la personne et dans des secteurs délaissés par les “nationaux”, comme l’agriculture ou le bâtiment.

    Alors qu’un élu comme Thierry Mariani, vice-président de l’UMP, plaide en faveur de la baisse des allocations familiales pour les étrangers récemment installés en France, l'étude des trois économistes permet de lutter contre d’insistantes idées reçues. Non seulement les immigrés participent à l’enrichissement du pays et de ses habitants, mais en plus ils ne prennent pas le travail des autres, car, selon les résultats, l’immigration n'a pas d'impact sur le chômage.

    Ces travaux apportent par ailleurs un démenti à ceux qui minimisent le travail des femmes dans le cadre de l’immigration familiale et qui perpétuent le préjugé selon lequel ces familles seraient un poids. Ils soulignent enfin que les migrants sont attirés par les destinations en développement économique. Sans savoir distinguer les effets d’une politique de délivrance de titres de séjour plus favorable en période de croissance d’une hausse de l’intérêt des migrants, les auteurs en concluent à « une certaine pro-cyclicité entre la migration et les performances macroéconomiques ». Un cercle vertueux résumé en une phrase : la croissance favorise les migrations qui elles-mêmes contribuent à la croissance.

    De cet article, les parlementaires et le gouvernement pourraient, en vue du débat et du projet de loi, retenir deux idées : pour assurer la complémentarité des compétences, l’ouverture ne doit pas se limiter aux seuls « talents », c’est-à-dire aux salariés hautement qualifiés ; quant à l’immigration familiale, sans doute y aurait-il un sens à intégrer dans les discussions la question du travail des femmes immigrées, dans la mesure où celles-ci contribuent, semble-t-il plus que d’autres, à la richesse nationale.

    Lien vers l'article original

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